Afrique

Nouveau plaidoyer de Célestin Monga pour l’industrialisation de l’Afrique

Célestin Monga, grand économiste camerounais, actuellement professeur à Harvard Kennedy School, a prononcé une conférence inaugurale le 2 mai à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Titre : " Le manifeste de Dakar. Emplois et résilience en Afrique". On n'a pas hélas l’enregistrement audio ou vidéo mais les diapositives qu’il a projetées, dont des statistiques et des cartes. Le propos rejoint celui qu’il avait tenu au Club des vigilants en novembre 2020. Il balaye ce qu’il estime être des « explications simplistes » du sous-emploi ainsi que les « recettes inefficaces ». La solution et l

« Exterminez toutes ces brutes »

Critique radicale contre le colonialisme occidental, cette série de quatre films diffusée sur Arte s’intitule « Exterminez toutes ces brutes », citation empruntée par un ami du réalisateur, Sven Lindqvist, à Kurtz, personnage mythique de « Au cœur des ténèbres » de Conrad. Raul Peck, le réalisateur, est un haïtien de 68 ans qui a beaucoup vécu ailleurs, notamment à Berlin et à Paris (où il fut président de la Fémis de 2010 à 2019). Il a été ministre de la Culture de Haïti (1995-1997). Il réalise des films depuis longtemps. Arte avait déjà diffusé « I am not your negro » à partir d’un texte de

Changement de point de vue

Aujourd’hui l’Occident fait face à une compétition globale. La Chine, « l’autre face de l’expérience humaine » disait Malraux, veut imposer davantage sa vision du monde. La représentation cartographique qu’elle donne de la Terre où, in fine, se joue la compétition révèle beaucoup de son logiciel géopolitique et de ses arrière-pensées. Par ricochet, en décentrant notre regard, elle nous donne l’occasion de réfléchir à notre propre situation dans un monde en proie à de profondes transformations. Toute projection d’une sphère sur un plan provoque des déformations. Le passage de trois à deux

Rwanda : la mémoire, l’histoire, l’oubli… et le pardon

On a longtemps espéré une « sortie par haut » de la crise mémorielle liée aux responsabilités de la France au Rwanda avant, pendant et après le génocide des Tutsi. Ce fut une longue route. Encore une fois, une génération fut nécessaire pour que des mots cathartiques puissent se dire. Emmanuel Macron avait seize ans au moment des faits. Dans une séquence en trois temps ─le rapport Duclert, son discours depuis le mémorial de Gisozi et la réponse de Paul Kagamé─ le président français a réussi la sortie par le haut. Il l’a faite sous le patronage, et avec les mots, de Paul Ricoeur dont il

Libye : 2021, année de tous les espoirs après des années de chaos

Le professeur Alaya Allani est historien chercheur universitaire (Histoire contemporaine et du temps présent) à l’Université la Manouba à Tunis. Il a réalisé et publié de nombreux travaux sur l’Islamisme et le Salafisme en Afrique du Nord et au Proche Orient et participé à de nombreuses conférences en Europe (Austrian Study Center for Peace and Conflict Résolution, Vienne Novembre 2017), Paris (Center for Mediterranean Intégration - Mai 2015), Tokyo (Mars 2014). Il a bien voulu répondre aux questions du Club des vigilants sur son appréciation de la situation actuelle en Libye, à un moment où

Célestin Monga : L’avenir de l’Afrique c’est l’industrie

Célestin Monga : L’avenir de l’Afrique c’est l’industrie Ce n’est pas l’agriculture traditionnelle, ce ne sont pas les matières premières et ce ne sont pas les services qui feront sortir l’Afrique de sa pauvreté et qui fourniront emplois et revenus à une population jeune en forte croissance (2,4 milliards habitants en 2050 dont la moitié de moins de 25 ans). C’est l’industrie. Célestin Monga a partagé cette conviction et ses arguments avec les membres et les invités du Club des Vigilants, le 17 novembre au cours du premier « webinaire » du Club, trois jours avant la journée de l

Rwanda, l’effort des archives

Il y a un an le président de la République confiait à l’historien Vincent Duclert la présidence d’ une commission chargée de consulter l’ensemble des fonds d’archives français relatives à la période 1990-1994. Le rapport attendu en avril 2021 (le confinement pourrait en décider autrement) doit analyser le rôle et l’engagement de la France et renouveler l’analyse historique sur les causes, conjoncturelles et profondes, du génocide des Tutsi. Depuis vingt-cinq ans beaucoup de faits ont été documentés et les conséquences de la politique française sont connues. Les cinq années retenues couvrent

Rwanda : la question de la bêtise

Faudra-t-il attendre vingt-cinq ans de plus pour que les autorités françaises consentent à s’exprimer en responsabilité sur le rôle joué par la France au Rwanda avant et pendant le génocide des Tutsi en 1994 ? On peut le redouter tant les exemples historiques tendent à montrer que deux générations, au moins, sont nécessaires. La reconnaissance des crimes de Vichy (50 ans), récemment la vérité sur l’affaire Audin (50 ans) ou encore les déclarations du président de la République d’Allemagne sur la responsabilité de son pays dans le génocide des Arméniens (100 ans), souvent citées comme les

Lecture : Rwanda, la fin du silence, témoignage d’un officier français

Il faut lire Rwanda, la fin du silence, témoignage d’un officier français. L’officier en question c’est Guillaume Ancel qui, à l’été 1994, a participé comme capitaine à l’opération Turquoise lancée le 22 juin par la France dans ce pays d’Afrique où se déroulait un génocide contre les Tutsi (800 000 morts en trois mois) orchestré par le gouvernement en place à dominante hutue. Le livre, préfacé par l’historien Stéphane Audouin-Rouzeau, est publié aux Belles Lettres, dans la collection Mémoires de guerre où Ancel est en bonne compagnie (Buzzati, Churchill, Galula, Kipling, etc.) et c’est la

Le Maroc, un modèle solide ?

Emigration, intégrisme islamique, rapports avec le reste de l’Afrique, relations économiques et commerciales. Sur tous ces plans le royaume marocain propose une sorte de «modèle» qu’il estime être la bonne solution pour lui mais qu’il présente aussi, plus ou moins explicitement, comme une solution pour l’Europe et notamment pour la France dans ses relations avec les pays voisins du sud. Telle est, en substance, la perspective qu’a tracée le 4 juillet l'Ambassadeur du Maroc en France, invité du Club des Vigilants. La biographie de Chakib Benmoussa, formé à l’école Polytechnique et à l’école des