Politique

Macron, le bouc émissaire ?

Pour comprendre la crise des gilets jaunes en ce début décembre, le plus utile ne serait-il pas de relire « Le bouc émissaire », de René Girard ? Pour échapper à la contagion de la violence et à l’autodestruction, nous dit le philosophe, les sociétés recherchent une victime expiatoire, un bouc émissaire qui sera injustement sacrifié. Le « tous contre un » neutralise la violence et parvient à rétablir la concorde au moins un temps. La victime choisie doit être assez loin du groupe, à la fois différente (c’est un bouc) et semblable (il est parmi nous). Elle présente souvent des qualités extrêmes

Indépendance de la Nouvelle-Calédonie ?

Le référendum néo-calédonien, qui s’est conclu par un non à l’Indépendance, à moins de 60% des votants, donne une actualité nouvelle à un débat apparu au moment de la guerre d’Algérie. La seule forme de décolonisation possible est -elle l’indépendance ? En 1956, une partie de la gauche - approximativement la majorité de la SFIO - soutenait que la décolonisation c’était la liberté et l’égalité accordée à tous, le respect des droits de l’homme et le développement économique. L’Etat indépendant, pas nécessairement respectueux des libertés et des droits des minorités, pouvait être escamoté ou au

Quel genre de "facho" est Bolsonaro

Jair Bolsonaro, le personnage pour lequel on voté massivement les électeurs brésiliens aux présidentielles les 7 et 28 octobre, est d’extrême droite, se déclare lui-même nostalgique de la dictature des années 1964-1985 et représente certainement une menace pour les libertés des Brésiliens. Mais encore ? Autoritaire ou fasciste ? Où le classer dans la longue histoire des ennemis de la démocratie ? Son ascension fulgurante est un tournant, et pas seulement pour le Brésil. Que les électeurs votent pour lui n’est pas nouveau. Les fascistes de Mussolini ont remporté des succès aux élections avant

« Ordre et progrès » contre démocratie libérale ?

Et maintenant le Brésil ! Le Monde peut titrer d’un magnifique oxymore sans choquer : « Election présidentielle au Brésil, la démocratie menacée » : oui, c’est le désir des peuples, sanctifié par l’élection, qui met à bas le libéralisme politique. Ebahis, nous découvrons que la version libérale de la démocratie n’est pas le graal de tout le monde ou qu’il ne l’est plus. La fin de l’histoire n’a pas eu lieu, la prophétie de Fukuyama a vécu ce que vivent les prophéties l’espace, non pas d’un matin, mais d’une génération. Au-delà du Brésil la défiance des non-Occidentaux —les trois quarts de l

C’est grave ce qu’a dit Gérard Collomb ? Et bien…oui.

« Si on veut garder le droit de manifester (...) il faut que les participants puissent s’opposer aux casseurs et ne pas, par leur passivité, être d'un certain point de vue complices de ce qui se passe », a dit le ministre de l’Intérieur sur BFM, le 26 mai. Au Club des vigilants, nous n’avons pas l’habitude de monter en épingle les petites phrases et maladresses qui ne font que trop l’écume de l’actualité. Celle-ci ne mérite pas la démission d’un ministre. Mais si elle se répétait et n’était pas recadrée, venant du gardien de « la violence légitime », elle poserait un grave problème. Et, à ce

Commémorer à l’heure des réseaux sociaux

Dix des douze membres du Haut Comité aux Commémorations Nationales ont présenté leur démission à la ministre de la Culture pour protester contre le retrait de Charles Maurras du Livre des commémorations de l’année 2018 (la naissance du théoricien du nationalisme intégral en 1868). Ils affirment ne pas pouvoir travailler avec la menace permanente de la censure ou de l’autocensure. Commémoration ou célébration, la clarification faite en 2011 pour le cinquantenaire de la mort de Louis-Ferdinand Céline n’aura pas duré longtemps. A l’heure des réseaux sociaux c’était prévisible ! La décision de

"Macron par Ricoeur. Le philosophe et le politique"

« Macron par Ricœur », de Pierre -Olivier Monteil, philosophe, chercheur au Fonds Ricœur. Notes de lecture. Pour Monteil, Macron est réellement et fortement inspiré par la pensée de Paul Ricœur. Il a collaboré étroitement avec lui au moment où il rédigeait un livre fondamental « La mémoire, l’Histoire, l’Oubli ». Il lui avait été présenté par un ami et biographe de Paul Ricœur, François Dosse, qui était l’un de ses professeurs à Sciences Po (en 1999). Macron fonde visiblement sa politique sur la philosophie de Ricœur et, ce faisant, la prolonge et la développe, car Ricœur avait l’obsession du

Notre-Dame de la gouvernance

Dans le long feuilleton Notre-Dame-des-Landes, l’accueil réservé à la décision gouvernementale d’abandonner le projet n’est pas le moindre des enseignements : aux trois-quarts les Français l’ont plébiscitée ! Quelques points séparent les sondés de « droite » ou de « gauche » mais les clivages traditionnels (autorité/laxisme, économie/écologie) n’ont pas fonctionné comme lors du référendum local (55/45). Personne n’imagine pour autant que les Français ont adhéré en masse aux méthodes radicales du zadisme. Plus profondément, la décision a conforté deux tendances de fond que les politiques

Le troisième saccage

Ce sera donc le troisième saccage. Dans un cycle d’une quinzaine d’années, le pouvoir fédéral américain se sera rendu responsable de trois séries d’événements cataclysmiques : la guerre en Irak, la dérégulation spéculative de l’industrie financière à l’origine de la crise de 2007, aujourd’hui la déstabilisation des instruments diplomatiques et juridiques de la lutte contre le réchauffement climatique. Les conséquences de cette dernière ne sont pas encore mesurés mais ils sont à peu près certains : l’impossibilité de contenir la hausse du climat à 2° et le cortège de dévastations qui s’ensuivra

Pour Aquilino Morelle la future opposition doit être celle du non à l’Europe.

L’enjeu principal pour l’avenir des oppositions en France n’est pas de savoir qui peut dominer la gauche ou la droite mais comment regrouper le camp des « anti-européistes » en vidant le Front National de ses électeurs. Tel est le schéma qu’esquisse Aquilino Morelle. L’ancien conseiller politique de François Hollande pendant les deux premières années du dernier quinquennat était l’invité du Club des Vigilants mardi 23 mai. Directeur de campagne de Arnaud Montebourg pour les primaires de 2012, il était déjà très critique à l’égard de la mondialisation et de l’Europe telle qu’elle fonctionne et