Sciences

L'idée de progrès ne s'insère plus dans un projet de civilisation

Physicien au CEA, Professeur à l’ Ecole Centrale de Paris, docteur en philosophie des sciences et Membre du Conseil scientifique de l’ Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST), Etienne Klein est intervenu, le 15 septembre lors d’un petit-déjeuner débat, sur le thème « Le progrès peut-il encore faire rêver ? ». Assurant qu’il n’est pas un spécialiste de l’idée de progrès, Etienne Klein admet puiser ses réflexions sur le sujet de ce qu’il « sent de l’air du temps », de ses lectures, mais aussi des discussions dans le cadre de l’OPESCST – lieu de

L’inculture scientifique aussi menace le progrès

Le vernis scientifique sur lequel nous sommes nombreux à vivre et dont se contentent aussi bon nombre d’étudiants est trompeur dit en substance Etienne Klein, physicien et philosophe des sciences, qui s’exprimait le 15 septembre devant le club des vigilants. La connaissance approfondie de la science du XXIème siècle, pas celle du XIXème, est insuffisante, y compris chez des élèves ingénieurs, pour donner leurs chances aux percées scientifiques et technologiques qui devraient en découler. L’orateur est évidemment particulièrement sensible à ce qui se passe dans sa discipline (théorie de la

Le progrès n’est plus une ambition partagée … et c’est un problème

Nous ne croyons plus au progrès comme perspective d’un avenir meilleur qui donnerait leur sens et leur place aux innovations. C’est anxiogène. Ce diagnostic qu’a développé le physicien Etienne Klein au cours d’un petit déjeuner le 15 septembre aux Club des Vigilants inspire un parallèle évident avec le désarroi de la France face à ses problèmes politiques et économiques. Directeur du laboratoire de recherche sur les sciences de la matière au CEA (Commissariat d’Energie Atomique), philosophe des sciences et membre du conseil scientifique de l’ Office Parlementaire des choix scientifiques et

Risques : changement d'échelle

Les poètes étant plus doués que les économistes pour décrire l'angoisse de lendemains incertains, Alfred de Musset a résumé, en quelques mots illustres, l'essentiel de ce que nous appelons « crise ». Au chapitre II de la « Confession d'un enfant du siècle », il écrit : « Ce qui était n'est plus ; ce qui sera n'est pas encore » et décèle, dans ce vide, « le secret de nos maux ». On pourrait considérer les crises comme l'éternel retour de phénomènes analogues et ne voir, dans les dysfonctionnements actuels, que le énième épisode d'un feuilleton historique sur les divorces récurrents entre

La place de la poésie dans le monde moderne (suite)

Après avoir lu le débat lancé par Jean-Luc Heinrich (Lire « Poésie : le vivier du net »), j’ai sollicité, pour compléter notre information Jean-Patrick Connerade qui est à la fois professeur de physique moléculaire et atomique à Imperial College (Londres) et poète sous le nom de Chaunes. Il se dépense beaucoup pour favoriser les échanges entre ces deux mondes. Voici ce qu’il me répond : « L’auteur ne semble pas au courant de la relation étroite qui se noue en ce moment entre les poètes et le monde de la recherche scientifique. La plus grande manifestation européenne consacrée aux sciences en

Accélération des incertitudes

« Le monde vit une seconde Renaissance : Internet, c’est l’équivalent de l’invention de l’imprimerie ; la chute du rideau de fer, c’est celle du royaume maure de Grenade ; la montée des pays émergents, c’est la découverte de l’Amérique en 1492. La croissance mondiale s’accélère, les avancées médicales se multiplient, la durée de vie ne cesse de s’allonger. Jamais le monde n’a offert autant d’opportunités de progrès ». Ainsi s’exprimait Henri de Castries, Président Directeur Général d’Axa, dans le numéro de L’Express du 14 novembre. Il a cent fois raison mais les risques sont à la mesure des

Bonne nouvelle sur le front du sida

Après avoir contracté le sida en 1995, un Américain de San Francisco, développa, à partir de 2007, une leucémie (cancer du sang). Pour éviter les effets secondaires d’une chimiothérapie anticancéreuse sur un organisme d’ores et déjà affaibli par le VIH, les médecins ont privilégié la transplantation de cellules souches compatibles avec celles du malade afin d’éviter le rejet. Et cela a marché ! En 2008, les médecins le déclarent guéri de sa leucémie. Mais une autre surprise les attendait : le patient ne présentait plus aucun marqueur du virus du sida. Autrement dit, il était guéri. Au premier

Les clones ont-ils une âme ?

La science nous apprend qu’un corps humain comprend environ 60.000 milliards de cellules et qu’à l’intérieur de chaque cellule l’ADN inclut plus de 3 milliards de bases. A ce niveau d’infiniment petit, notre raison vacille et les « pourquoi pas ? » métaphysiques surgissent. L’idée affleure que « l’âme » pourrait être une particule infiniment petite qui, à la mort, rejoindrait « l’au-delà ». Quel « au-delà » ? Chaque religion, chaque culte, chaque tradition, chaque tribu et même chaque individu, peut en avoir sa conception propre. Et, selon la conception que l’on s’en fait, cet « au-delà »

Recyclage du CO2

L'utilisation massive de combustibles fossiles et l’augmentation de la concentration de CO2 dans l'atmosphère qui en résulte, serait, selon le Giec, un des facteurs de réchauffement climatique. La réduction des rejets de CO2 est devenue de ce fait un axe majeur des politiques de lutte contre les gaz à effet de serre (GES). Le captage et stockage du CO2 a été jusqu’ici une des approches les plus prometteuses. Mais voilà qu’une équipe de chercheurs du CEA et du CNRS a pris un chemin de traverse. Ils ont réussi à convertir du dioxyde de carbone (CO2) en formamides, des molécules issues

Je sens donc je suis

« Tout animal a des idées puisqu'il a des sens, il combine même ses idées jusqu'à un certain point, et l'homme ne diffère à cet égard de la bête que du plus au moins. Quelques philosophes ont même avancé qu'il y a plus de différence de tel homme à tel homme que de tel homme à telle bête ; ce n'est donc pas tant l'entendement qui fait parmi les animaux la distinction spécifique de l'homme que sa qualité d'agent libre. La nature commande à tout animal, et la bête obéit. L'homme éprouve la même impression, mais il se reconnaît libre d'acquiescer, ou de résister ; et c'est surtout dans la