Stratèges et économistes d’aujourd’hui découvrent que l’Allemagne est au centre de l’Europe. Quelle découverte ! Elle l’était déjà en 1913. Des ambitions démesurées, deux guerres mondiales et des millions de morts n’ont pas, fondamentalement, changé la géographie.
L’Allemagne retrouve ses marques. Comme avant 1914, elle construit des pipelines en Russie et investit en Tchéquie. La Deutsche Bahn fait rayonner ses trains à l’Ouest comme à l’Est. L’Union Européenne ressemble à un « zollverein » élargi.
De même pour la Chine. On redécouvre aujourd’hui que « l’Empire du Milieu » est au centre le l’Asie. Pendant la colonisation, on avait l’oublié. Pendant le maoïsme, on préférait ne pas y penser. Puis, avec la mondialisation, on a cru que la conquête des marchés américains et européens était l’unique obsession de la nouvelle Chine. On s’aperçoit, enfin, que son pouvoir d’attraction s’exerce (ou, en tout cas veut s’exercer) prioritairement sur les pays qui, naguère, étaient les protégés de l’empire.
Et l’Iran ? Certains ont fait fi de sa position stratégique qui, pourtant, est immuable. La nation perse a connu des éclipses mais le pays a toujours rebondi. Si, demain, le gouvernement américain décidait de détruire son potentiel économique, l’Iran retrouverait, tôt ou tard, son rang de puissance régionale.
Pour comprendre le monde, le plus simple est de dessiner plusieurs cartes avec, pour chacune, un centre différent. Le monde « vu de », voilà la clef de toutes les politiques étrangères.
Commentaires
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Prendre le "point de vue" du lieu où l'on vit habituellement et où se concentrent ses propres intérêts vitaux, est un excellent moyen pour se comprendre soi-même mais aussi, mutatis mutandis, pour comprendre ce que peut penser, ailleurs, l'AUTRE, de la réalité des choses... d'un autre "point de vue".
Une application concrète d'un antropocentrisme raisonné.
Il est aussi d'autres analyses de ce genre en remplaçant la notion de "point de vue" ou de "regard sur" par la notion de "distance physique du chemin pour aller de... vers...". Cela aussi est un peu de la géographie raisonnée.
On peut poursuivre l'exercice en prenant la règle "durée possible ou durée habituelle pour aller de... vers...".
Le premier exercice, nous donne une vision un peu statique des choses, façon "la carte et le territoire".
Le second tient compte de l'innovation technologique, de la technologie en générale, que l'humanité a créée pour modifer ses conditions d'existence.
On peut faire une variation sur les thèmes :
- technologie = cheval
- technologie = bateau à voile
- technologie = bateau à vapeur
- technologie = train
- technologie = avion à hélices
- technologie = avion à réaction
- technologie = radio et télévision
- technologie = télécommunications et informatique
etc, etc.
Que devient alors la géographie lorsque le point de vue intègre la notion de "technologie" ?
Les nouvelles cartes du monde que l'on obtient ainsi peuvent laisser pantois !
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A Henri-Paul
Ta remarque est évidemment pertinente. Elle revient à superposer plusieurs cartes. C’est d’ailleurs ce qui rend le monde actuel si compliqué.
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