La société numérique accroît-elle le risque de manipulation de l’information ? Il y a bien longtemps, du temps des scribes, la communication par l’écrit était maîtrisée par ceux qui les employaient tels les Pharaons de l’ancienne Egypte. Les textes étaient hagiographiques ou laudateurs …

Après Gutenberg, les pouvoirs tels que l’Eglise contrôlent en grande partie la diffusion (Imprimatur).

Plus près de nous, la maîtrise des techniques de communication de masse contribue à la montée du NSDAP (le parti nazi) dans les années 1930 en Allemagne…

Puis, la communication de masse est filtrée par les chaînes de TV, aussi bien commerciales en occident (Fox News, TF1,..) qu’étatiques en Union Soviétique ainsi que dans les dictatures, islamiques ou autres…

Enfin, la communication de masse sur Internet est filtrée et surtout « influencée » par de grands acteurs économiques tels que Google. Cela a pour conséquence que deux individus différents dans le monde n’auront pas la même réponse à une même requête (grâce à « Adwords » et « Pagerank »).

Finalement, nous les humains, sommes tous « LE PRODUIT » pour des entreprises car, avec l’illusion du gratuit, pour avoir quelques facilité (accès mobile à nos comptes bancaires, par exemple) nous abandonnons facilement la confidentialité des données de nos Smartphones…

Ainsi, il n’est pas connu du grand public qu’un iPhone, par exemple, est constamment en liaison et en interaction avec les serveurs de son constructeur basés sur le territoire des USA. Cette interaction continue en fait un véritable « espion » de notre vie privée, de nos petits secrets et de nos habitudes !

Que dire de la géo localisation grâce au GPS, qui est « offerte » gratuitement au monde par le gouvernement américain ? Que dire de la propension des nombreux services des collectivités à utiliser Facebook, véritable scandale …

Le Numérique donne accès au plus grand nombre à une gigantesque masse d’informations. Le nombre d’individus ayant accès à de l’information s’accroît donc de manière exponentielle…

Des actions comme celle d’Aaron Swartz et des contributeurs à Wikipédia permettent d’offrir un énorme corpus d’information à des » individus éduqués ». Les outils technologiques comme ce blog sur lequel vous lisez ce texte, permettent des échanges ciblés sur des thèmes souvent très intéressants.

Des organisations comme des entreprises mondialisées, leurs dirigeants ainsi que des oligarchies chercheront à contrôler cet univers numérique (ACTA, SOPA, PIPA...).

La lutte entre les partisans de l’information réservée à des « happy few » qui ont un « besoin de savoir » et les partisans de la diffusion la plus large « à tout le monde » va continuer et probablement s’amplifier (Wikileaks, Vatileaks...).

Ceux qui ont intérêt à contrôler cette information, des lobbies de tous poils, agro-alimentaires, pharmaceutiques, énergétiques, sont nombreux, puissants et déterminés !

Le risque principal du Numérique réside dans la non maîtrise de la qualité de l’information disponible démultipliée par le déficit de formation et d’éducation des individus pouvant y avoir accès…

Le risque secondaire du Numérique est la fragilité des technologies utilisées, à cause de l’absence d’investissements suffisants pour assurer et maintenir leur qualité, cela pour permettre de disposer rapidement de services évolués à bas prix…

Enfin, la crédulité généralisée sur l’idée préconçue selon laquelle « le système dit vrai », qu’il ne peut pas se tromper devient inquiétante. Le système est en train de se diviniser.

Dans les futures sociétés du Tout Numérique, ce seront essentiellement la culture et l’éducation qui feront la différence entre les citoyens du monde …

Par Michel Braun pour la "Société numérique"