Politique

Esprit de compromis contre esprit de radicalité

Lors du débat du second tour, celui qui était encore candidat a opposé l’esprit de conquête à l’esprit de défaite, cinglant résumé des forces en présence. La joute électorale passée, une autre dichotomie s’annonce tout aussi importante : esprit de compromis contre esprit de radicalité. Au premier tour, deux partis qui ont pour fonds culturel la radicalité ont totalisé 40% des voix. Ils partagent une culture du tout ou rien où le gagnant-gagnant est synonyme de soumission, mot-valise tant entendu pendant la campagne. Tendance nationale-mortifère ou libertaire-insoumise, ces radicaux désignent

Le président de la République a trop de pouvoirs en France

Ouf. Emmanuel Macron a été convenablement élu président de la République. Et nous faisons tous les vœux possibles pour qu’il réussisse. Mais imaginons notre consternation si le monarque républicain désigné le 7 mai par les électeurs avait été Marine Le Pen et qu’elle ait obtenu une majorité à l’Assemblée Nationale les 11 et 18 juin. Nous verrions toutes les dispositions conçues pour et par le Général de Gaulle pour éviter « l’impuissance » des gouvernements à permettre à un dirigeant dangereux pour la démocratie de s’emparer de toutes les manettes. Et pendant cinq ans nous nous interrogerions

La France, pragmatique, a élu un réformateur

Notre ami Peter Rashish a écrit ce texte sur l’élection présidentielle française pour son blog du AICGS (Americain Institute for Contemporary German Studies). Il y souligne, après un excellent « opening joke » sur les Français, qu’ils ont fait le choix du pragmatisme en élisant Emmanuel Macron à la présidence de la République. Il conclut aussi que le nouveau président aura besoin de l’aide de l’Allemagne. Pragmatic France Elects a Reformer There is an old story about the serious French thinker who, when presented with a common-sense solution to a problem, will find fault by retorting that the

Un mois de service militaire, ce n’est pas une colonie de vacances !

Dès le début de sa grande émission à la télévision, le soir du 23 mars, François Fillon a fustigé le projet de son concurrent Emmanuel Macron qui veut rétablir un service militaire d’un mois. La durée lui semblant ridiculement brève, il a résumé son propos en lançant : un mois, c’est un mois de « colonie de vacances » et un mois coûteux. L’attaque est d’autant plus étonnante qu’elle vient d’un des parlementaires les plus compétents en matière de défense – j’en suis témoin – de la Ve République. François Fillon qui a effectué un excellent service militaire ne peut pas avoir oublié que, de son

Aquilino Morelle : Le peuple sans la gauche c’est le populisme

Le livre que vient de publier le conseiller politique évincé par François Hollande en avril 2014 sur fond de scandale pose des questions qui vont bien au-delà du simple règlement de compte. On peut trouver quantité de raisons de ne pas lire Aquilino Morelle (publié chez Grasset). Il rate en partie sa cible puisque son livre est sorti après que François Hollande a renoncé à se représenter. L’auteur, exécuté par Médiapart, est un homme de gauche qui aime les belles chaussures et a commis l’erreur de faire venir à l’Elysée un cireur de belles chaussures. De plus c’est un livre qui parle du passé

Suzanne Berger: pour éviter le protectionnisme cédons sur l’immigration

Les coûts politiques de la globalisation, en forte augmentation, sont « hors de contrôle ». Symptômes : Trump et le Brexit. Que faire ? C’est la question à laquelle a tenté de répondre Suzanne Berger, politologue et historienne américaine, spécialiste de la mondialisation mais aussi de la France. Elle s’exprimait le 16 janvier à Paris, dans le cadre du cycle « Ethique et Economie » organisé à l’Institut par Bernard Esambert et Gérard Collomb. Les causes économiques du populisme sont incontestables. Depuis l’entrée de la Chine dans l’Organisation Mondiale du Commerce en 2001, l’augmentation des

Et s’il n’y avait qu’un seul tour !

Les stratégies se font et se défont à l’aune des réalités. Quand la vision n’est pas là, quand l’intérêt personnel dépasse l’intérêt général, alors le champ des possibles s’ouvre et l’impensable devient réalisable. Les gauches se déchirent et la droite démontre au quotidien son incapacité à se rassembler. Les médias, perdus, s’en remettent désormais aux discours des extrêmes laissant le citoyen perplexe et désorienté. Qui d’entre nous à l’heure actuelle a la conviction de son prochain choix ? Alors on déroule le tapis rouge ou plutôt bleu marine, et l’on voit des journalistes déjà se ranger

Une transition financière pour la planète, vite !

Il y a trop de finance, comme il y a trop de carbone ; et il nous faut une transition financière, équivalente de la transition énergétique. Les citoyens doivent faire pression pour ramener vers l’intérêt général les grandes banques, gangrenées par la finance de marché. Ces banques sont perçues aujourd’hui, à juste titre, comme des dangers publics. Elles doivent redevenir des institutions utiles qui soudent une collectivité en accompagnant ses membres dans leurs initiatives. La financiarisation de l’économie est née de la captation par les grandes banques traditionnelles d’innovations sur les

La France a-t-elle enfin basculé dans le réalisme ?

La première place surprise de François Fillon au premier tour de la primaire de la droite et du centre traduit une évolution essentielle de l'électorat. Tout d'abord, le taux de participation a dépassé tous les pronostics : plus de quatre millions de votants, là où Thierry Solère, l'organisateur, n'osait pas en espérer trois millions deux jours avant le vote. C'est peut-être le retour aux urnes du premier parti de France, les abstentionnistes. Ensuite, c'est la plus grande erreur des sondeurs, de mémoire d'homme, depuis que les sondages organisés existent. A 10% début novembre, Fillon est

La lente agonie de la démocratie représentative

Montée en puissance ... et agonie des démocraties libérales représentatives Une montée en puissance jusqu’au XXème siècle La démocratie a fini par triompher dans notre pays au moment de la Révolution française, même si en 1789 c’était sous une forme que nous aurions du mal à reconnaître aujourd’hui. En effet? le droit de vote y était loin d’être universel. Cela n’est pas si étonnant : la démocratie est issue - au moins dans notre imaginaire collectif - de l’Antiquité gréco-romaine. Or? à cette époque, elle était élitiste : seuls les riches possédants avaient le droit de vote et la société