Géopolitique

Changement de point de vue

Aujourd’hui l’Occident fait face à une compétition globale. La Chine, « l’autre face de l’expérience humaine » disait Malraux, veut imposer davantage sa vision du monde. La représentation cartographique qu’elle donne de la Terre où, in fine, se joue la compétition révèle beaucoup de son logiciel géopolitique et de ses arrière-pensées. Par ricochet, en décentrant notre regard, elle nous donne l’occasion de réfléchir à notre propre situation dans un monde en proie à de profondes transformations. Toute projection d’une sphère sur un plan provoque des déformations. Le passage de trois à deux

Un bilan international modeste pour Emmanuel Macron ?

La France rajeunit Au printemps 2017, le nouveau Président dispose de nombreux atouts. Il suscite curiosité et intérêt dans le monde. Sa performance électorale, une victoire nette sur l’extrême droite et sur les partis traditionnels, est incontestable. Sa jeunesse , un phénomène exceptionnel dans les vieilles démocraties, est mis à l’actif de la France ; les optimistes voient en lui un nouveau Bonaparte. Sa maîtrise de l’anglais (contrairement à la plupart de ses prédécesseurs) et sa connaissance du monde anglo-saxon sont les signes qu’il est ouvert sur le monde et à l’aise dans la

Jean-Pierre Filiu : Sur le Moyen-Orient, cessons de raisonner en termes de conflits religieux !

« Au Moyen-Orient tous les systèmes en place sont en faillite. Tous ». Devant le Club des vigilants le 19 novembre Jean-Pierre Filiu, arabisant, professeur d’histoire à Sciences-Po et ancien diplomate n’a pas mâché ses mots pour décrire la situation de ces populations pour lesquelles il éprouve une profonde empathie. Invité à l’occasion de la publication de son « histoire laïque du Moyen-Orient de 395 à nos jours »*, il n’hésite pas à dire que la catastrophe humaine « abominable » organisée par Bachar el-Assad en Syrie pour sauver son régime n’a pas d’équivalent dans la région depuis la

Voyager en première avec un billet de seconde

Le surclassement est un art chéri de nos gouvernants. Pour eux, la France, puissance nucléaire et membre permanent du Conseil de Sécurité, riche de son passé, des restes de son empire et de sa culture, forte d’une diplomatie experte, est une « Grande Puissance », capable d’intervenir sur les cinq continents. Cet art pratiqué avec talent par un « Grand Homme » comme le Général de Gaulle, a été longtemps accepté, toléré, voire loué, en France comme à l’étranger. Dans le conformisme atlantique, les éruptions françaises pouvaient être salutaires, même si les résultats concrets étaient limités

Sous-marins australiens : incapacité d’adaptation et naïveté françaises

« La rupture du contrat du siècle de Naval Group doit susciter une profonde remise en question de notre politique étrangère et de défense, ainsi que de notre naïveté juridico-commerciale » L’Australie a annoncé la rupture du contrat la liant à Naval Group pour la fourniture de douze sous-marins de type Barracuda en faveur de l’acquisition de sous-marins à propulsion nucléaire états-uniens. Au-delà de la déception et de la rancœur, ce développement pose la question de la capacité d’anticipation du gouvernement et de l’industrie dans la conclusion d’alliances de long terme et de notre naïveté

Trois scénarios pour la fin du match États-GAFA

Dans le dernier numéro de la célèbre revue de prospective Futuribles* notre ami Jean-François Soupizet, administrateur du Club des Vigilants, remet en perspective dans un grand article les tenants et les aboutissants des divers affrontements entre géants du Net et États. Aux États-Unis, en Europe et en Chine on est en effet passé au cours des années récentes d’une vision plutôt positive des bienfaits d’internet et de ses grands acteurs à une grande méfiance à l’égard de ces superpuissances et de leurs monopoles. Pour conclure cet état des lieux Jean-François s’est astreint à imaginer trois

Chine – Etats-Unis, quel scénario ?

Les formes de la guerre changent avec les époques et leur technologie mais sa nature intime, telle que décrite par Carl von Clausewitz, demeure : toute épreuve de force est en même temps une épreuve de volonté. Quelle que soit sa forme : guerre asymétrique, guerre de haute intensité, guerre de libération ou jeu d’échec du duel nucléaire, la guerre a pour vainqueur celui qui trouve la combinaison gagnante entre le peuple, le politique et le chef de guerre. Depuis deux siècles son analyse ne s’est pas démentie, peu trouvent et encore moins conservent la trinité qui soutient la victoire. Pour

Libye : 2021, année de tous les espoirs après des années de chaos

Le professeur Alaya Allani est historien chercheur universitaire (Histoire contemporaine et du temps présent) à l’Université la Manouba à Tunis. Il a réalisé et publié de nombreux travaux sur l’Islamisme et le Salafisme en Afrique du Nord et au Proche Orient et participé à de nombreuses conférences en Europe (Austrian Study Center for Peace and Conflict Résolution, Vienne Novembre 2017), Paris (Center for Mediterranean Intégration - Mai 2015), Tokyo (Mars 2014). Il a bien voulu répondre aux questions du Club des vigilants sur son appréciation de la situation actuelle en Libye, à un moment où

"L’Affolement du monde" vu par Thomas Gomart

Thomas Gomart nous livre ici une vaste fresque de l’état du monde en 10 tableaux remarquablement documentés qui constituent autant de mises en perspective de ce que les médias nous disent chaque jour de façon souvent à la fois redondante et fragmentaire. Citant Machiavel, qui écrivait au moment où les guerres d’Italie faisaient des cités-États de la péninsule la proie des États monarchiques et qui parlait d’une époque marquée par un grand désenchantement et placée sous le signe de l’indétermination des temps, il souligne l’actualité de ces formules. Car si la mondialisation a modifié la

L’Europe, les Etats-Unis et le Monde selon Pascal Lamy

L’Europe, les Etats-Unis et le Monde selon Pascal Lamy Le commerce avec l’Iran est important politiquement pour l’Europe, mais il représente une fraction minime de ses échanges. Imaginons ce qui se passerait si le Président Trump voulait associer de force les entreprises européennes à des sanctions contre la Chine, comme il le fait pour l’Iran après avoir décidé de sortir de l’accord sur la dénucléarisation de ce pays. La chambre de compensation Instex qui a été montée par l’Europe pour permettre de commercer avec l’Iran sans passer par le marché du dollar a été conçue pour pouvoir répondre