Géopolitique

L'Iran après les élections : nouvelles perspectives

Comme il l’espérait, le Président Rohani sort clairement renforcé des élections qui viennent de se dérouler en Iran. Certes, il n’existe pas en ce pays de partis constitués, et un deuxième tour doit encore pourvoir au Parlement une soixante de sièges sur un total de 290. Les lignes restent donc encore floues entre le nombre définitif, s’il le devient jamais, de ses partisans et de ses adversaires. Mais la victoire de Téhéran, où la liste de « l’Espoir », coalition de réformateurs et de modérés, a remporté la totalité des trente sièges en jeu annonce une bascule des équilibres anciens quand les

L’Iran adversaire ou partenaire ? Les réponses de François Nicoullaud

La France pourrait peut-être enrôler l’Iran dans la grande coalition contre Daesh qu’elle tente de monter après les attentats du 13 novembre, mais c’est loin d’être simple. Résumée en trop peu de mots, telle est l’impression globale que laissent l’exposé de François Nicoullaud, invité du club des Vigilants, mardi 24 novembre et ses réponses aux nombreuses questions qui lui ont été posées. Sur le terrain, des Iraniens se battent déjà contre Daesh, mais c’est pour soutenir le régime de Damas, alors que Paris souhaiterait le départ de Bachar el-Assad, rappelle l’ancien ambassadeur de France à

Quelle mouche a donc piqué Angela Merkel à propos de la Turquie ?

La Turquie est candidate à intégrer l’UE depuis près de 30 ans (même si les négociations officielles n’ont débuté qu’il y a 10 ans) ! J’ai longtemps été partisan de cette adhésion. Mon idée était qu’une Turquie solidement amarrée à l’Europe serait un facteur de développement économique pour nous tous et, surtout, un trait d’union, donc un facteur de paix, avec un monde musulman en pleine ébullition. Si cette adhésion s’était faite il y a 10 ou 20 ans, la face de la Turquie, la nôtre et, sans doute celle du Monde, en eussent été profondément (et je le crois positivement) changées. L’Histoire

Daesh, arme de construction massive ?

Le Président Hollande vient d’annoncer que la France allait effectuer « des vols de reconnaissance » pour « permettre des frappes contre Daesh ». Tout en excluant une intervention au sol. Nos deux derniers présidents se sont beaucoup plu à jouer les chefs de guerre. Avec, d’ailleurs (et ceci n’est certainement pas étranger à cela), une reconnaissance certaine de l’opinion publique (bien « travaillée » par les médias) et, plus surprenant, de la classe politique dans son ensemble. Pourquoi donc s’en priver ? Frapper Daesh, soit. Mais pour quoi faire ? Avec quelle légitimité ? Daesh menace-t-il

Pour Jacques Andréani

J’ai connu Jacques Andréani avec le groupe de travail du club sur les Etats-Unis. Ce furent deux années de travail convivial et stimulant, agrémenté par un humour parfois corrosif qui était une facette de sa lucidité. Notre travail a bénéficié de sa profonde sympathie pour la culture américaine et de sa connaissance de l’administration. Il a parfaitement décrit le caractère expansif de la politique des Etats-Unis et « le jeu combiné des facteurs de puissance » qui ont conduit à une interdépendance croissante avec le reste du monde pourtant contraire à leur vocation initiale. Il s’interrogeait

Françoise Thom : Pourquoi la Russie lui fait peur

« L’Etat russe, comme l’Etat soviétique avant lui, n’est au fond qu’une gigantesque armée qui s’appuie sur une gigantesque police et sur un appareil de propagande tentaculaire. En face de cet état-garnison rassemblé autour de son chef se trouve une Europe minée de l’intérieur, démoralisée, divisée, affaiblie par la crise, handicapée par la relative médiocrité de sa classe politique, inconsciente même du danger dans lequel elle se trouve». Cette phrase est de l’historienne François Thom qui ne cesse d’alerter les Européens sur ce que sont, à son avis, les véritables desseins de la Russie de

Pourquoi la France ne protège pas vraiment l'Ukraine

Passés les articles d’usage (fin des combat, retrait des armes lourdes, échanges des personnes retenues illégalement, etc.) les accords de Minsk II entérinent une partition de fait de l’Ukraine. Ils prévoient, au plus tard fin 2015, une réforme constitutionnelle avec comme élément clé, une décentralisation compte tenu des spécificités de certains arrondissements, les régions de Donetsk et de Louhansk notamment, disent les accords avec une précision lourde de sens. Une note en bas de page détaille ce que décentralisation veut dire ici: nomination des procureurs, création de milices et

Immigration sauvage : et si nous changions de perspective…

Nous sommes tous atterrés par le drame qui vient de se dérouler en Méditerranée : 800 morts noyés dans des conditions atroces, enfermés dans les cales de bateaux épaves. Le monde politique s’agite, s’indigne, annonce qu’il faut, qu’on doit prendre des mesures. Il semble tétanisé, impuissant. Ces personnes qui souhaitent quitter leur pays pour vivre mieux chez nous (en Europe dans ce cas d’espèce) ont le droit de le faire. Ce droit fondamental est inscrit dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Devons-nous tous les accueillir ? Certes non, puisque nos capacités d’accueil sont

Carton vert à la Lituanie

La Lituanie vient de décider de rétablir le service militaire, qui avait été abrogé en 2008. La présidence lituanienne a indiqué avoir l'intention d'appeler chaque année 3500 jeunes de 19 à 26 ans sous les drapeaux pendant 9 mois. Ce pays manifeste ainsi l'intention de se doter progressivement de moyens supplémentaires de défense de son territoire. Cette décision s'inscrit dans le contexte de la montée des tensions géopolitiques avec la Russie. Le gouvernement lituanien avait manifesté un vigoureux franc-parler à l'égard des actions de la Russie en Ukraine. La présidente lituanienne avait par

La fabrication de l’ennemi

Interviewé par notre ami Sky pour la chaîne ThinkerView, Pierre Conesa, expert en relations internationales et stratégiques (y compris militaires), se livre, sans langue de bois, à une analyse géostratégique du monde tel qu’il va, en particulier depuis la chute de l’URSS. « Dans les années 90, l’URSS nous fait la mauvaise blague de disparaître », affirme-t-il. Que faire lorsqu’on n’a plus d’ennemi ? En créer un. Comment ? Pierre Conesa, avec une liberté de ton ébouriffante, démonte, dans cet entretien d’une heure et quart, les rouages de ce qu’il appelle « la fabrication de l’ennemi ». Il