Au moment où le Club lance une réflexion sur les nouvelles relations entre la France et l’Afrique, il est intéressant d’adopter la perspective longue d’un article de Sebastian Mallaby dans le FT du 2 janvier.
Entre 1980 et 2000, le pouvoir d'achat par Africain a baissé de 10%. Mais depuis 2000 chaque année aura été positive, avec au total un gain cumulé d'un tiers. Ce ne sont pas des artifices statistiques : les données de terrain montrent une augmentation de la consommation bien supérieure aux statistiques de comptabilité nationale et de croissance du PNB qui oublient les secteurs nouveaux. Et ces gains sont des moyennes, qui sous-estiment les meilleurs, car certains restent très mauvais (le conflit Malien ne renvoie pas l’image d’un continent qui décolle…).
La baisse par exemple de la mortalité infantile dans des pays comme le Sénégal en 5 ans est aussi rapide que celle qu’a connue l'Inde en 25 ans. La raison ? Pas seulement le pétrole (même si cela explique l'envolée de l'Angola, du Nigeria ou du Tchad) mais aussi la remontée des prix des autres matières premières, les téléphones mobiles, un meilleur ratio d'actifs ... et un meilleur gouvernement (amélioration que là encore le conflit malien risque d’écraser dans notre perception).
Commentaires
Permalien
J'ai tendance à penser que le conflit malien se présente plutôt comme une opportunité pour la France en raison de son rôle de "sauveur" et de réel coordinateur des forces ouest africaine. Dans cet exercice elle est complètement dans son rôle. Après pour ce qui d'exploiter cet avantage de manière économique à la façon des américains, là ce sera sûrement plus difficile ... on en sait pas vraiment le faire et la compétition est féroce. Reste que le plus grand enjeu pour l'Afrique c'est sa stabilité. Je m'inquiète vraiment pour le Nigéria !
Permalien
On ne le sait pas suffisamment, mais l'Afrique, après une longue période de stagnation, commence à se développer (démographiquement, économiquement et, par conséquent, politiquement).
Après les BRICS (le « S » étant l’Afrique du Sud), on découvrira d’autres candidats à l’émergence. On commence à citer notamment le Nigéria, l’Éthiopie, l’Égypte (pour autant qu’elle réussisse sa « révolution ») : ce sont des pays très peuplés (170 millions d’habitants au Nigéria, plus de 80 millions en Ethiopie et en Egypte), politiquement stables (à l’exception, on l'espère temporaire, de l’Egypte).
Au-delà d’eux, c’est tout le continent qui est candidat au développement dans les décennies à venir : croissance démographique forte, richesses minières importantes et diversifiées, besoins colossaux en termes d’infrastructures, etc.
Retour de l’histoire, commencent à s’établir des flux migratoires de l’Europe du Sud (Portugal) vers l’Angola et le Mozambique. Quand ce renversement nous concernera-t-il ?
En tant que Vigilants, il nous revient d’anticiper les évolutions du continent, de les comprendre et d’aider notre entourage, la société civile, et, au-delà, les politiques à les préparer au mieux.
Or, aujourd’hui, il n’existe pas une telle vision de l’Afrique, encore considérée comme un continent mineur, source, au mieux de produits primaires (dont le précieux pétrole), au pire de soucis sociétaux (immigration clandestine) ou politiques (terrorisme, conflits divers, « affaires » politico-financières).
Il est temps de s'intéresser réellement à l'Afrique.
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