Mondialisation à deux vitesses

Un critique de la mondialisation disait récemment : « Le rêve d’un patron français est d’être payé comme un CEO américain et de payer ses salariés comme des ouvriers roumains ». C’est peut-être excessif mais il y a du vrai dans cette remarque ; et ce vrai explique, au moins en partie, pourquoi des salariés français de plus en plus nombreux ont de moins en moins d’ « affectio » pour leur entreprise.

La remarque dépasse, d’ailleurs, largement le cadre français. Même aux Etats-Unis, les grandes entreprises font, de plus en plus, figure d’épouvantail. Hollywood, toujours ? l’affût des tendances, multiplie les films où le rôle de méchant est tenu par des sicaires ? la solde des grandes firmes. La mondialisation y est d’autant plus attaquée qu’aux Etats-Unis l’industrie traditionnelle est en déclin. Le chômage est faible mais les nouveaux emplois (dans les services) sont soit très bien payés (pour quelques rares élus) soit plutôt mal (pour la majorité des salariés). Pendant que les profits gonflent, la classe moyenne, pivot traditionnel de la démocratie, s’étiole. L’Occident tout entier est sur la même pente. Une pente qui, désespérant la classe moyenne, conduire au repli nationalo-identitaire et peut déboucher sur le totalitarisme.

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Commentaires

Concernant l'explication du déficit d'"affectio" des Francais pour leur entreprise, je rappelle l'excellent ouvrage du sociologue Francois Dupuy, la Fatigue des Elites (la Fabrique des Idées).

Il explique très bien comment, historiquement, l'encadrement intermédiaire s'est trouvé pris dans une tenaille qui a fini par broyer le contrat implicite entre l'employé et l'employeur. Jusqu'à la fracture que nous connaissons aujourd'hui.

Bien cordialement

Je partage l'avis de Marc Ullmann, le modèle économique a peut être atteint ses limites. je vous fait part de l'un de mes posts sur mon blog intitulé "La Bourse est-elle irrationnelle ? Le capitalisme est-il menacé ?"
http://edgeminded.over-blog.com/article-1300953.html
L'individualisme poussé à l'extrême et la fracture idéologique entre la france d'en bas et d'en haut ne favorise pas l'équilibre. Mais après tout une société est un élément vivant qui parfois entraîne des excès. Il est bon que les hommes politiques puissent garder le contrôle. Ce que je crains c'est que la plupart n'aient pas intégré dans son ensemble les impacts de la mondialisation et anticipé les outils de régulation.

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