Ethique

A la recherche du rendement perdu

La responsabilité des gestionnaires des fonds d’investissements est mise à rude épreuve : dix années de politique monétaire accommodante ont écrasé les rendements financiers. Au bout de la chaîne les retraités de la classe moyenne occidentale, pilier de nos démocraties, s’inquiètent pour leurs placements et leurs retraites. Déflagration politique et sociale en perspective ! Sous la pression de nombreux gestionnaires s’élèvent contre les exclusions éthiques qui, au fil du temps, ont écarté des investissements les industries dont les produits étaient jugés néfastes (tabac, armements, jeux, etc.)

Les risques d’envahissement de l’humain par le numérique

La réflexion sur l’éthique du numérique, ou l’émergence d’une éthique appropriée au numérique, n’en est qu’à ses débuts. Le groupe de travail « Vigilance numérique » en a fait un de ses thèmes prioritaires de réflexion, pour tenter de contribuer à définir les conditions d’une cohabitation fécondes entre humain et numérique. Cet article est la suite de « Prélude à une réflexion sur l’humain et le numérique » et « Qu’est-ce qui distingue fondamentalement l’Homme de la machine ? » publiés en avril et mai dernier. Il se focalise sur les risques d’envahissement de l’humain par le numérique et

Facebook : va-t-on séparer Docteur Jekyll de Mr Hyde ?

Facebook est-il responsable de ce qui se publie sur son réseau ? C’ est la question à 50 milliards de dollars (le montant de ses recettes publicitaires). Non, répond Facebook depuis toujours : je ne suis pas l’éditeur, chacun est libre de publier, et un contrôle entraverait la liberté d’expression et le Premier amendement. Une position reprise et gravée dans la législation américaine. Certes, cette position semble en train d’évoluer : Marc Zuckerberg vient d’admettre une certaine responsabilité de son réseau devant les élus américains et il a décrit les outils d’intelligence artificielle (et

Qu’est-ce qui distingue fondamentalement l’Homme de la machine ?

Suite de « Prélude à une réflexion sur l’humain et le numérique ». La réflexion sur l’éthique du numérique n’en est qu’à ses débuts. Le champ d’investigation est immense car le numérique va influer de plus en plus fortement sur notre façon de nous situer, de nous souvenir, de nous distraire, de nous cultiver, de nous penser, de ressentir, etc. Avant d’évoquer les moyens éventuels de contenir la rationalité débordante de l’intelligence artificielle, nous devons vérifier si cette démarche est utile. Pourquoi poser des bornes à l’utilisation des algorithmes et des données ? Que voulons-nous

L’exemple du suicide assisté suisse, grand absent des Etats généraux de la bioéthique

Des débats complexes entourent la fin de vie médicalisée, c’est-à-dire l’arrêt des soins : où passe la frontière de l’acharnement thérapeutique ? Qui décide de l’arrêt des soins, des proches du malade ou des médecins ? Ces débats sont logiques : la fin de vie est désormais médicalisée pour l’immense majorité des Français. Mais ils transforment un débat éthique sur la fin de vie en un débat d’éthique médicale sur la fin de vie médicalisée. Du coup, une autre question éthique fondamentale se trouve mise de côté : au nom de quelle morale interdit-on en France l’assistance au suicide ? Mes deux

Prélude à une réflexion sur l’humain et le numérique

La réflexion sur l’éthique du numérique, ou l’émergence d’une éthique appropriée au numérique, n’en est qu’à ses débuts. Le groupe de travail « Vigilance numérique » en a fait un de ses thèmes prioritaires de réflexion, pour tenter de contribuer à définir les conditions d’une cohabitation fécondes entre humain et numérique. Il ne s’agit pas de verser dans une approche manichéenne, par définition fausse compte tenu de la nature et de la complexité du phénomène numérique. Sans compter que tout retour en arrière n’est pas concevable et qu’il y a beaucoup d’excellentes choses dans le monde

Données de santé : nouveau contexte, nouveaux enjeux

« La santé n’échappe pas à la mise en données ». « Alors qu’on pouvait encore il y a quelques années prétendre pouvoir enfermer ces données à double tour dans un puits en y jetant la clef au fond, aujourd’hui elles sont devenues trop nombreuses » et « les capacités de traitement d’un nombre de plus en plus important de données sont grandissantes. Les attentes croissent elles aussi : on en « demande » de plus en plus aux données de santé ». Or, « avec la multiplication des sources dont elles peuvent provenir se posent aujourd’hui des questions centrales en termes d’usages, d’accès et de

Pour une nouvelle éthique numérique

On peut être tenté de se dire que les changements sociétaux de l’ère numérique dans laquelle nous entrons viendront des « jeunes générations » et cela, dans pratiquement toutes les formes de sociétés, modernes ou traditionnelles. Comme les Anciens étaient, dans la plupart d’entre elles, ceux qui pilotaient ou proposaient l’avenir de ces sociétés, le comportement qu’on y observait en général était un certain conservatisme dans les manières de faire, d’analyser le monde mais aussi dans les manières d’être : culture et tradition. Les Anciens trouvent aujourd’hui que les « jeunes numériques » n

Algorithmes : les outils de la vigilance sont en chantier

Les algorithmes qui traitent les multiples données que l’on collecte sur nous (les big data) doivent être surveillés. Encore faut-il disposer des outils nécessaires. Leur collecte et leur perfectionnement sont en cours. C’est ce qu’a expliqué Nozha Boujemaa, directrice de recherche à l’INRIA, Chargée de la plateforme Transalgo, lancée à la suite de la loi pour une République numérique. Elle était l’invitée du Club des vigilants le 12 septembre. Cette spécialiste internationale des « datas »** n’a certes pas peur des algorithmes… Sans eux « les données sont inertes » et ils rendent donc des

Rwanda : ouvrons les archives !

Depuis quelques semaines, les accusations sur le rôle de la France pendant le génocide des Tutsis et des Hutus modérés se précisent*. La France aurait, en juin 1994, livré des armes aux forces gouvernementales rwandaises, responsables et actrices du génocide, alors en déroute face au FPR de Paul Kagamé et qui s’apprêtaient à passer au Zaïre. Outre qu’à cette date le génocide était consommé et que personne ne pouvait l’ignorer — encore moins les autorités françaises remarquablement informées par la DGSE et des organisations humanitaires —, le commerce des armes avec l’ensemble des belligérants