
S’ensuit le traditionnel parcours du nouvel embauché. Jusqu’à la remise du badge qui ouvre les portes et la cantine. Et là, deuxième choc : inscrit dessus les trois commandements de la filiale française de cette grande entreprise américaine : Tu n’es pas arrogant ; tu n’es pas le nombril du monde ; tu dois sourire en permanence. Un autre signe.
Premier client. Rendez-vous à 10h. J’arrive un quart d’heure en avance. Mes collègues, plus anciens, trois quarts d’heure après. Règle n°1 : toujours arriver en retard. Explication de texte : quand on est leader, on ne doit surtout pas montrer au client que l’on a besoin de lui.
Premier marché conclu : champagne, petits fours, félicitations du chef. Le paradis.
Règle n° 2 : le paradis est un mirage ; l’enfer une réalité. Insidieusement, tout commence à dériver. Les marchés remportés se fêtent moins. On vous fait comprendre qu’on aurait pu obtenir plus. Lors des déplacements, les hôtels se font moins agréables et les chambres individuelles passent à la trappe. En raison du décalage horaire, on organise, de plus en plus, des conférences téléphoniques à 1 h du matin et, preuve d’abnégation, le travail doit se poursuivre le week-end...
Arrive un drame personnel : le décès de ma mère. Le jour des obsèques, je suis appelée 17 fois pour des détails. Je craque. Démission. »
Cette jeune "ingénieure d’affaires" exerce, depuis, ses compétences ailleurs. Quelque temps plus tard, un grand groupe du CAC 40, las de l’arrogance de cette filiale française d’un groupe américain, exige de traiter directement avec la maison mère et obtient gain de cause. Cette perte de confiance n’a pas échappé au siège aux Etats-Unis. Et la sanction de tomber : c’est le management qui a du plier bagage pour cause de "mismanagement".
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