Défense

Digressions sur un 14 juillet

Depuis presque toujours je regarde le défilé du 14 juillet. J’avoue être chaque fois ému par la rigueur dans la mise en œuvre des cérémonies et la charge symbolique de cet instant de communion nationale. Je pense aussi que l’événement est tout sauf anodin et moins convenu qu’il en a l’air. De la réaction du public (depuis quelques années les sifflets au passage du command-car du Président sont de rigueur) jusqu’au choix des invités en passant par la présence millimétrée de l’Europe, les animations et les rappels à l’histoire (cette année la Résistance), on peut saisir le portrait fugace d’une

Ukraine : à quand un aggiornamento de la stratégie française ?

L’amplification du conflit, visible depuis des semaines, s’aggrave encore. Les civils sont désormais la cible, victimes d’une campagne de terreur qui mêle déportations et destructions des installations vitales avec des moyens indiscriminés et sommaires (les drones iraniens font à peine mieux que l’armée syrienne larguant des barils de poudre depuis des hélicoptères). Au menu des prochaines épisodes, peut-être l’entrée en scène de la Biélorussie et toujours ces questions sur l’arme nucléaire tactique dont la valeur pour Poutine est une fonction croissante de l’échec opérationnel de ses armées

Ukraine, réflexions et questions à chaud - V

La première manche s’achève. Les rapports de force apparaissent plus clairement, les erreurs et les insuffisances aussi. Les forces russes se repositionnent pour se saisir du sud et de l’est de l’Ukraine. Elles détruisent tout ce qui est à leur portée. Leurs crimes de guerre révèlent la double nature du régime : une perversité qui fait s’acharner sur ce qu’on ne peut posséder et une rationalité cynique qui utilise la terreur comme instrument de soumission, sans jamais l’admettre. Le pouvoir russe niera les crimes de Boutcha comme il finasse depuis des décennies avec ceux de Katyn. Les Etats

Sanctions contre Vladimir Poutine : le regard de Réconcilions-nous!

Dans son numéro sur le conflit en Ukraine publié il y a deux mois, R! (dont le Club des vigilants est "partenaire de la première heure) regrettait que les Européens soient aussi faciles à diviser entre eux par les grandes puissances. Il semble qu'aujourd'hui l’agression de Vladimir Poutine ait réconcilié France et Europe... Mais R! note que face à " l'avalanche bienvenue de mesures immédiates, la question se pose d’une stratégie de sanctions dans la durée". Quelles solutions imaginer du point de vue de l'intérêt collectif ? R! propose un objectif fédérateur pour l’Europe qui mettrait à mal la

Témoignages pour l’histoire et histoire immédiate.

Nicolas Dufourcq publie un passionnant livre de témoignages sur la réunification allemande et la fin de la guerre froide [1]. Les événements des années 1989-90 furent exceptionnels à plus d’un titre. Dans de complexes rapports de causalité ils furent entremêlés à des dynamiques de long terme qui pour certaines se continuent aujourd’hui. La disparition de l’URSS, l’accélération de la dynamique européenne ou l’actuelle remise en cause des équilibres de sécurité européens en font partie. Les témoignages, complétés par l’éclairage de l’historien Dominique Bozo et de riches annexes documentaires

Australie, éternel dominion ?

L’annulation par le gouvernement australien du contrat pour la conception et la fabrication de douze sous-marins d’attaque à propulsion diesel, et son remplacement par un partenariat (AUKUS) avec les Etats-Unis et la Grande-Bretagne pour l’équipement d’engins à propulsion nucléaire, est une décision dont la portée est considérable. Pour l’Australie, le changement de posture révèle un certain nombre de fragilités et d’incertitudes. Revue depuis Canberra. Politiquement d’abord. Si les Etats et les Territoires de la Fédération mènent des politiques économiques et sociales audacieuses et souvent

Chine – Etats-Unis, quel scénario ?

Les formes de la guerre changent avec les époques et leur technologie mais sa nature intime, telle que décrite par Carl von Clausewitz, demeure : toute épreuve de force est en même temps une épreuve de volonté. Quelle que soit sa forme : guerre asymétrique, guerre de haute intensité, guerre de libération ou jeu d’échec du duel nucléaire, la guerre a pour vainqueur celui qui trouve la combinaison gagnante entre le peuple, le politique et le chef de guerre. Depuis deux siècles son analyse ne s’est pas démentie, peu trouvent et encore moins conservent la trinité qui soutient la victoire. Pour

Un mois de service militaire, ce n’est pas une colonie de vacances !

Dès le début de sa grande émission à la télévision, le soir du 23 mars, François Fillon a fustigé le projet de son concurrent Emmanuel Macron qui veut rétablir un service militaire d’un mois. La durée lui semblant ridiculement brève, il a résumé son propos en lançant : un mois, c’est un mois de « colonie de vacances » et un mois coûteux. L’attaque est d’autant plus étonnante qu’elle vient d’un des parlementaires les plus compétents en matière de défense – j’en suis témoin – de la Ve République. François Fillon qui a effectué un excellent service militaire ne peut pas avoir oublié que, de son

Trump et le déclin du leadership américain : l’Europe est-elle en ordre de bataille ?

Que nous réserve le nouveau Président Donald Trump, fraîchement élu, dont les provocations et les rodomontades ont régulièrement défrayé la chronique et continuent d’alimenter les conjectures ? Son arrivée, dans un contexte général d’affaiblissement du leadership américain (le récent accord sur la Syrie dont les USA sont les grands absents l’atteste), met l’Union Européenne devant ses responsabilités. Donald Trump a estimé que l’OTAN était une organisation « obsolète » (on ne peut pas lui donner entièrement tort sur ce point) et s’est plaint que ses alliés ne contribuaient pas suffisamment à

Michel Rocard : la vision d’un homme d’Etat nourri par ses convictions

Michel Rocard était intervenu au Club des Vigilants en février 2010 pour parler de l’élimination des armes nucléaires, combat qu’il avait fait sien, en tant que membre de la commission Canberra notamment. On était à la veille de la conférence quinquennale du Traité de Non-Prolifération (TNP) et beaucoup d’espoirs étaient mis dans le leadership américain après les discours d’Obama de 2009, à Prague et à l’ONU. Son intervention fut éblouissante. D’abord parce que son récit des négociations et l’exposé des problématiques étaient d’une grande précision (il pouvait citer l’annexe technique d’un