Le grand succès de « Bonjour paresse », le livre de Corinne Maier est un symptôme de plus : lorsqu’ils n’arrivent pas ? lui trouver du sens, les Français, comme beaucoup d’autres Occidentaux, prennent leurs distances par rapport au travail dans la grande entreprise et l’administration. Dès les années 90, Sociovision-Cofremca avait attiré l’attention sur une dangereuse tendance ? la « soviétisation » : comme dans l’URSS de Brejnev, des entreprises bureaucratiques et des administrations voyaient se développer en leur sein des réseaux de connivence. De plus en plus de gens cherchaient ? « en faire le moins possible » et s’ingéniaient ? barrer la route ? certaines décisions de la Direction rendant le travail plus contraint et stressant. Lors d’un petit déjeuner du Club, en octobre 2001, j’ai apporté des chiffres montrant que, depuis 15 ans, le divorce entre l’entreprise d’une part, ses personnels et la société civile de l’autre, se creusait. Il atteint maintenant une profondeur alarmante. Les entreprises d’aujourd’hui pourraient répéter l’erreur de leurs devancières au XIXème siècle. Leur traitement inhumain des ouvriers avait nourri le développement d’un prolétariat révolutionnaire que les démocraties ont mis un siècle ? réintégrer dans la société. Maintenant, au XXIème siècle, les collaborateurs sont devenus des vraies personnes qui ne se laissent pas abuser par des mots. Dans les interstices des organigrammes, le tissu de l’entreprise est devenu complexe et vivant ; il a des spontanéités qui refusent la contrainte. Beaucoup de grandes entreprises accroîtraient leur capacité de survie en apprenant ? inventer de nouvelles alliances avec le socio humain.
Inventer une nouvelle alliance entre la grande entreprise et les gens ordinaires
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