Politique

La résilience sociale

Nous vivons la crise économique la plus sévère de l’après-guerre. Les plans sociaux se multiplient, le chômage est à la hausse, celui des jeunes atteint des niveaux très élevés et la croissance est en berne. Dans ce contexte, quels peuvent être les enjeux et les risques sociaux que notre pays encourt à très court terme ou dans les prochains mois ou prochaines années ? Pour essayer d’y voir clair, il nous faudra tout d’abord examiner les facteurs qui jouent un rôle important dans la vie sociale et les risques sociaux. Le premier, de toute évidence, c’est naturellement l’économie. On sait que

Léninistes de l’Islam

Pour qu’une révolution s’arrête à mi-chemin, il faut que le peuple soit content. C’est rare. Dans les pays qui ont connu le Printemps arabe, et particulièrement en Egypte, les « Frères » qui ont pris le pouvoir auront du mal à relancer l’économie et même, plus modestement, à remplir les assiettes de ceux qui ont faim. Ils perdront de leur aura religieuse, seront jugés aux résultats, leur popularité devrait s’en ressentir. Les réformistes (Musulmans modérés, Coptes ou Laïcs) espèrent en profiter mais les Frères les plus combatifs risquent d’être prompts à les accuser de sabotage tandis qu’au

Euro : la BCE met les gouvernements au défi

En novembre 2011, alors que Mario Draghi venait de remplacer Jean-Claude Trichet, Vigilances écrivait : « Comme il faudrait une gouvernance européenne et que, pour l’instant, il n’y en a pas, c’est la Banque Centrale qui, pour une période encore indéfinie, devra agir ... Tel Atlas qui portait le monde sur ses épaules, Mario Draghi devra porter l’Europe. Rarement responsabilité si grande aura pesé sur un homme si seul ». Dix mois plus tard, l’éminent ancien élève des Jésuites italiens est parvenu à concilier l’étroitesse des statuts de la BCE avec la volonté de faire survivre la monnaie unique

Euro : qui se souvient des « montants compensatoires » ?

La Politique Agricole Commune existait avant l’Euro. Les prix des principales denrées devaient être les mêmes alors que les monnaies fluctuaient. Pour concilier l’inconciliable, d’ingénieux technocrates ont inventé les « montants compensatoires ». Cela compliquait les transactions mais les principes étaient saufs. Aujourd’hui, la crise de l’Euro pose le problème à l’envers : la monnaie se doit d’être unique mais, pour pouvoir exporter plus facilement, certains pays aimeraient être autorisés à jouer sur les prix. A première vue, cela semble impossible mais l’ingéniosité technocratique

Armées françaises : le trop nucléaire

Le président de la République a été clair : d'une part la Défense ne servira plus de variable d'ajustement pour le budget mais elle devra s'adapter comme la plupart des missions budgétaires aux efforts financiers de l’État. Ceci était prévu et n'est pas contraire aux engagements du candidat François Hollande. En revanche, comment ne pas s'étonner quand, au cours de son audition par la commission « Défense » de l'Assemblée nationale, le chef d'état major des armées (CEMA) annonce en juillet qu'il faudra donner « ponctuellement » un peu plus pour la dissuasion nucléaire ? Ceci revient à dire

Pour un palais du bien vivre

A Paris, l’ancien Hôtel de la Marine, Place de la Concorde, fait l’objet de toutes les convoitises. L’emplacement est prestigieux, la surface est immense, les réalisations pourraient être grandioses. Le désastre de l’Ile Seguin hante les mémoires. Sur cet ancien siège des usines Renault à Billancourt, devaient se construire des merveilles. Les projets étaient nombreux dont celui du milliardaire François Pinault qui, faute d’accord de toutes les instances concernées, a fini par se concrétiser à Venise. L’Hôtel de la Marine fait partie du patrimoine national et le nouveau gouvernement a décidé

Notations financières : pas de triple A pour l’Institut Montaigne

L'Institut Montaigne vient d’avancer six propositions pour réduire le poids des agences de notation dans les décisions économiques. Le constat sur lequel s’appuient ces propositions est très juste : le monde financier est drogué aux notations d’agences, auxquelles les pouvoirs publics ont donné trop de poids. Elles déresponsabilisent banques et investisseurs, et rajoutent du mimétisme dans des marchés déjà rongés par l’amplitude croissante des cycles, quand les agents économiques, tous en même temps, basculent d’un côté ou de l’autre du pessimisme, multipliant et aggravant les crises. Les

Rancunes africaines

Les Noirs d'Afrique ont une rancune résultant de l'esclavage. C'est normal. Ils en veulent aux Blancs. C'est normal. Maintenant, il va peut-être se produire un phénomène nouveau : les Noirs d'Afrique vont se souvenir que les marchands d'esclaves étaient, pour la plupart, Arabes. Le fait a été occulté parce que des prédicateurs ont diffusé l'Islam. Il n'empêche que les Arabes méprisent encore les Noirs et que la guerre du Darfour est essentiellement celle de Musulmans blancs terrorisant des Musulmans noirs. Un phénomène analogue est sans doute en train de se produire dans d’autres endroits d

Nécessaire rénovation de la politique

Durant ces mois de campagne présidentielle puis législative, nous n’avons pas entendu ce qui aurait pu être l’essentiel : comment refaire de la politique en donnant aux personnes du « pouvoir d’agir ». Pour cela, il faut sortir des idées toutes faites sur « la société bloquée », sur « le désintérêt à l’égard de la politique », sur « le repli individualiste ». Ces analyses à courte vue ne prennent pas en compte la réalité de la société ni ce qui la transforme en profondeur. En 2012, l’absence de marge budgétaire peut être vue comme une chance historique, bien que paradoxale, de rénover la

Europe : où est la troisième voie ?

Si la perspective d’une véritable fédération européenne enthousiasmait les foules, si les « États-Unis d’Europe » pouvaient être présentés comme un idéal à atteindre, les rudes chemins de la solidarité seraient plus faciles à gravir qu’ils ne le sont aujourd’hui. L’Europe arrive au terme d’un long simulacre et paye le prix d’une volontaire ambiguïté. Ainsi, les partisans de la monnaie unique n’ignoraient pas que, faute de politiques budgétaire, fiscale et sociale harmonisées, l’euro serait de fragile constitution. Cependant, comme ils n’avaient pas la possibilité de faire « tout à la fois »