Notre Club est né de la conviction que le monde dans lequel nous vivons traverse une période de profondes mutations. Le premier numéro de Vigilances paraphrasait Musset en énumérant quelques domaines où « ce qui était n’est plus, ce qui sera n’est pas encore ». Nous voulions être ? l’affût de possibles bifurcations vers le meilleur ou vers le pire. Essayons aujourd’hui d’identifier quelques défis. Juste pour lancer le débat. •Acceptation ou rejet de la complexité Il est commode de croire que tout effet vient d’une cause. Hélas, ce raisonnement simple occulte les interactions et ne rend pas compte du vivant. Certains le comprennent et affûtent leur paradigme. D’autres s’inquiètent et peuvent servir de terreau ? des mouvements extrêmes. Comment minimiser les risques de « yaka » ? •Choc des cultures ou universalisme pluriel Il s’agit, l? aussi, de combattre le noir et blanc. Il n’y a pas un Islam mais des « islams » ; il n’y a pas un Occident mais un intéressant agrégat de cultures occidentales ; il n’y a pas une Asie mais plusieurs régions dont les racines historiques plongent dans les millénaires. L’inouïe facilité des communications modernes favorise les dialogues mais, pour qu’il y ait dialogues plutôt qu’affrontement, l’universalisme recherché doit être pluriel et non pas uniforme. Comment favoriser une telle évolution ? •Rénovation des institutions internationales ou règne de la force La plupart des institutions internationales actuelles ont été créées il y a presque un demi-siècle. Elles ne correspondent que très imparfaitement aux besoins actuels. Les Etats-Unis, unique super puissance, ne pourront ? eux seuls combler tous les vides. S’ils se transforment en gendarme du monde, la tâche, tôt ou tard, sera trop lourde pour eux. Comment les aider ? résister ? la tentation d’abuser de leur force ? Comment inciter ? la rénovation d’institutions vieillies ? •Réconciliation ou divorce avec les entreprises L’effondrement du communisme et les progrès de l’économie ont, dans les années 80, donné un coup de vieux ? la traditionnelle « lutte des classes ». Il s’en est alors fallu de peu pour que patrons et salariés se sentent du même bord. Mais la course ? la « création de valeur », la brutalité de certains licenciements, les effets pervers d’une mondialisation par ailleurs bénéfique ont inversé la tendance. Dans tous les pays occidentaux, plus de la moitié, parfois les trois quarts, des citoyens pensent maintenant que les grandes entreprises ne servent pas les intérêts du public. Comment éviter que l’animosité s’accroisse ? Le concept de développement durable peut-il favoriser une réconciliation ? •Estime de soi ou humiliation La dignité, écrivait Kant, est ce qui n’a pas de prix, ce qui ne peut ni s’évaluer, ni s’échanger. La nature de ce bien est universelle mais l’intensité du manque varie selon les circonstances. Si l’on n’a pas de quoi mange, ou si l’on est soumis ? l’arbitraire d’une dictature sanguinaire, la satisfaction des besoins les plus essentiels constitue la base indispensable. Mais, même si l’on vit dans une démocratie prospère, comment avoir l’estime de soi si l’on ne peut progresser dans la maîtrise de son propre destin ? Comment mettre cette simple et légitime ambition au cœur des préoccupations économiques et sociales ? Cette énumération sommaire n’est que pâture pour vos réflexions. Il appartient maintenant ? chaque Membre du Club de faire part des préoccupations qui lui paraissent essentielles. Le moment est venu de nous doter d’une « feuille de route » (expression ? la mode) pour repérer les bifurcations et, dans la mesure de nos faibles moyens, contribuer au bon choix des virages.
Commentaires
Ajouter un commentaire