La France est un pays d’immigration. Elle a aussi, longtemps, été un pays d’intégration. Certes, la dernière vague d’immigration – issue en majorité du Maghreb et d’Afrique noire – semble, aujourd’hui, poser problème. Noirs et arabes ou berbères seraient, selon certains, trop différents - par la religion, l’islam, comme par la culture - pour pouvoir s’intégrer.
Des réserves comparables s’exprimaient auparavant vis-à-vis des immigrés italiens ou polonais, pourtant catholiques, européens et blancs. Des pogroms ont eu même lieu. Comme celui, autour de 1930, aux Saintes Marie de la Mer où périrent des italiens. Pourtant la machine à intégrer a bien fonctionné et nul ne s’avise plus de parler de Français d’origine italienne ou polonaise.
Un jour viendra où il en sera de même pour ceux qu’on appelle, aujourd’hui encore, des enfants d’immigrés alors même que, nés en France, ils sont Français. Pour cela, il faut rétablir, d’un même mouvement, quelques vérités sur l’immigration et relancer la machine à intégrer.
L’immigration est inéluctable. Pour deux raisons. La première tient au fait que la France, comme la plupart des pays européens, vieillit. Et qui dit vieillissement, dit perte de dynamisme économique, de compétitivité, de croissance et, in fine, de richesse. La seconde est liée à la misère qui sévit au sud, notamment en Afrique. On pourra ériger les murs les plus hauts, tout comme les barbelés les plus terrifiants. Ils ne pourront empêcher les gens en quête d’un avenir meilleur de les braver. Les pays du Nord, s’ils veulent éviter des migrations massives et incontrôlées, seront tenus d’agir à la source. Ils doivent aussi mener des actions énergiques d’intégration des populations installées sur leur sol.
L’intégration est le résultat de deux volontés : celle de s’intégrer mais celle aussi d’intégrer. Si la première incombe aux personnes, la seconde doit venir de la société toute entière. Or, La France est le pays où les problèmes liés aux discriminations ont, longtemps, été occultés.
Dans le monde des entreprises – j’ai été moi-même industriel pendant 25 ans -, chefs d’entreprises, syndicalistes, DRH..., ont longtemps ignoré la question des discriminations et, plus largement, celle de la nécessaire diversité culturelle. Le monde politique n’était pas en reste. Succédant à Simone Weil à la tête du Haut Conseil à l’Intégration, en 1998, elle eut ces paroles de bienvenue à mon égard : « je n’ai jamais pu intéresser un gouvernement de droite à ces questions. Alors bonne chance ! ». Ce désintérêt n’était pas, hélas, l’apanage de la droite puisque je n’ai pas, non plus, pu y intéresser un gouvernement de gauche. Ministres, parlementaires, élus locaux, de quelque bord qu’ils soient, sont restés, jusqu’à récemment, imperméables à cette question. Il n’y a qu’à voir l’Assemblée nationale où la seule couleur qui vaille semble être le blanc. Blanc et mâle de préférence. La France se classe ainsi, en matière de discrimination et de diversité cultuelle, parmi les plus mauvais élèves en Europe. Cette forme de déni collectif commence toutefois à se fissurer.
Les clefs d’une intégration réussie – logement, école, emploi – font l’objet d’un large consensus. Maintenant il faut agir. Car la lutte contre les discriminations - les émeutes de novembre 2005 sont encore dans tous les esprits – est devenu un enjeu majeur de cohésion sociale. Et, au-delà de la morale, c’est surtout un extraordinaire gaspillage de talents. Car il vaut mieux avoir, dans vingt ans, une France jeune, fut-elle métissée, qu’un asile de vieillards tous blancs.
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analyse pertinente de la situation. Maintenant je pense sincèrement que l'heure n'est plus au discours ; il faut que les autorités posent des actes concrets.
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