Stupeur et tristesse envahissent l'Angleterre après le réferendum sur le Brexit, surtout chez la grande majorité des jeunes, qui avaient voté pour le "remain".
Mais au fond, le résultat de cette consultation populaire a-t-il force de loi ?
Beaucoup d'esprits lucides et avisés se rendent compte que les préjudices que subiraient de nombreuses entreprises en cas de Brexit n'est pas pris en compte dans l'opération de sortie. La baisse inévitable de la livre sterling appauvrit indiscutablement tous les Anglais. Et nous ne comptons pas les désordres et les manques à gagner dans toute l'Europe.
Remise à plat des conséquences économiques, identification des dommages et préjudices causés, "class action" : les ripostes possibles sont nombreuses, et elles sont déjà en route.
Gageons que cette histoire de Brexit ne fait que commencer et que l'issue n'est pas forcément celle que l'on voit aujourd'hui. Les Français n'ont ils pas en leur temps voté contre la constitution européenne ? La France n'en est pour autant pas sortie de l'Europe.
Si aujourd'hui, on consultait les Français sur un "Frexit", quel serait le résultat ? Marine Le Pen peut sérieusement espérer un vote en faveur de la sortie.
La crise actuelle des nations démocratiques, c'est la crise de la représentation du peuple, la crise du pouvoir des mandatés, crise nourrie par l'absurdité pour ne pas dire l'inexistence des sanctions encourues par ces derniers. Leur seule crainte, c'est de ne pas être (ré)élu, et il n'y a aucune autre incitation à oeuvrer pour l'intérêt général. N'avons-nous pas touché la limite de notre démocratie ?
Nos amis anglais nous ont habitués à des prises de positions déplaisantes. C'est la force de ce grand peuple que de marquer ses désaccords. Un Anglais est capable de dire non aussi longtemps qu'un interlocuteur tenace n'arrive pas à le faire changer d'avis. Or la culture anglaise ne reconnaît pas "l'autorité de la chose jugée" (une notion ancrée dans la culture française).
En Angleterre, on peut remettre en débat autant que l'on veut une situation non satisfaisante. Wait and see !
Commentaires
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Pardonne leur, ils ne savent pas ce qu'ils font
Méfions nous de l'opinion majoritaire dans les médias ( pour la plupart acquis à l'économisme européen) selon lequel le brexit ne peut susciter que stupeur et tremblement et qu'il faut être sacrément limité pour ne pas le comprendre. On ne pourra en juger valablement que dans plusieurs années. Cette condescendance réflexe à l'égard de la démocratie directe de la part d'une élite un peu désemparée me parait refléter surtout sa préférence pour le statu-quo. J'ai même vu ici ou là l'ineptie selon laquelle les jeunes Britanniques devraient avoir un droit de vote double puisqu'ils étaient majoritairement en faveur du maintien dans l'Europe, vivront plus longtemps que les vieux et donc subiront davantage les conséquences du brexit. On pourrait aussi accorder un vote double aux Ecossais et quadruple aux Irlandais de moins de 40ans. On n'est plus très loin de la démocratie à géométrie variable que prônent les zadistes de ND des Landes.
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Qu'une décision démocratique
Qu'une décision démocratique cause la stupeur est un peu surprenant. De toutes façons, on ne connaitra l'incidence réelle du Brexit sur la Grande Bretagne et l'UE que dans cinq année au moins. L'écume absurde des marchés retombe déjà. Il n'y a donc aucune raison pour ne pas respecter ce choix. Quant à contester le mode de scrutin (je vois certains regretter que les jeunes n'aient pas eu un droit de vote double du simple fait qu'ils vivront plus longtemps), cela me parait dangereusement ...antidémocratique.
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Nous ne sommes pas au premier
Nous ne sommes pas au premier cas où il y aurait une ambiguité sur un vote "démocratique".
Mais puisqu'on y est, que pensez vous de cette interprétation :
Pour le Brexit, il y a eu 72 % de votants, et donc 28 % d'abstentions.
Les abstentions n'ont pas de préférence quand un candidat ou une option nouvelle est à choisir. Mais ici, les abstentionistes sont pour le statu quo, ils n'ont envie de rien changer.
Et donc ils sont en fait pour le "remain" !
Le remain pèse donc 28 % d'abstentionistes, plus 48 % des 72 % de votants (donc 35 % des inscrits)
Le "leave" pèse 52 % des 72 % de votants, soit 37 % des inscrits.
Bilan : pour le leave 37 %, et pour le remain 35 + 28 soit 63 %
Les Britaniques ont choisi à une forte majorité le statut quo !
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Démocratie
Ce calcul hasardeux n'est qu'un sophisme. Le vote britanique était clair et sans ambiguité. Il est authentiquement démocratique.
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Démocratie, hasard....
Certes le vote britannique est tout à fait démocratique... Mais le calcul de Tixier est tout sauf hasardeux. Si le vote était obligatoire (ce que certaines démocraties pratiquent), le Brexit n'aurait sans doute pas eu lieu ;-)
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Je suis d'accord avec
Je suis d'accord avec Philippe et ce calcul me convient.
Le vote pour un référendum (ou comme pour toute autre élection) devrait être obligatoire, il en va de la représentativité du résultat.
C'est là qu'est la vraie démocratie.
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