Guerre

Michel Duclos : Quel rôle pour la France sur un échiquier géopolitique fortement bouleversé par la guerre en Ukraine ?

Le paysage géopolitique mondial subit de profonds bouleversements. Pour démêler l'écheveau des urgences et des choix stratégiques possibles pour que la France puisse ENCORE jouer un rôle sur une scène internationale dont la guerre en Ukraine accroît la complexité et les tensions, le Club des vigilants a invité Michel Duclos, diplomate, ancien ambassadeur de France en Syrie et en Suisse à venir débattre autour de ses grandes propositions de refondation de la politique étrangère française. Michel Duclos a publié en juin dernier pour l'Institut Montaigne (dont il est conseiller spécial

Crise critique : inventons le monde de demain !

Après l’insouciance des mois d’été, nous voici de retour au cœur d’une actualité préoccupante. Quel que soit l’angle d’attaque pour examiner la rentrée qui s’annonce, on en revient inévitablement au même constat obsédant : la crise. Elle est partout, impossible d’y échapper ! Au moment où la crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid semblait dépassée, de nouveaux sujets d’inquiétude ont soudain surgi, faisant peser des menaces inédites sur le monde entier, bouleversé par le conflit entre l’Ukraine et la Russie. Les mois écoulés n’ont pas permis de mettre fin à cette situation paroxystique, et

Ukraine, réflexions et questions à chaud – IX

Le documentaire de France 2 " Un Président, l’Europe, la guerre [1]" permet à Macron de parachever une séquence commencée avec le voyage à Kiev et de rectifier le tir. Le Président y revient sur l’humiliation qu’il justifie au prix d’une exagération. Les Anglo-Saxons ne parlent pas d’ anéantir la Russie comme le dit le Président qui se fait fort d’être un point d’équilibre. Ils parlent d’infliger une défaite stratégique aux responsables de la guerre. Si l’expression reste vague à bien des égards, elle semble désigner comme objectif de mettre la Russie dans une situation où elle ne pourra pas

Ukraine, réflexions et questions à chaud - VIII

Energie. On continue de suivre la scène énergétique dont les recompositions géopolitiques s’opèrent désormais dans la matrice de la transition énergétique qui provoque une accélération de toute chose. L’embargo européen sur le pétrole russe livré par mer, et le renoncement volontaire de l’Allemagne à ses achats par pipeline, devraient potentiellement faire mal à la Russie (50% de ses exportations). Mais le baril flirte avec les 120$, il est au-dessus de 100$ depuis l’invasion. Même effet sur le gaz dont la baisse des exportations d’environ un tiers est compensée par des prix historiquement

Ukraine, les fils rouges de la diplomatie française et le risque du compromis

En deux temps, la proposition d’une Communauté politique européenne dans laquelle on logerait l’Ukraine pendant les « décennies » nécessaires à son entrée dans l’UE et l’affirmation qu’il ne faudrait pas « humilier la Russie » lors du règlement du conflit, le président Macron semble avoir retrouvé les fondamentaux de la diplomatie française. La première ligne de force est un soupçon durable quant à la légitimité et aux aspirations d’une Ukraine souveraine et indépendante. Depuis le refus d’en faire un nouvel Etat-nation issu de l’éclatement des empires lors du règlement de la Première Guerre

Ukraine, réflexions et questions à chaud - VII

On se rapproche de l’utilisation de l’arme nucléaire dont la doctrine russe admet l’emploi sur le champ de bataille. En bon tacticien Poutine voudra attendre la fin de l’élection présidentielle française pour ne pas donner au président sortant un avantage décisif. Nul doute qu’une telle transgression provoquerait en France un réflexe légitimiste considérable réduisant à presque rien le score de Marine Le Pen, candidate qui même battue sera toujours utile. Et puis, pour Poutine, un pays polarisé et divisé politiquement vaut mieux, c’est un pays affaibli. L’armée russe est incapable de dépasser

Ukraine, réflexions et questions à chaud - VI

1. La guerre. La bataille décisive ne sera donc pas à Kyïv mais dans le Donbass. L’usure des forces se fait sentir des deux côtés mais des sources concordantes indiquent que l’armée russe souffre de sérieux problèmes de moral. On sait que le moral pèse lourd quand deux volontés s’affrontent, affrontement qui constitue le cœur ultime de la guerre selon Clausewitz. Les massacres de civils et autres crimes de guerre que les forces russes déchaînent crescendo sont un choix tactique dont la responsabilité incombe au plus haut niveau. Ils ne peuvent être qu’aggravés par l’errance morale de la troupe

Ukraine, réflexions et questions à chaud IV

1. La guerre. Les soldats russes commencent à enterrer leurs positions. Les renseignements concordent pour dire qu’ils sont de moins en moins à la manœuvre. Les officiels disent, c’est nouveau, vouloir « se concentrer sur l’Est ». Les Ukrainiens les tiennent en respect mais ils n’inverseront pas la situation . En termes militaires le conflit évolue vers une impasse, un mauvais scénario. L’Ukraine refusera de perdre les territoires occupés, la Russie refusera de reculer, la question des réparations hantera toutes les discussions. On risque un pourrissement « façon Donbass ». L’armée russe fait

Ukraine, réflexions et questions à chaud. III

1. La guerre. Raymond Aron rappelait qu’il faut toujours observer comment les Hommes font la guerre, cela en dit long sur ce qu’ils sont et là où ils en sont. Les observateurs compétents sont formels : depuis le début de l’invasion, l’armée russe n’a pas tiré une seule munition guidée. Pour beaucoup, les projectiles sont de l’époque soviétique. La technique de bombardement est sommaire et dévastatrice pour les civils. De l’autre côté, les agences de renseignement américaines mettent à disposition des forces ukrainiennes, plusieurs fois par heure, leur énorme capacité d’observation et de

Ukraine, réflexions et questions à chaud. II

1. La guerre, la guerre toujours recommencée ! Ce n’est évident pas l’original du vers de Paul Valery [1]. Entendre sa belle musique allitérée ainsi détournée dit à la fois l’évidence de la guerre maintenant qu’elle est là et sa laideur. La guerre corrompt tout, elle recouvre le monde d’effroi là où la poésie nous rappelle qu’il faut tenter de vivre. 2. Encore une fois, reprendre Clausewitz. Toute guerre est d’abord une épreuve de volonté. Les formes de la guerre sont multiples et ses apparences trompeuses. Revenir à son essence comme le fait le stratège prussien permet de cerner la dynamique