
Le principal fléau social dans notre société riche est le chômage. L'Etat y use sa crédibilité : chacun ayant maintenant compris que les entrepreneurs créent l’emploi, l’Etat invoque une croissance qui ne reviendra pas (voir les travaux du groupe du Club sur la croissance zéro) ou multiplie les aides plus ou moins aveugles aux entreprises. Du coup, tout le monde de l'entreprise essaie d’attirer ces aides en argumentant sur sa contribution à l'emploi ! Le dernier exemple est la demande de Louis Gallois et de la Fabrique de l’Industrie d’une aide publique abaissant le coût des salaires intermédiaires - sans bien sûr supprimer l'aide aux bas salaires. On sent intuitivement que subventionner tous les salaires ne sert à rien, et des études économiques confirment l’inefficacité d’une telle mesure : l’impact sur l’emploi d’une aide sur un salaire de 1,6 fois le smic (salaire médian) serait 15 fois moins efficace qu’une aide au niveau du Smic (tout simplement parce que les salariés à ces niveaux sont plus en position de force, et que la baisse de charges augmente les salaires et pas l’emploi).La décision d’avancer sur le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu nous rappelle que les entreprises, dans leur mission de collecte des impôts et charges sociales, peuvent moduler en fonction des caractéristiques de leurs salariés. Dès lors, si la collectivité française veut vraiment aider les chômeurs, pourquoi ne pas moduler le coût des cotisations sociales employeur (y compris des entrepreneurs indépendants) en faveur de ceux qui n’ont pas ou pas assez d’emploi ? Le taux augmenterait avec le nombre total d’heures du salarié en partant de rien ou presque pour les premières heures. Car enfin, sans croissance, il faudra bien reconnaître que l’intuition populaire est juste et les beaux esprits ont tort : oui, le travail se partage. Quand il n’y en a pas assez pour tout le monde, la collectivité doit faciliter sa répartition : qu’il soit plus avantageux pour l’entreprise d’embaucher une personne ne travaillant pas, que de donner plus de travail à une personne travaillant déjà beaucoup. (Et bien sûr également : faire une pause sur le smic, renoncer à la détaxation des heures supplémentaires et rapprocher les contrats à durée indéterminée et déterminée).
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