Géopolitique

L’Asie d’aujourd’hui est-elle l’Europe d’avant 1914 ?

Ce parallèle me hante, comme je pense beaucoup. L’Europe du début du 20 ème siècle, divisée en Etats concurrents, s’est lancée contre toute logique en 1914 dans un abominable suicide militaire de 30 ans. Est-ce que l’Asie, divisée elle aussi en Etats concurrents et qui accumule des armes bien plus dangereuses qu’il y a un siècle, ne va pas connaître le même aveuglement ? Je signale sur cette question le dernier livre de Zbigniew Brzezinski, l’ancien conseiller diplomatique du président Carter (Strategic Wisdom, America and the Crisis of Global Power), dont Bernard Cazes rend compte dans le

Le challenger surprise de la Chine

C’est le titre d’un article du FT du 20 septembre, et c’est du Mexique qu’il s’agit. Très optimiste, l’article affirme que le Mexique pourrait rapidement devenir un véritable concurrent de l’Asie, si bien sûr il arrive à résoudre les violences liées notamment aux trafics de drogues. Quelques-uns des indices cités par le journal anglais : sur les trois dernières années, le Mexique a gagné 3 points dans les importations américaines de produits manufacturés, la Chine en a perdu 3. En 2001, les salaires horaires comparés mexicains et chinois dans le secteur manufacturier étaient 172 cents contre

Fortress America

Si l’euro s’effondrait, une nouvelle crise ébranlerait le monde. Les dirigeants américains le savent et encouragent leurs homologues européens à éviter le pire. Pourtant, ils ne veulent pas à l’Europe que du bien. Comme nous l’écrivions dans Vigilances 96 « Si les Treasury Bonds se placent facilement, c’est moins pour des motifs économiques que parce que les investisseurs ont tendance à placer leur argent là où le risque géopolitique paraît le plus faible. De là à souhaiter qu'il y ait des emmerdem... dans le reste du monde, il n'y a qu'un pas ». Nos responsables devraient être d’autant plus

L’Innocence des Musulmans : ce que révèlent les réactions au film

Un film satirique à l’égard du Prophète Mahomet, L’Innocence des Musulmans, produit par un américain, a été récemment diffusé sur internet. Ce film a conduit à des réactions violentes dans certains pays Arabes. Ceux qui ont été les plus violents sont ceux qui ont joui récemment de l’appui américain et occidental pour leur « libération » des régimes dictatoriaux, à savoir, l’Égypte où les réactions ont commencé en premier, la Libye, la Tunisie et le Yémen. Dans tous ces pays, la cible des violences a été l’ambassade américaine. En Libye, une attaque en règle avec des hommes armés à visage

Allemagne/Chine : de la compréhension à l’alliance

L’Allemagne est à l’Europe ce que la Chine est à l’Asie : « l’Empire du Milieu ». Des stratégies comparables découlent de cet état de fait. Il s’agit d’abord, pour l’une comme pour l’autre, de maintenir et de conforter la p répondérance sur les pays les plus proches. De même que la Chine veille jalousement sur le Sud Est asiatique, l’Allemagne entend rester le pivot de l’Union Européenne. Cela lui est d’autant plus indispensable que, depuis la chute de l’Union Soviétique, L’U.E regroupe la quasi-totalité de l’Europe de l’Ouest, de l’Europe Centrale et de l’Europe Orientale. Il s’agit ensuite

L’évènement le plus important de l’été

Quel est pour vous l’évènement le plus important de l’été ? Faute d’évolution décisive de la crise européenne et du drame syrien, c’est à mon avis l’entrée de la Russie à l’ OMC (Organisation Mondiale du Commerce), devenue effective le 22 août. D’apparence horriblement technique, sous commenté par les politiques, sous couvert par les média, c’est le tournant le plus porteur d’avenir. Après des années de négociations, c’est sans doute le pari le plus important que Vladimir Poutine ait jamais fait. Oublions les « détails », rythme de baisse des droits d’importation et autre périodes de

Syrie : que peut faire l’Iran ?

Le rêve de Khomeiny achève de se briser. Immédiatement après sa prise de pouvoir en 1979, l’austère Ayatollah a mobilisé des dizaines d’érudits pour entamer la rédaction d’une « encyclopédie islamique ». Consigne était donnée d’être fidèle aux enseignements chiites tout en se gardant de heurter les consciences sunnites (voir le supplément Spécial Iran , janvier 2006). Cette tentative de réconciliation doctrinale était accompagnée d’une vision géopolitique dont le Hezbollah était la pièce centrale. Ce mouvement (chiite) libanais devait soutenir la résistance palestinienne (sunnite) et avait la

Europe : où est la troisième voie ?

Si la perspective d’une véritable fédération européenne enthousiasmait les foules, si les « États-Unis d’Europe » pouvaient être présentés comme un idéal à atteindre, les rudes chemins de la solidarité seraient plus faciles à gravir qu’ils ne le sont aujourd’hui. L’Europe arrive au terme d’un long simulacre et paye le prix d’une volontaire ambiguïté. Ainsi, les partisans de la monnaie unique n’ignoraient pas que, faute de politiques budgétaire, fiscale et sociale harmonisées, l’euro serait de fragile constitution. Cependant, comme ils n’avaient pas la possibilité de faire « tout à la fois »

Le changement c’est maintenant ?

Cher Tahar, Quels changements importants le Président peut-il provoquer avec une voie qui se rétrécit un peu plus chaque jour ? Et maintenant est-ce le moment le plus favorable ? Rude tâche pour le capitaine que de naviguer dans une mer démontée, semée d’autant d’écueils. 1. Il y a d’abord l’imprévisible : - Grèce demain - Espagne - Euro - Syrie, Maghreb, etc. 2. L’Europe - La renégociation voulue par la France est un vœu pieux. - Tout le monde souhaite un peu de relance mais les méthodes divergent. - La France, peu appuyée (Belgique), fragile, veut une relance keynésienne. - L’Allemagne de

Duel arabo-persique

Ce n’est pas la force de l’Iran qui effraye. C’est sa faiblesse. La faiblesse pousse aux rodomontades et les provocations peuvent se révéler suicidaires. Lorsqu’il est arrivé au pouvoir en 1979, l’Ayatollah Khomeini a tenté d’apaiser – à son profit – l’ancestrale querelle entre Chiites et Sunnites. Des centaines d’érudits ont été mobilisés pour travailler à une « grande encyclopédie islamique » où, sans rien renier de la doctrine chiite, ils devaient se garder de toute agressivité à l’égard du sunnisme. L’Islam, pensait Khomeini, devait s’unir contre l’Occident et la lutte contre Israël