Beaucoup de gens en ont marre d’être considérés comme des pions dans beaucoup d’entreprises et cherchent leur bonheur en dehors. Il n’en reste pas moins que d’autres gens aimeraient bien que l’entreprise leur serve de seconde famille. Comment opérer la réconciliation dans la diversité ?
Commentaires
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Ce sont les deux faces de la même réalité. Ce sont éventuellement les mêmes qui fuient l'entreprise (moralement) pour s'épanouir ailleurs et qui aimeraient s'épanouir dans l'entreprise, l'idéal étant de s'épanouir à la fois dans sa vie personnelle et dans son travail.
Une rencontre entre l'homme et l'entreprise a été amorcée dans les années 70 : la proportion s'accroissait alors d'employés et de cadres qui rêvaient d'un travail épanouissant de même que celle des dirigeants qui sentaient qu'il leur fallait tenter de construire une entreprise sachant tirer parti des potentiels d'humains de plus en plus personnels et autonomes. Mais, dans la plupart des cas ce fut un rendez-vous raté. Dans les années 80, la Cofremca a observé l'augmentation continue de la proportion de ceux qui abandonnaient l'espoir de s'épanouir dans leur travail.
Dans les années 2000, une minorité s'épanouit pleinement ou suffisamment dans son travail. Une majorité trouve un équilibre supportable entre un travail désinvesti et une vie personnelle épanouissante. Une autre minorité a le sentiment que son travail gâche sa vie et rêve d'une autre façon de travailler.
Aujourd'hui, des émergences variées sont visibles dans les grandes entreprises. Par exemple :
- Des dirigeants plus nombreux prennent conscience de la profondeur du malaise et du divorce : nous observons chez les dirigeants moins d'attitudes de dénégation du genre "il y a peut-être des problèmes ailleurs, mais chez nous ça va très bien et, du reste, les enquêtes le montrent".
- Dans bon nombre d'entreprises, des cadres et des employés cherchent à changer la vie et à faire évoluer les structures et les pratiques. Ils constituent éventuellement des réseaux de changement plus ou moins conscients de leur existence. Ils agissent parfois en opposition à la Direction, parfois en complicité avec elle.
- En réaction à la crise financière et économique, un climat de crainte semble s'installer dans quelques entreprises : la situation devient difficile ; il faut se tenir à carreau, ne pas critiquer.
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En écho aux analyses pertinentes de Marc Ullmann et Alain de Vulpian, il me semble intéressant de reproduire ci-dessous un extrait d'un ouvrage récent paru chez Hermès (page 252 - Processus, la voie de la performance). Les phénomènes identifiés y trouvent une explication qui me parait intéressante et dans laquelle la notion de santé a quelque chose à voir avec le bonheur ...
Dans son ouvrage "Le normal et le pathologique", le philosophe et médecin Georges Canguilhem définit ainsi la santé :
'' Je me porte bien dans la mesure où je me sens capable de porter la responsabilité de mes actes... où je me sens capable de porter des choses à l'existence... quand je me sens capable de créer entre les choses des rapports qui ne viendraient pas sans moi. ''
Cette définition illustre exactement le propos présent puisque l'auteur ne définit pas la santé par le fonctionnement optimal de l'organisme humain ou encore comme l'absence de maladies, mais privilégie la subjectivité à travers les notions de création et de responsabilité.
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Le travail occupe dans la construction de l'identité et de la santé une place primordiable et insubstituable car il est un lieu où se déroule pour le sujet l'expérience de sa confrontation avec le réel.
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C'est le plus souvent là que l'homme se reconnait dans son unicité.
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En ce sens, sur le plan du psychisme, le travail occupe une place centrale, au même titre que les affects et la sexualité.
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