
Le 27 janvier Nathalie Janson est intervenue au petit-déjeuner débat des
Vigilants avec un exposé fort intéressant et bien construit sur le thème
Responsabiliser les acteurs économiques et financiers. Elle a beaucoup parlé de
la régulation des banques en tant que telles et a minimisé le rôle des ʺ hedge funds ʺ dont elle n'a fait mention que suite à des questions lors du débat.
Je crains fort que Mme Janson ne passe à côté des
causes réelles profondes de la crise du système bancaire en 2007. Le Herald Tribune a publié le même jour, 27 janvier, un article intitulé
A toxic mix of greed, mistakes and recklesssness qui fait suite au rapport de la Financial Crisis Inquiry Commission instaurée en 2009 par le Congrès des Etats-Unis.
Le
greed (avidité, concupiscence
) a été
dénoncé maintes et maintes fois par le New York Times
(qui n'est une publication ni gauchiste ni confessionnelle)
comme
racine profonde de la crise. Certains bons esprits feront immédiatement le lien entre
greed et capitalisme ; l'Histoire a montré que le
greed n'est pas l'apanage exclusif du capitalisme. La crise de 2007 a révélé au grand jour que
l'avidité avait été magnifiquement servie par l'utilisation abusive des dits instruments financiers modernes. La prolifération des subprimes n'aurait pas été possible sans les
derivatives dont certains avaient pourtant bien saisi les dangers d'utilisation perverse.
En mai 1994 les sénateurs Byron Dorgan et Barbara Mikulsky avaient déposé un projet de loi ʺ
Derivatives limitations Act of 1994 ʺ. Wall Street, l'Administration et Greenspan eurent tôt fait d'enterrer
cette initiative prémonitoire. Les produits dérivés ont été véritablement dévoyés à des fins purement spéculatives. Il ne faut pas pour autant jeter le bébé avec l'eau du bain. Rappelons que les marchés à terme (
futures) ont été inventés à la fin du 19
ème siècle pour, entre autre, protéger les agriculteurs contre les fluctuations de cours.
Les opérations dites de couverture, avec leur corollaire,
les ventes à découvert, n'ont rien de répréhensible ni même de critiquable tant qu'elles restent adossées à des transactions physiques. Or les hedge funds, par définition, ne travaillent pas sur le physique. Ce sont généralement, comme l'a noté Mme Janson, des petites structures, peu capitalisées mais elles manipulent, sans contrôle, des sommes faramineuses et cela peut conduire à la catastrophe. Le risque est d'autant plus fort que les instruments financiers utilisés sont d'une telle complexité que peu de présidents de banques sont capables de les maitriser.
Il est urgent de revenir à
quelques notions, simples, d'éthique et de bon sens sinon de morale. Les difficultés d'Obama rendent sceptiques sur les chances de réussite.
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