
Sans minimiser la crise actuelle qui entre dans la catégorie des turbulences à court terme,
les véritables inquiétudes portent sur les tendances à long terme de l’histoire.
Le moteur de l’évolution est
la croissance démographique qui se présente comme une explosion à l’échelle géologique portant la population mondiale de 6,4 milliards d’individus en 2000 à 9,2 en 2050. Son caractère principal est
l’urbanisation qui atteindra 80% en 2050 : à ce moment, au moins 3 milliards d’êtres humains, c’est-à-dire un tiers de l’humanité, habiteront des bidonvilles dans des conditions nourissant frustations et révoltes.
La consommation de l’eau, de la nourriture, de l’énergie, des ressources naturelles animales, végétales et minières de cette population augmente d’environ 2% par an dans chacun de ces domaines.
Le modèle des pays industrialisés tels que les Etats-Unis a été aujourd’hui adopté par les pays émergents très peuplés, tels l’Inde et la Chine, qui se sont convertis au productivisme occidental. On doit donc s’attendre à ce que
des pénuries irrémédiables apparaissent lorsque les réserves auront été épuisées. En 2030, 350 millions de Chinois n’auront plus d’eau potable ; en 2060, il n’y aura plus guère de pétrole, pas plus que de gaz en 2080. Or, 98% de notre énergie reposent sur ces produits fossiles. De nombreuses espèces aujourd’hui menacées, dont 25 % des mammifères et 12% des oiseaux, auront disparu au milieu du siècle comme la plupart des poissons de mer, surpêchés et remplacés par des méduses.
Les charges pesant sur les individus seront augmentées par
le vieillissement des populations : en 2050, un tiers des Français aura dépassé l’âge de 60 ans. La globalisation et le développement des transports aériens favorisent l’expansion des épidémies.
La combustion des produits fossiles, pétrole, gaz et charbon, s’accompagne d’une émission de gaz carbonique dont il est admis qu’elle engendrera
un changement climatique, déjà amorcé avec la fonte des glaces polaires, la montée du niveau des mers, l’augmentation de la température de surface et l’acidification des océans.
Chacune de ces pénuries et de ces modifications rapides de l’environnement entraînera un recours à la violence et engendrera donc des conflits dans lesquels l’emploi d’armes de destruction massive s’imposera.
Notre ingéniosité nous permettrait de parer sans trop de dommages à UNE sorte de danger, mais la
CONJONCTION des périls synergétiques grandissant simultanément de toutes parts, empêchera toute défense efficace ; il apparait certain que l’humanité ne pourra pas continuer plus d’un demi-siècle dans la voie où elle s’est engagée depuis la Révolution industrielle.
Trois pistes s’offrent dans la recherche d’une méthode
pour éviter LA crise :
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La solution par le progrès technique (« le développement durable») exploitant plus efficacement les ressources naturelles est un leure : plus de productivisme ne peut pallier les maux engendrés par le productivisme. Plus de production augmente la consommation des ressources dont la quantité est limitée.
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La solution par la politique, c’est-à-dire l’établissement d’une « gouvernance » mondiale imposant des normes de consommation (style Kyoto, Copenhague), n’a aucune chance d’être adoptée dès que ces dernières heurtent vraiment, comme elles le doivent, les intérêts matériels des électeurs. Comme l’a dit le président G.H. Bush : « le niveau de vie des Etats-Unis n’est pas négociable », déclaration qui s’applique à tous les peuples.
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Seul un recours aux puissances spirituelles est susceptible d’engendrer les modifications profondes ; les comportements qui s’imposent, en faisant accepter un changement de paradigme, de la philosophie « Plus est mieux » à la philosophie « Moins est Plus ».
Mais ce recours doit être adressé à des forces organisées.
Seule l’Eglise catholique est la puissance spirituelle disposant d’une structure, c’est-à-dire d’un chef, de troupes, de moyens d’action, d’un prestige immémorial. Est-il possible de la mobiliser pour l’entraîner dans la voie qu’elle sut choisir lors de la crise de la Réforme, à savoir l’établissement grâce au Concile de Trente, d’un nouveau code de conduite, imprimé dans les esprits de toute l’Europe par une transformation des méthodes d’enseignement et d’éducation. Aujourd’hui, elle s’enferme dans le passé et son discours, éloigné de nos préoccupations, est inaudible. Il faudrait qu’elle entreprît un acte fondateur, de grande ampleur, solennel ;
il faudrait qu’elle lançât aux autres forces spirituelles et intellectuelles un appel œcuménique afin de les rassembler pour mettre au point ledit code et imaginer des canaux de persuasion efficaces, aussi bien par Internet que par le biais de services civiques obligatoires à créer par les gouvernements.
Le fera-t-elle ?
La plupârt de mes amis en doutent.
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