Géopolitique

En 2015, on saura si l’Union Européenne est capable de changer

Avec trois petites pages de conclusions, loin des énumérations fastidieuses précédentes, le premier Conseil européen présidé par Donald Tusk s’est inscrit dans le vent de renouveau qui souffle à Bruxelles. Deux priorités seulement ont été inscrites à son agenda : l’investissement et la situation en Ukraine. En même temps il entérine le programme de travail de la Commission et lui assigne des délais de trois à six mois, inhabituellement courts pour présenter les propositions de mise en œuvre. Pour l’investissement, il s’agit de créer un Fonds Européen pour les Investissements Stratégiques (FESI

Colombie : peut-être la fin d'une guerre de cinquante ans

Cette semaine, le Président Juan Manuel Santos effectue un tour des Capitales européennes (Madrid, Lisbonne, Bruxelles, Berlin, Paris et Londres) dans une assez grande indifférence. L’objet principal de cette visite concerne pourtant le processus de paix formellement engagé depuis octobre 2012, à l’issue d’une période de rapprochements secrets entre le gouvernement et les Forces Armées Révolutionnaires Colombiennes (FARC). Les négociations qui se déroulent à Cuba visent « un accord général pour la fin du conflit et l’instauration d’une paix stable et durable » selon les mots d’Ivan Marquez l

Terrorisme : l’heure des choix difficiles

L’effet Werther est bien connu des spécialistes des sciences sociales. Le nom vient de l’ouvrage Les Chagrins du Jeune Werther, qui en faisant l’apologie du suicide, a provoqué une vague de suicides en Europe il y a plus de deux siècles. Cet effet stipule que les transgressions de normes humanistes se propagent de manière épidémique quand elles sont médiatisées sans être dénoncées publiquement. J’avais eu l’occasion de signaler, dans une alerte intitulée " Les chagrins du jeune Werther", que cet effet Werther s’appliquait particulièrement au terrorisme salafiste qui faisait école dans les pays

Où va le Nouveau Califat de l’EI ?

L’organisation "Etat Islamique en Irak et au Levant" (EIIL) a mené le 6 Juin 2014 une attaque foudroyante contre l’armée irakienne à Mossoul la deuxième plus grande ville du pays. Elle a réussi à occuper la ville et sa province (environ 38 000 km2) aussi bien que d’autres villes environnantes en moins d’une semaine. Certes il y eu des défaillances dans l’armée Irakienne, voire même des trahisons disent certains, mais cela n’aurait pas pu se passer si l’EIIL ne disposait que de pistolets et des mitraillettes. C’est avec une armée, bien fournie en armes lourdes et semi-lourdes, et en moyens de

Rwanda – Reconnaître ses erreurs

Depuis vingt ans, de façon répétée, par divers commentateurs, la France est associée à la responsabilité du génocide rwandais. Des plaintes individuelles suivent leur cours en justice, certains évoquent une complicité de génocide. Les accusations sont graves, souvent factuelles, parfois terribles. Elles visent l’Etat, l’armée et divers individus qui prospèrent dans la zone grise des conflits. La France aurait armé, soutenu, encouragé puis protégé un gouvernement et une organisation génocidaires. La justice va continuer de poursuivre les crimes et établir les responsabilités individuelles. Au

Ukraine/Russie : Si l’Europe avait approfondi avant de s’élargir…

Nous nous inquiétons des désirs de reconstitution de l’ex URSS que dénote l’annexion de la Crimée. Nous nous inquiéterions peut-être aussi de désirs de reconstitution de l’ex bloc soviétique si l’Union Européenne n’avait pas accepté un mouvement d’élargissement rapide aux pays d’Europe de l’Est qui rend cette hypothèse aujourd’hui inconcevable. Certes l’intégration des pays Baltes, de la Pologne, de la Hongrie, de la Bulgarie, de la Roumanie et autres composantes de l’ex Yougoslavie et de l’ex Tchécoslovaquie n’ont pas simplifié la vie de l’Union. Mais la crise actuelle nous rappelle leur

Ukraine/Russie : Je te tiens, tu me tiens par le gazoduc

A lire et écouter le ballet des commentaires sur les éventuelles sanctions contre la Russie et les éventuelles représailles de la Russie contre nous on croirait assister à un échange de tennis. On ne sait plus très bien qui serait le plus ennuyé de l’interruption des livraisons de gaz. Eux ou nous ? Cette ambivalence signifie qu’il y a une vraie interdépendance entre l’Europe Occidentale et son énorme voisin Russe. Elle n’est pas encore considérable mais elle a évidemment vocation à croitre. Ce n’est pas vrai qu’on peut envisager une guerre économique avec la Russie comme un embargo sur la

Crimée : l'heure du ressentiment

Un sauvetage réciproque de face est encore possible mais il ne faut pas se leurrer : toutes les observations en provenance de Russie concordent : les Russes, dans leur immense majorité, approuvent l'action menée par Poutine en Crimée. Elle a un goût de revanche après la chute de l'Union soviétique et les déconvenues de la Guerre Froide. Cela ne vient pas du cerveau mais des tripes. Il n'est pas une famille russe qui ne pleure quelques morts pendant la guerre contre l'Allemagne nazie. En 1945, la récompense était venue : les Popov étaient entrés à Berlin; la victoire était au rendez-vous. Mais

Sécurité informatique : une militarisation croissante

L’actualité tend à confirmer une tendance sous-jacente : la sécurité informatique n’est plus une simple affaire de spécialistes, même de professionnels et experts, mais est désormais du ressort des militaires et tend à le devenir de manière exclusive, n’en plaise aux internautes et sociétés privées souhaitant conserver une neutralité vis-à-vis de leurs clients. Que ce soit en France, avec le départ du patron de l’ANSSI qui reprend la division technique de la DGSE, ou bien encore le rachat des solutions de sécurité informatiques françaises par des sociétés proches du monde de l’armement ; le

Attention ! L'Ukraine n'est pas la Belgique

Les Belges sont des gens raisonnables, ils ont le sens pratique et un penchant pour le compromis. Pourtant, il est bel et bien question d'une scission entre Flamands et Wallons avec Bruxelles comme pomme de discorde. Un problème analogue se pose en Ukraine. L'Est est russophone et de religion purement orthodoxe. L'Ouest ne veut entendre que du pur ukrainien et un grand nombre de ses habitants, les Uniates, reconnaissent l'autorité du Pape. Depuis des siècles, la haine subsiste et l'existence même de la nation peut être considérée comme un miracle. Un miracle avec lequel il ne faut pas faire