Vaincre la faim

080421-Faim.jpgA considérer le monde dans son ensemble, une réalité tragique apparaît en plein relief : c’est la réalité de la faim. Faute d’une nourriture suffisante, des millions d’hommes meurent ou mènent une vie diminuée.

Sans même tenir compte des guerres et des famines provoquées par les belligérants, on peut estimer à 15 ou 20 % de la population mondiale le nombre de ceux qui souffrent de sous-nutrition. Si, par ailleurs, on évalue cette sous-nutrition à 20 ou 25 % du nécessaire, c’est une insuffisance totale de 3 à 5 % des produits de base qu’il s’agirait de combler. Or : 

-                      La superficie des terres arables diminue à mesure que des pays comme la Chine étendent des villes et construisent des routes.

-                      L’utilisation des terres arables pour la production de denrées essentielles se réduit à mesure que la production de biocarburants (absurdement subventionnée) augmente.

-                      La disponibilité de protéines végétales pour nourrir les plus nécessiteux est mise à mal par la consommation croissante de viande (il faut 7 protéines végétales pour produire une protéine carnée). 

L’ascension de classes moyennes de plus en plus nombreuses dans les pays émergents est évidemment salutaire. Leur pouvoir d’achat contribue, cependant, à faire bondir les prix des produits agricoles, à commencer par le riz, le blé, le maïs et le soja. Pour les populations qui, avant la hausse, consacraient déjà les ¾ de leurs ressources au poste des dépenses alimentaires, c’est insupportable. D’où la multiplication des révoltes. Selon la Banque Mondiale, 33 pays sont, de ce simple fait, en proie à des troubles sociaux.  

Le problème est aggravé par la spéculation et les bonnes volontés suffisent d’autant moins que l’aide alimentaire est généralement distribuée en nature, que le choix des biens distribués ne correspond pas forcément aux habitudes alimentaires des populations et que ces distributions contribuent à freiner la mise en œuvre d’une production vivrière locale. 

Pour sortir de cet enchaînement maléfique, il faudrait, comme l’aurait dit Monsieur de la Palisse, que les pauvres aient de l’argent. Les mécanismes du marché pourraient alors s’adapter à une demande rendue solvable. Est-ce possible ? Peut-être si, au-delà de l’urgence, l’ensemble des politiques d’aide était repensé dans cette optique. Les aides, telles qu’elles sont conçues actuellement coûtent cher et il y a, comme on dit, beaucoup de « perte en ligne ». Les plus pauvres ne reçoivent que des miettes. Et ces miettes, le plus souvent, ne correspondent pas à leurs besoins les plus pressants. 

A court terme de graves accidents sont prévisibles car la correction, même si elle a lieu, prendra du temps. Elle eut été plus facile si, à l’époque de la surproduction agricole dans les pays riches, on avait essayé d’adapter l’offre au lieu de distribuer des « excédents ». Maintenant, c’est plus ardu mais, au fond, le problème est le même. Il s’agit de transformer les besoins réels en demande suffisamment explicite pour que les affamés puissent être vraiment entendus des donateurs. Les femmes africaines savent mieux que les technocrates occidentaux comment elles aimeraient nourrir leur famille. Et elles sont moins gourmandes que leurs gouvernements.

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Commentaires

Mon cher Marc,

Au risque de me répéter, je pense vraiment que ce que l'on appelle la " démarche processus " pourrait tracer une voie vers la création d'un instrument pour "piloter les aides alimentaires "...

La finalité recherchée ici est de servir un "client final" qui est le demandeur d'aliments.

Pour cela il suffirait, comme pour une entreprise moderne, de connaitre la "voix du client", de cerner et d'expliciter ses demandes et ses attentes. A partir de là, il faudrait construire ou au moins rendre visible, explicite, le "processus de bout en bout", qui irait de cette demande jusqu'à sa satisfaction. Le donateur mais aussi beaucoup d'intermédiaires nationaux et internationaux sont des "parties prenantes" de ce processus.

Pour cela, il faudrait nommer des "Pilotes de Processus d'aides alimentaires" ayant une autorité internationale incontestable.

A eux de modéliser ce processus de bout en bout, de négocier les "contrats de services " que les différentes parties prenantes ont entre elles et, si les choses sont enfin claires, de fabriquer les instruments d'automatisation et de pilotage pour lier entre elles toutes les activités réalisées par ces différentes parties prenantes...

Cela est simple en théorie mais, bien sûr, moins simple dans la pratique...

Ce qui est intéressant c'est que cela marche, marche efficacement mais aussi avec "efficience".

