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Automne 2013 :
le « Hollande bashing » fait rage. Face à la politique économique du président français les presses françaises et américaines rivalisent de critiques, voire de moqueries condescendantes.
C'est alors que le 9 novembre,
Paul Krugman, prix Nobel d'économie, écrit un article tonitruant dans le
New York Times où, à contre courant de tous, il fustige l'agence Standard and Poors qui abaisse la note de la note de la France parce que «
les Français, quel scandale, augmentent les impôts au lieu de tailler dans le vif du système social ».
Il félicite François Hollande pour avoir su gérer ses déficits sans abandonner son modèle social. Il le complimente pour avoir eu le courage d'augmenter les impôts car d'après lui en période de crise il vaut mieux augmenter les impôts que de réduire les dépenses. Il montre que tous les pays qui ont trop bien suivi les recommandations libérales du FMI et de l'Union Européenne et qui ont trop brutalement réduit leurs dépenses dans l'espoir de voir leur déficit budgétaire diminuer ont aggravé leurs problèmes. Leurs dépenses ont peut-être baissé mais leur PIB s'est effondré entraînant une hausse vertigineuse du chômage et la chute des rentrées fiscales.
Dans le contexte général de démolition systématique des actions de François Hollande,
la prise de position de Paul Krugman est très peu relayée par la majorité des medias français.
Quelques semaines passent et le président français donne une conférence de presse à l’Élysée.
C'est, paraît-il, l'amorce d'un « grand virage ». Un grand virage salué par tous les libéraux français et immédiatement étrillé par Paul Krugman toujours dans le
NYT. Il est «
choqué » de voir François Hollande «
rallier les doctrines de droite discréditées » et trouve «
proprement scandaleux » qu'en proposant une doctrine de l'offre à l'instar de la plupart des Européens il empêche la France de revenir à une croissance dynamique.
Revient-on au grand débat J.M Keynes contre J.B Say ? A la relance par la dépense publique opposée à la croissance s'appuyant sur une offre moins chère ? Sachons raison garder.
Le grand virage de Hollande n'est peut-être pas aussi grand qu'on veut bien le dire et les critiques de P. Krugman sont peut-être quelque peu hâtives. François Hollande a dit qu'il n'augmenterait plus les impôts en 2014 ; cela ne veut pas dire qu'il revient sur les augmentations de 2013. Il va baisser les charges des entreprises ; cela ne veut pas dire qu'en un an il va les ramener au niveau européen moyen. Après avoir amorcé la réduction des déficits publics et stabilisé - à peu près - le chômage il estime avoir la possibilité de donner un peu plus d'air aux entreprises. La solution retenue est-elle la meilleure ? On peut en discuter. On peut en particulier
regretter que la baisse des charges ne soit pas modulée et s'adresse de la même manière aux salons de coiffure et aux PME à la recherche d'un développement extérieur. En retenant le principe d'une baisse uniforme François Hollande a sans doute voulu éviter de créer une « nouvelle usine à gaz ». A-t-il eu raison ?
On le saura avant la fin du quinquennat. Et les Français pourront alors juger. Pourront alors le juger.
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