L’actualité tend à confirmer une tendance sous-jacente : la sécurité informatique n’est plus une simple affaire de spécialistes, même de professionnels et experts, mais est désormais du ressort des militaires et tend à le devenir de manière exclusive, n’en plaise aux internautes et sociétés privées souhaitant conserver une neutralité vis-à-vis de leurs clients.
Que ce soit en France, avec le départ du patron de l’ANSSI qui reprend la division technique de la DGSE, ou bien encore le rachat des solutions de sécurité informatiques françaises par des sociétés proches du monde de l’armement ; le phénomène se confirme dans la majorité des pays occidentaux. Au sein de ces derniers, de puissantes alliances se discutent afin de former des conglomérats sous contrôle stratégique, qui prendront forme d’ici à quelques années. Toutes les branches de la sécurité informatique sont concernées, des sociétés d’antivirus qui sont de moins en moins enclines à effectuer leur travail d’analyse de maliciel « en toute indépendance », aux sociétés de service et de recherche, fortement incitées à développer des capacités de cyberattaques, financées par des Etats.
Cela n'est pas sans conséquences. Le Protocole additionnel aux Convention de Genève de 1977 (Protocole I) définit (Art. 52.2) les objectifs militaires comme étant limitées " aux biens qui, par leur nature, leur emplacement, leur destination ou leur utilisation apportent une contribution effective à l’action militaire et dont la destruction totale ou partielle, la capture ou la neutralisation offre en l’occurrence un avantage militaire précis ". Or, la militarisation de ces acteurs tendrait à les inclure dans la définition. Espérons que face à cette nouvelle donne, les "enthousiastes du Cloud" qui prônent l'ouverture et l'interdépendance à outrance, comprendront que ces enjeux, stratégiques, les dépassent, et que la raison primera afin de redescendre des nuages, même numériques.
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