Politique

Etat « cigale » et Peuple « fourmi »

Le taux d’épargne des ménages français, déjà l’un des plus élevés au monde, a encore grimpé, atteignant 16,8 % fin 2011, et renouant ainsi avec un record d’il y a près de 30 ans. Cela n’est pas bon signe pour les moteurs de la croissance, puisque ce qui est épargné n’est pas consommé, et que, côté investissement, l’épargne des Français est majoritairement constituée d’immobilier et minoritairement de placements en comptes sur livrets et en assurance-vie qui ne sont que très marginalement affectés aux entreprises. Resterait le moteur de l’exportation, mais celui-ci, toujours plombé par un Euro

Vous avez dit « toxicité » ?

Prêteriez-vous de l’argent à quelqu’un dont le déficit est de 33% de son revenu annuel et la dette cinq fois ce même revenu ? Certainement pas, même à un taux usuraire. Pourtant, de tels emprunteurs existent, le plus proche de nous étant notre Etat français: 270 Milliards € de recettes annuelles pour 370 de dépenses, une dette voisine de 1 400 Md€. Malgré cela, comme ses voisins, il trouve encore à se sur-endetter sur les marchés financiers, et à des taux d’intérêt voisins de 3% l’an, dans des opérations appelées pudiquement « placements », qui sont bel et bien des emprunts. Cette anomalie a

La dette et la diète

Quelques réalités européennes toutes simples s’imposeront au prochain président de la République française, qu’il s’appelle Hollande ou Sarkozy : - L’Allemagne est au centre du jeu. - La récession, qui frappe non seulement la Grèce mais d’autres pays de la zone euro dont le Portugal, l’Irlande et l’Espagne, illustre les limites d’une austérité imposée. Comme le dit George Soros : « On ne peut soigner la dette uniquement par la diète ». - La récession, qui atteint désormais la Grande Bretagne, prouve, en outre, que le décrochage progressif d’une monnaie (équivalant à une dévaluation) ne suffit

Les urnes, l’Allemagne, les marchés et la rue … ou les vrais électeurs ne sont pas ceux qui votent

Les Français, appelés aux urnes pour le deuxième de la Présidentielle, s’apprêtent à voter avec bien moins d’espérance et d’enthousiasme qu’auparavant. Dans une ambiance d’extrême sensibilité à la crise économique et financière et aux moyens limités de l’Etat pour y faire face dans un monde interdépendant, loin du « grand soir » ou des « lendemains qui chantent », tout au plus espèrent-ils que leur prochain Président, élu ou réélu, qu’ils n’attendent plus comme sauveur ou homme providentiel, tiendra bon la barre dans la tempête en leur épargnant l’effondrement grec et les turbulences

La révolte des « gens de peu »

Dans les « pays riches », environ 1% de la population est vraiment riche et environ 1/1000 très riche. Les classes, que l’on disait moyennes et qui regardaient vers le haut, craignent la dégringolade. Leurs fins de mois sont difficiles et ils redeviennent, selon une expression tombée en désuétude, des « gens de peu ». A tort ou à raison, ils se considèrent comme pauvres. Ces pauvres des pays riches se sentent écrabouillés entre deux forces qui leur sont étrangères. D’un côté, les pauvres des pays pauvres sont plus pauvres qu’eux et leur concurrence exerce une pression qui, dans certains cas

Un permis de conduire : produit d’appel ou produit d’avenir

En cette période de campagne électorale, les candidats rivalisent d’annonces choc pour allécher le citoyen. Dernière en date : offrir le permis de conduire aux jeunes. Et lorsque Hollande le promet à tout jeune qui s’acquitterait d’un service civique de six mois, Sarkozy en fait autant pour tout lycéen. Quelle peut être la portée de cette mesure au regard de la situation des jeunes ? 150 000 jeunes sortent, tous les ans, du système scolaire sans aucune qualification. 14 % des jeunes de moins de trente ans vivent sous le seuil de pauvreté estimé à 795 euros/mois. L’achat d’une voiture, même

Quinze points clés pour le prochain président

Le déroulement de la campagne électorale avec son foisonnement de promesses de circonstance nous parait justifier une approche non partisane, qui correspond à nos yeux à l’état véritable de notre pays et à l’exigence d’un redressement rapide et résolu. Le temps n’est plus à des réformes pour changer la vie ou la société. Réformer coûte et nous n’en avons plus les moyens pour plusieurs années, si nous voulons continuer à jouer un rôle dans l’histoire à travers l’Union Européenne. Nos lois actuelles ne sont pas aussi insuffisantes qu’on le répète, notre Constitution n’exige aucune remise en

L’Etat-providence : une parenthèse de l’Histoire ?

Alors que les effets de la crise, loin d’être derrière nous, se prolongent (comme nous l’avions laissé prévoir ici même depuis trois ans), nous sommes assaillis de statistiques sur la montée du nombre de chômeurs, de travailleurs et retraités pauvres, de précaires qui, s’ajoutant aux bataillons croissants des sans-abris et autres « exclus », des deux côtés de l’Atlantique, et – nouveauté – même au Japon, donnent l’irrépressible sentiment, mais aussi le spectacle visible, d’une pauvreté de masse dans les économies réputées développées. Cela ne vous rappelle rien ? Au mieux, si l’on ose dire

Syrie : les peurs et les haines

Assad ne recule devant aucune atrocité, c’est certain. Ses opposants feraient-ils preuve de mansuétude à l’égard des minorités religieuses ou ethniques ? Ce n’est pas sûr. Les Alaouites, qui ont confisqué l’essentiel des pouvoirs et comptent pour environ 10% de la population, sont presque unanimes à craindre des massacres en cas de chute du régime. Les chrétiens, les Druzes, les Kurdes ne l’avouent pas sans honte mais préfèrent « le diable qu’ils connaissent déjà » aux probables méfaits d’une majorité de plus en plus conquise par le wahhabisme, cette version saoudienne d’un Islam combattant

Tunisie : laboratoire sociétal

Un véritable choc de civilisations se produit actuellement au Maghreb sans que personne n’y prête attention. Un an après avoir impulsé la vague des chambardements arabes, la Tunisie a été précipitée dans le trou noir des pays sans intérêt où il ne se passe rien. On ne retient qu’une donnée : largement vainqueur des premières élections libres, les islamistes ont fait main basse sur la démocratie. Grosse erreur. Car, si les intégristes d’Annahda trustent effectivement les portefeuilles ministériels, la réalité du pouvoir leur échappe. Contre eux s’élèvent 90% de la presse (y compris les télés et