Les Français aiment le travail. Toutes les enquêtes internationales le montrent. Il compte même plus dans leur vie que dans la plupart des autres pays développés. Paradoxalement, c’est en France que le taux de satisfaction au travail est le plus faible. Plus alarmant encore, à la question des entreprises où il est agréable de travailler, dans la plupart des pays, les premières places sont largement occupées par des firmes nationales.
Pas en France, où le haut du tableau du "bon vivre" affiche surtout des filiales d'entreprises étrangères. Pourtant, le lien entre satisfaction au travail, productivité et innovation est avéré. A contrario, l’insatisfaction débouche sur une moindre implication au travail, un manque d’initiative, un déficit d’innovation et... in fine un faible dynamisme économique et une croissance en berne.
Pour Edmund Phelps, professeur d'économie à l'université Columbia, Prix Nobel d'économie en 2006, la performance économique ne se résume pas à la productivité. Elle s'apprécie aussi et peut-être même surtout, à ses yeux, par les taux de participation et d'emploi et la satisfaction au travail ainsi que par le degré d'engagement des salariés dans leur emploi. Or, le marasme économique européen, français en particulier, proviendrait, selon lui, d'une relation déplorable au travail et à l'innovation.
Aux Etats-Unis, le bien-être au travail est devenu une des préoccupations centrales des entreprises. Certes, la peur des procès pour harcèlement moral tout autant que le coût du mal être – ce sont les entreprises qui payent la couverture santé de leurs employés – y est pour quelque chose. Mais pas seulement. La reconnaissance de la satisfaction au travail comme facteur de productivité, d’innovation et d'attachement à l'entreprise est maintenant largement admise. Il en est de même au Canada et dans les pays nordiques. Mais rien de tel ne semble s’esquisser en France. En cause ? Un management d’entreprise marqué par des hiérarchies pesantes qui musèlent l’initiative, entravent la coopération, brident l’innovation et qui... lorsque le malaise devient trop fort fait appel à un sous-traitant : la sécurité sociale.
Commentaires
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@Evelyne
La question de savoir si un "employeur" s'intéresse à la santé et au bien-être d'un "employé" est difficile...
Pourquoi le ferait-il, a priori, hormis pour des raisons humanistes ?
Pour des raisons économiques dites vous ? Avoir des employés qui se sentent bien dans leur travail serait un facteur de productivité. Qu'est-ce à dire ?
Cela voudrait dire que le rapport entre le "travail réel" fourni par un employé et le "travail prescrit" par un employeur pourrait s'approcher ainsi de la valeur 1 et, pourquoi pas, la dépasser.
Ce rapport, bien connu des économistes, comme le rappelle avec brio Daniel Cohen dans son excellent ouvrage " Nos Temps Modernes" ( Flammarion ), dépend d'un facteur essentiel qui est la coopération, voulue ou subie de l'employé avec l'entreprise qui l'emploie.
Jamais la "productivité latente" d'un employé ne sera révélée sans son assentiment.
Il rappelle que ce "travail réel", pour parler comme les Lacaniens, dépend du " e ", de "l'effort secret" que les employés dépensent à leur tâche, ce qui est la mesure effective de leur "assentiment".
Dans les années 80, les économistes ont théorisé ce sujet sous le nom de "salaire d'efficience".
HPS
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J'ai autour de moi de nombreux exemples de personnes qui après avoir travaillé pour des sociétés anglo-saxonnes se sentent mal a l'aise dans une entreprise française : culte du secret, décisions non comprises par les salariés car non expliquées, promotion à l'ancienneté plutôt qu'au mérite ont vite fait de décourager les meilleurs. Qui, dès que l'occasion se présente, préférent quitter ce type d'organisation.
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