Un autre avantage, qui n'est pas le moindre, c'est que cette démarche, en rendant explicite les processus concernés, les rend "traçables et auditables" non seulement au niveau des actions réalisées, mais aussi sur le plan financier. L'approche processus les rendrait donc beaucoup moins sensibles à toutes les .... corruptions possibles et imaginables.

A ta disposition pour en parler...

Henri-Paul Soulodre
Membre du CDV
Membre du C2P

Pour ceux qui veulent en savoir plus sur l'approche "processus", VOIR ICI.(http://www.pilotesdeprocessus.org )

Ce sujet très douloureux, et malheureusement trop commun depuis de nombreuses années doit trouver une réelle solution, si on ne veut pas, nous les pays riches se faire envahir par une meute affamée que je pourrai comprendre.
Et si je prolonge le propos de Henri Paul Soulodre, et son parallèle avec l'approche processus en entreprise, j'ai coutume de dire que ce type d'approche n'a des chances de réussir en entreprise que si la direction générale en est l'instigatrice, la promeut et la soutien.
Dans le cas qui nous concerne, il faut que l'ensemble des pays riches jouent ce rôle dédié, en entreprise à la direction générale, mais jouent ce rôle pour les clients (les pays pauvres), et non pas pour leur propre bénéfice égoïste.
Il faut aussi nommer des pilotes qui vont faire en sorte de créer les bons processus, les surveiller, les améliorer, en coordonnant l'ensemble des différents contributeurs.
Là aussi le rôle des Pilotes et des contributeurs est important et mérite un état d'esprit différent de ce que je pense qu'il est. Il faut pour coordonner, avoir le souci de l'objectif client à atteindre, et pour contribuer, faire passer l'intérêt général avant son intérêt personnel.
Mais j'en arrête là le parallèle de ce qu'il faudrait faire avec la démarche processus, car je suis sûr que le lecteur va prendre mes propos comme angéliques et utopiques.
Mais en final, que veut - on?
C'vrai qu'au sein de Club des Pilotes de processus, nous prônons ce type d'approche qui, tout en permettant à l'entreprise d'atteindre ses objectifs, peut redonner du sens aux acteurs, accroître la coopération et lutter contre l'individualisme ambiant actuel.

TARTUFFE ès agricultures

On entend toute la journée décliner les malheurs des populations sous développées devant le doublement, triplement et souvent plus des prix agricoles par les mêmes qui distribuent les excédents agricoles des pays industriels à grand coups de subventions à travers le monde, étouffant toute production locale.

Ils crient bien entendu au scandale des spéculateurs et du capitalisme sauvage, mots qui servent à faire pleurer Margot et ses amis et à entraîner les âmes sensibles dans l’émotion devant tant de brutalité.

Il ne semble venir à aucun des ces journalistes de combat de se rappeler que ce sont les mêmes qui depuis 50 ans ont empêché les pays sous développés ou en développement de produire leurs nourriture, en allouant de grosses subvention export aux excédents des pays riches dont en plus on limitait la production avec la politique de jachère.

Cela me rappelle l’histoire du Monsieur qui se jeta sur un bulldog à Central Park qui attaquait une fillette et le tua sur place. Les journalistes se précipitent sur lui et disent : Demain, les journaux titreront « Un New-Yorkais sauve une fillette d’une mort affreuse » - Mais je ne suis pas New-Yorkais – Qu’à cela ne tienne : On titrera « Un Américain... Mais je ne suis pas américain, je suis arabe – silence atterré et le lendemain ils titrèrent : « Un Arabe tue sauvagement un chien devant les yeux apeurés d’une fillette »

Encourageons l'exode rural en Afrique. En raison du système d'héritage, les parcelles de terre cultivée y sont minuscules. En 15 ans, elles sont passées, en moyenne, de 1,2 à 0,8 hectare en Ethiopie ou au Malawi. Elles ne facilitent pas l'accès aux prêts, aux semences améliorées et aux autres innovations. L'approvisionnement aux marchés modernes requiert une production régulière et de qualité. Le continent est assez vaste pour voir l'émergence de nouvelles zones urbaines et agro-industrielles.

Réjouissons-nous à l’idée que, peut-être, on va cesser de ponctionner des sommes pharamineuses aux pauvres des pays riches, (il vaut mieux ponctionner les pauvres car ils sont plus nombreux) pour les distribuer aux agriculteurs riches et pauvres faisant que l’assistance avoisine le 70 % de leurs revenus.

