C’est moins une question de morale qu’une question d’efficacité : jusqu’à quel point faut-il soutenir, en terre d’Islam, des régimes corrompus et impopulaires pour empêcher l’arrivée au pouvoir d’une opposition forgée à l’ombre des mosquées ? Le problème s’est posé en Algérie en 1991 lorsque le « Front islamique du salut » a remporté les élections législatives. L’Occident, et en particulier la France, se sont rangés derrière les militaires pour barrer la route aux Barbus. Difficile de prétendre aujourd’hui qu’un autre régime eut été pire que celui qui, péniblement, se maintient. Difficile aussi d’affirmer le contraire. Pour la suite des évènements, et, notamment, pour les positions à prendre quand le problème se posera en Egypte et ailleurs, mieux vaut observer attentivement ce qui va se passer en Turquie. En novembre 2002, un gouvernement de tendance « islamique modérée » est sorti des urnes. Jusqu’à présent, il a plutôt mené des politiques raisonnables et fait avancer la démocratie en mettant au pas les militaires. Pour l’avenir, cependant, rien n’est joué. La politique étrangère s’imprègne de tentation ottomane. Surtout, l’opinion semble prête à abandonner certaines valeurs de la laïcité. Ce dernier point est capital. S’il fallait choisir un pays au monde où des études sociologiques qualitatives s’imposent, la Turquie serait à placer en tête de liste.
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