« La culture, disait Edouard Herriot, est ce qu’il reste quand on a tout oublié ». Dans cet esprit, la mémoire doit être sélective et l’éducation servir de terrain d’entraînement pour filtrer l’essentiel et éjecter l’accessoire. Or, quelle est la mode aujourd’hui ?
Des jeux comme « Quid », « Trivial pursuit » ou des émissions comme « Qui veut gagner des millions » privilégient la « mémoire attrape tout » au détriment de la « mémoire filtre ». Parallèlement, de plus en plus d’épreuves d’examens se présentent sous forme de « QCM ». Les copies sont faciles à corriger mais les connaissances stériles priment sur les raisonnements féconds.
De même, de plus en plus de musées renoncent à rendre hommage à des œuvres sélectionnées et choisissent de présenter en vrac tout ce qu’ils ont pu rassembler sur tel ou tel sujet, tel ou tel lieu ou même telle ou telle manie. Comment voulez-vous qu’un « Honnête homme » s’y retrouve ? Comment voulez-vous qu’un jeune sache que l’Histoire n’est pas faite uniquement de dates et de noms, qu’il y a de la longue durée, des bifurcations, des occasions manquées, des succès inattendus, bref, matière à réflexion ?
Commentaires
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Cette déformation de l'usage de la mémoire est, me semble-t-il assez emblématique de ce qu'est devenu notre société occidentale. Celle du " toujours plus " dans tous les domaines comme le dit François de Closets.
D'ailleurs, certaines autres civilisations, l'islam par exemple, ne sont pas sans nous le reprocher et en faire un instrument de raison pour allumer les esprits contre l'Occident.
Lorsque la capacité d'analyse, qui demande un effort, est mise au rancart, lorsque la simple possession est dissociée de la valeur d'usage ou d'estime pour ne se justifier que comme "sujet d'exposition" et de "mise en valeur de sa propre personne ou de sa propre organisation", tout est possible...
On a de plus en plus tendance à confondre bibliothèque et archives.
C'est dommage !
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Dans les pays anglo-saxons, de plus en plus de diplômes et certifications professionnelles ne s'obtiennent que par le seul biais des QCM, qui sont très insuffisants et peu représentatifs de la valeur réelle des candidats. C'est fort dommage mais il semble que ce soit la tendance.
A titre d'exemple le CISSP qui est la certification professionnelle la plus gratifiante liée au métier de la sécurité des systèmes d'information, ne consiste en six heures qu'à cocher 250 cases de questions à choix multiples... Et pourtant, nombre de professionnels certifiés CISSP n'hésitent pas un instant à faire figurer leur titre sur leurs cartes de visite avant leur PhD. Il en résulte une confusion certaine au sein du secteur des DRH et autres organismes de recrutement anglo-saxons qui ne savent du coup plus à quel saint se vouer lors du choix des candidats, entre un doctorat ou un QCM.
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Si la mémoire est traitée comme une poubelle c'est sans doute parce que les gens la compare aux mémoires numériques dont l'usage leur est devenu familier.
La loi de Moore qui est applicable à la techologie informatique doit leur sembler une référence. L'essentiel est devenu de battre des records et être le meilleur sur la quantité sans que la qualité ne soit concernée.
Avoir "Réponse à tout" et "Trouver le juste prix" est devenu la norme...
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