Géopolitique

Ukraine : l’impossible choix

L’Ukraine a vocation à être un pont entre la Russie et l’Europe de l‘Ouest. Pour l’instant, elle fait figure d’enjeu. Les enchères montent. Le moment décisif approche. Tout devrait être tenté pour sortir de l’impasse. Les acteurs sont au nombre de quatre : l’Ukraine dans le rôle de l’écartelé ; l’Union Européenne (UE) qui, depuis longtemps, négocie avec elle un accord de libre échange techniquement difficile ; l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), dont l’Ukraine et l’UE doivent observer les règles ; enfin, l’Espace Economique Unique (EEU) qui regroupe la Russie, la Biélorussie et le

Le bon Dr Kretschmann

Les marginaux sont devenus « réalos » et les Grünen, après avoir gagné au Bade-Wurtemberg, aspirent à diriger la République Fédérale. Pour l’Allemagne, pour l’Europe, pour le monde, le 27 mars 2011 fera peut-être figure de date historique. Le Parti Chrétien Démocrate (CDU) tenait les rênes du Bade-Wurtemberg depuis 50 ans. Aujourd’hui, une coalition « écolo-socialo » a pris le pouvoir. Ce n’est pas rien. Après la Rhénanie du Nord-Westphalie et la Bavière, le Bade-Wurtemberg est l’Etat allemand le plus riche : des marques aussi prestigieuses que Audi, Mercedes et Porsche y ont leurs racines

Derrière l’intervention libyenne une question européenne

Français et Britanniques se battent ensemble en Libye. Les Allemands ont catégoriquement refusé l’intervention. Cette configuration n’empêchera certes pas Allemands et Français de se retrouver sur d’autres dossiers ni les Britanniques de conserver leurs relations privilégiées avec les Américains. Elle risque cependant d’affecter durablement les équilibres européens. D’autant qu’elle correspond à une réalité militaire et industrielle. Le traité « de coopération en matière de défense et de sécurité » signé en novembre dernier entre la France et le Royaume Uni, les deux principaux producteurs et

Libye : devoir d’explication

L’intervention en Libye part d’un bon sentiment. Il fallait agir vite si l’on voulait éviter le massacre des révoltés de Benghazi. L’accord obtenu à l’ONU est un heureux précédent pour légitimer l’ingérence humanitaire. Kadhafi est un horrible personnage. Tout cela est indéniable. Il n’en est pas moins vrai que la décision a été prise sans que les contre arguments aient été sérieusement examinés. Citons-en quelques uns : Les « comités populaires » de Kadhafi quadrillaient un pays de structure tribale quatre fois grand comme la France et peuplé seulement de 6 millions d’habitants. Ils

Alerte sur la dette américaine : une nouvelle … mais quelle nouvelle ?

La presse mondiale, non seulement financière mais généraliste, s’est fait aussitôt l’écho de cette nouvelle, et les marchés boursiers y ont réagi par une forte chute ponctuelle : la célèbre agence de notation Standard and Poor’s (S&P) vient de mettre sous surveillance négative pour une éventuelle dégradation, la note, le fameux AAA qui est la meilleure possible, des obligations du Trésor américain. Il est vrai qu’avec une dette publique de près de 15 000 milliards ou, pour parler franglais, 15 trillions de dollars, environ 100% du PIB, et un déficit budgétaire d’environ 10% du PIB, les Etats

Quel choc de civilisation ?

Deux critiques de livres dans le Financial Times signalent un salutaire retour de balancier, contre les thèses de Samuel Huntington. Le Dixième Parallèle, de Eliza Griswald, critiqué par Richard Dowden : La ligne de fracture entre chrétienté et islam recouvre à peu près le dixième parallèle, et les lignes commerciales qui ont relié pendant des siècles les pays aujourd’hui musulmans (du Nigéria à l’Indonésie) à l’Arabie. Ces lignes ont été suivies ensuite par les colonisateurs européens, et ces échanges ont laissé en contact des populations chrétiennes et des populations musulmanes. L’auteur a

Aux sources de l’aveuglement

Au lycée, la meilleure amie de ma fille cadette est tunisienne. A la maison, une employée est tunisienne. Difficile d’imaginer sources d’informations plus partielles. Pourtant, je savais qu’en Tunisie la situation était explosive et qu’une étincelle pourrait créer des « évènements ». Pourquoi donc nos responsables ont-ils été surpris ? Une première réponse propre à la France, est due au fonctionnement de ce que l’on appelait jadis les « Renseignements Généraux ». Leurs agents infiltrent fort bien les milieux islamistes et contribuent puissamment à repérer des réseaux. Cela a permis d’éviter

Sables mouvants

Les raisons de la colère sont presque partout les mêmes mais l’issue des révoltes arabo-musulmanes peut varier d’un pays à l’autre. Ci-dessous, quelques brèves remarques émanant de différentes sources. Egypte (84 millions d’habitants) : les militaires qui se sont emparés du pouvoir sont pris entre quatre feux : ils veulent satisfaire la population mais entendent conserver les privilèges acquis grâce à leur main mise sur une bonne partie de l’économie ; et ils souhaitent garder la confiance des Américains tout en faisant preuve d’une plus grande méfiance à l’égard d’Israël. Leur position est

Corée : deux Etats ; peut-être, un jour, un seul peuple

Dans Vigilances 86, François de Closets rappelait qu’il y a trois ans, en novembre 2004, nous soulignions l’impossibilité d’une réunification sur le modèle allemand. L’Allemagne de l’Ouest comptait 60 millions d’habitants, l’Allemagne de l’Est 20 millions et la différence de niveau de vie était de moitié. La Corée du Sud compte moins de 50 millions d’habitants, la Corée du Nord plus de 20 millions et le niveau de vie est de 20 fois inférieur. Le fossé semble infranchissable. Rappelons pourtant qu’avant la chute du Mur de Berlin, Willy Brandt avait lancé la formule : « Un peuple, deux Etats »

Chine : entre ambition tranquille et esprit de revanche

Les pays d’Asie font émerger une classe moyenne d’environ un milliard de personnes. Les Etats-Unis et l’Europe se pénaliseraient en adoptant des politiques protectionnistes qui les couperaient de cet immense marché. Encore faut-il qu’il y ait réciprocité et que le plus grand des pays d’Asie, la Chine, ne pratique pas un protectionnisme sournois sous forme de mesures non tarifaires. Taux de change manipulé, vente de biens ou de services à des prix artificiellement bas, pillage de brevets, appels d’offre truqués, ententes occultes. Longue est la liste des obstacles moins visibles que les droits