Politique

Etats-Unis : Apocalypse Not Now

Le processus législatif est en panne. Officiellement, le Président Obama multiplie les regrets. Néanmoins, son pouvoir augmente et le « complexe militaro-industriel » que dénonçait déjà Eisenhower en pâtit. Rappelons qu’après des mois d’infructueuses négociations budgétaires en 2012, les parlementaires républicains et démocrates ont joué les prolongations jusqu’au 1 er mars 2013 et convenu que, si à cette date aucun accord n’était intervenu, les dépenses devraient être amputées de 85 milliards de dollars. Seules les retraites de base, les bons d’alimentation et les services fournis aux anciens

La France déteste la concurrence

Je m’étais dit que je ne vous parlerai pas de la réédition ce mois-ci chez Odile Jacob du livre sur « Les patrons sous l’Occupation » que j’avais écrit avec Renaud de Rochebrune parce que les Vigilants sont plus tournés vers l’avenir que vers l’histoire. Mais l’histoire comporte quelques leçons. Parmi celles que j’ai retrouvées en me replongeant dans ce texte, il y a celle-ci : la France déteste la concurrence, y compris son patronat supposé libéral voire hyper libéral pour adopter le vocabulaire à la mode. Certes ce vieux fond est aujourd’hui bien masqué par deux ou trois décennies de

La revanche des Kurdes

La Turquie, l’Iran, la Syrie et l’Irak ont eu, pendant près d’un siècle, un point commun : ils maltraitaient les Kurdes vivant sur leurs territoires et se méfiaient de leur désir d’union. La chute de Saddam Hussein en 2003 et le conflit syrien aujourd’hui ont bousculé la donne. D’abord, le Kurdistan irakien est devenu pratiquement autonome, de nombreuses entreprises turques s’y sont implantées tandis que les échanges commerciaux et touristiques se sont multipliés. Maintenant la manœuvre s’étend à la Syrie. Les Turcs encouragent « leurs » Kurdes à aider leurs frères syriens et le gouvernement n

Europe : ça va tanguer

Pilotages budgétaires, investissements industriels, compétitivité, croissance, sentiments populaires, échéances électorales n’évoluent nulle part au même rythme. Dans la zone Euro, les décalages sont devenus tels que les prochains mois s’annoncent particulièrement chaotiques. D’ici aux élections législatives allemandes prévues en septembre de cette année, rien de fondamentalement nouveau ne pourra être mis en œuvre. La BCE amortira les chocs en distribuant des liquidités et, sans doute, en abaissant son taux d’intérêt directeur. Cela n’empêchera pas les réactions anti austérité de se durcir et

France : l’amertume du « tout ça pour ça ! »

La plupart des Français ont des racines paysannes et, dans leur mémoire collective, les ancêtres étaient heureux. Cette valorisation du passé explique, en partie, leur amertume présente. On aura beau répéter que la France est encore – et de loin ! – un des pays les plus heureux du monde, beaucoup rétorqueront : « Et alors ! ». Ils penseront « cela fait des siècles que ça dure ! ». Presque partout, presque tout le temps, la terre a été féconde et les gens contents de bavarder. Le contraste avec d’autres pays est frappant. Prenons l’exemple de la Suède : six mois par an, les fermes étaient

Allemagne : le tropisme industriel

Pendant que des manifestations contre l’austérité se multiplient en Europe, l’Allemagne affirme tranquillement sa domination industrielle et donne, avec bonne conscience, des leçons de discipline. Les Grecs, les Portugais, les Espagnols, les Italiens (et les Français ?) doivent payer le prix de leur insouciance. Le Mark a été fort, l’Euro doit l’être aussi. Est-ce la faute aux bons élèves si les autres ne suivent pas ? Le raisonnement se tient mais les « bons élèves » oublient qu’ils ont été aidés par leurs parents et même leurs grands-parents. Il y a exactement un siècle, en 1913, l’industrie

Italie : le temps du rejet

L’amertume du « tout ça pour ça ! » s’applique à l’Italie aussi bien qu’à la France mais les récents résultats électoraux mettent en lumière un stade avancé et plus ou moins démocratique de déconstruction du système. Entre l’indignation et la révolte, c’est le temps du rejet. Plusieurs facteurs sont à considérer : - les mœurs politiques et les scandales financiers ont été considérés comme un tout par Beppe Grillo. 8.500.000 citoyens (25 % des votants) ont été séduits par l’imprécateur. 163 nouveaux députés ou sénateurs vont pouvoir bousculer ce qu’ils appellent le « désordre établi » ; - le

Renouer avec la République des ingénieurs

Ancien président de la banque Edmond de Rotschild et président d’honneur du Club des vigilants, Bernard Esambert a, lors de l’émission d’Edwige Chevrillon sur BFM TV du 25 février, appelé à un sursaut du pays. Sursaut qui passe, selon lui, par un retour à la « France des ingénieurs ». Auteur du concept de guerre économique, il rappelle que, grâce à la politique industrielle volontariste menée notamment par Pompidou, la France avait profité jusqu'au milieu des années 80 d'un taux de croissance supérieur respectivement de 1,5 % et 1 % à la croissance européenne et allemande. Selon Bernard

Mali : un bourbier ? Non … Si

« Mali : un bourbier ? Non ». Sous ce titre simple, presque lapidaire, Etienne Copel a écrit un court article clairvoyant fort éloigné des gesticulations intellectuelles qui sont un peu trop foison. J'aurais tendance à rajouter (malheureusement) au titre un ʺ SI... ʺ car les lignes écrites par E. Copel ne sont pas l'expression d'un constat mais la traduction d'un espoir si certaines conditions sont remplies. Tout est résumé dans les quelques mots : " ensuite il suffira d'attendre". Nous touchons là les limites de nos sociétés occidentales, incapables d'attendre alors que cette capacité fait la

Tocqueville en Chine

Selon le grand reporter du Figaro, Renaud Girard, les élites politiques et administratives chinoises s’intéressent de plus en plus à l’œuvre d’Alexis de Tocqueville. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce n’est pas « De la démocratie en Amérique » qui les intéresse le plus mais « L’Ancien Régime et la Révolution », livre qui souligne la continuité centralisatrice de la monarchie française, de la république et de l’empire. On savait déjà que les enfants de Mao se réclamaient de Confucius. On constate maintenant qu’ils voient dans la conscience d’une grandeur historique un gage de