
Le premier, publié par Patrick Artus dans Libération du 14 décembre 2009, s'intitulait ?La France s'en sort car elle s'est désindustrialisée? et se concluait par ce jugement glaçant : ?c'est parce que l'économie française s'est désindustrialisée, parce qu'elle s'est moins globalisée que l'Allemagne qu'elle s'en sort provisoirement mieux?.
Le second, de Airy Routier sur le site de Challenges en date du 22 janvier 2010, s'intitule ?Le suicide collectif en guise de politique industrielle?. Partant de l'échec de Areva & Co à Abu Dhabi, après avoir évoqué les échecs du Rafale et du TGV (supplanté à l'exportation par Siemens) Routier conclut : ?les piliers de ce qui faisait le succès industriel de la France s'effondrent les uns après les autres?.
Ce tableau dramatique est le constat de plusieurs décennies de dérive économique masquée par les faux-semblants de la politique des soi-disant ?grands contrats? chers à nos gouvernants et dont nos élites économiques et politiques se gargarisent. Pendant que nous raisonnions uniquement en termes de ?big is beautiful? nos voisins allemands, entre autres, ont mis l'accent sur le développement de leurs P.M.E., principalement entreprises de taille moyenne, singulièrement absentes en France.
J'ai eu récemment l'occasion de constater de visu ce déclin. Je me suis rendu en Allemagne par le chemin des écoliers en traversant les Vosges et l'Alsace. Les vallées vosgiennes offrent un spectacle bien triste : on y va d'usines abandonnées en ruines industrielles, vestiges d'une mono-économie centrée sur le textile. Quelques dizaines de kilomètres plus loin, après avoir franchi le Rhin on se retrouve dans le Bad Wurtemberg et la Forêt Noire, parfait symétrique (géologique tout au moins) des Vosges. Là le spectacle change radicalement. Chaque agglomération, chaque village, a sa zone industrielle avec des usines rutilantes et des entrepôts flambant neufs, bruissant d'activité.
Un tel état des lieux, facile à faire à quelques heures de route de Paris, met à jour l'échec de nos politiques économiques jacobines et de notre système éducatif élitiste. Contrairement à l'Allemagne ou à l'Italie, combien de nos dirigeants sont issus de la ?base?, combien ont connu la rigueur de l'atelier, du desk ou de la planche à dessin (remplacée aujourd'hui par un terminal informatique) ?
Quant à nos politiques, issus dans leur grande majorité de la fonction publique, ils se distinguent presque tous par leur inculture économique.
Heureusement, une lueur d'espoir : le responsable C.F.D.T. de Flins a qualifié de ? populistes ? (sic) les propos du ministre Estrosi au sujet de l'assemblage de la Clio...Le monde à l'envers mais nous en avons bien besoin.
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