Sans doute, ce pompage nourrit beaucoup de monde à l’aspiration et au refoulement, mais sa disparition dans ce jeu à résultat nul cesserait de créer une économie à effet pervers, noyée dans les bonnes intentions, comme toujours.

Contrairement aux énarques qui rajoutent des ateliers à l’usine à gaz, causant de grands dégâts, le marché rétablit les équilibres, après les excès.

jacques pommeret

Ces idées me semblent intéressantes mais au font, ces "pilotes" s'ils sont investis d'une sorte d'autorité mondiale, ne seraient ils pas, au fond, des "coordinateurs mondiaux", à défaut d'être de nouveaux chefs ?

Si c'est le cas, ne seront-ils pas placés, dans les faits, en conflit permanent avec les autres chefs du monde, les " chefs de gouvernements " ?

GM

Pourquoi tant de pessimisme ?

L'homme a une capacité de survie et d'innovation telle qu'elle lui permet et lui a permis depuis des millénaires (et il n'est pas le seul membre du domaine du "vivant" !) de surmonter, souvent dans la douleur, tous les obstacles et toutes les "crises" qui ont jalonné sa route...

La particularité des grands "maux" que nous subissons aujourd'hui est leur quasi-universalité et leur vitesse de survenance et de propagation qui nécessite des "traitements" rapides, parfois douloureux et toujours déstabilisants notamment pour les plus fragiles ou les plus touchés...

L'incertitude est devenu la règle, de même que l'appropriation par chacun de "standards" universels type Mac Donald !
L'homme devra rapidement s'adapter aux contraintes liées à l'impossibilité de nourrir un nombre croissant d'êtres vivants selon les" standards" et habitudes occidentaux d'aujourd'hui. Une nouvelle façon de se nourrir, peut être moins "plaisir" mais qui assurera l'essentiel, émergera, si les égoïsmes et les nationalismes ne l'emportent pas, faute de quoi, les conflits qui se généraliseront - pour l'eau, pour la nourriture, pour l'énergie, ...- "résoudront" violemment et pour un temps le "problème" !

Tandis que le pessimiste se lamente et se prépare à disparaître, l'optimiste avance et se prépare à vivre une nouvelle aventure !

@Jacques

Je vous rejoins sur l'idée que beaucoup de pays développés ont anormalement et trop longtemps subventionné leurs productions agricoles sur leurs sols "au delà du raisonnable".

Ces subventions agricoles ont conduit à des excédents qui, au lieu de constituer des réserves de précaution pour des besoins à terme en constituant une normale régulation, sont venues déséquilibrer les marchés locaux dans les pays pauvres en désolvabilisant leurs producteurs.

Le déraisonnable est, en effet, qu'il est choquant et même absurde de retrouver sur un marché traditionnel africain, par exemple, un produit agricole largement subventionné à un prix égal voire inférieur au même produit d'origine locale...

Cette situation est devenue absurde au plan économique dans la mesure où le produit du Nord non seulement consomme beaucoup d'engrais (d'un prix élevé) mais surtout, se présentent avec un prix de revient totalement faussé du fait des subventions payées par les citoyens du Nord et aussi, on l'oublie trop souvent, du fait que le prix du transport de pondéreux sur de longues distances est " anormalement bas " !

On assiste là à une sorte de guerre entre le trop plein d'argent et le manque d'argent dont le marché "africain" est le champ de bataille ...

De là à recommander pour l'Afrique un modèle de développement totalement calqué sur celui que nous avons connu en Occident, il y a de la marge, me semble-t-il.

Le "pilotage" des aides alimentaires ou financières venant des pays riches vers les pays pauvres est d'un autre ordre. D'abord, de telles aides ne doivent pas devenir "structurelles" sauf à constater un échec économique au niveau de la planète. Elles ne devraient avoir qu'un caractère "tendanciellement conjoncturel".

Après la dernière guerre mondiale, le JAPON avait tenté une approche commerciale mondiale assez guerrière sous la forme de dumping. La communauté internationale a réagi et régularisé cette pratique.

Nous retrouvons ici une forme de résurgence d'une sorte de dumping...

Mais, au fond du fond, la seule cause de ces problèmes est qu'en supprimant ou en tentant de supprimer la notion de "marché local" au profit d'une sorte de "marché unique mondial", on est arrivé à organiser des batailles du type "chars d'assaut contre arbalètes"...

Je pense que dans les années prochaines, nous verrons ressurgir des marchés plus locaux et moins mondiaux et retrouverons une certaine régulation des échanges internationaux.

Cela sera peut-être une conséquence, ou "avantage collatéral", de la hausse du prix du pétrole et des transports !!!

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