Economie

Dette pandémique ?

Les vacances sont traditionnellement propices à la rêverie. Mais les temps actuels ne s’y prêtent pas. Le temps est lourd et nous prenons davantage conscience de son écoulement. Dans ce contexte épidémique, la croissance économique est faible, l’ensemble de notre modèle économique vit un point de bascule entre deux mondes. Dieu que c’est difficile de répartir la rareté en espérant dégager les voies du futur, cela ressemble étonnamment à un va-et-vient continu. Pour la première fois de son histoire l’UE va s’endetter. La pandémie n’a fait qu’amplifier la croissance de l’endettement qui était à

Le monde après le Covid : celui d’avant en pire ? Pas si simple répond l’économiste Jean-Paul Betbèze

Dans son dernier livre : États-Unis, Chine, Europe, quelle remondialisation ? Jean-Paul Betbèze se livre à une comparaison passionnante entre le monde tels qu’on l’anticipait avant la Covid 19 et le monde tel qu’on l’anticipe après la pandémie. Il y a naturellement des ressemblances entre les deux perspectives, mais le rythme et l’intensité des évolution se trouvent profondément affectés. Et ceci nous concerne tous. Comment voyait-on le monde avant la pandémie ? Avant tout, dominé par la rivalité ouverte entre la Chine et les États-Unis , entraînant une recomposition profonde des alliances

Célestin Monga : L’avenir de l’Afrique c’est l’industrie

Célestin Monga : L’avenir de l’Afrique c’est l’industrie Ce n’est pas l’agriculture traditionnelle, ce ne sont pas les matières premières et ce ne sont pas les services qui feront sortir l’Afrique de sa pauvreté et qui fourniront emplois et revenus à une population jeune en forte croissance (2,4 milliards habitants en 2050 dont la moitié de moins de 25 ans). C’est l’industrie. Célestin Monga a partagé cette conviction et ses arguments avec les membres et les invités du Club des Vigilants, le 17 novembre au cours du premier « webinaire » du Club, trois jours avant la journée de l

Une autre manière de regarder le Ségur de la santé

Notre santé n’a pas de prix mais elle a un coût, comme chacun sait ou plutôt croit savoir vaguement. Qu’il s’agisse d’augmenter les rémunérations des soignants ou le nombre de lits de réanimation ce coût concerne tous les patients que nous sommes. Que nous le payions sous forme de cotisations facultatives (mutuelles complémentaires), obligatoires (cotisations maladie) ou indirectes (CSG, CRDS, etc.) nous le payons tous de manière assez égalitaire. Toutes ces contributions sont en effet peu progressives. Ce coût il serait bon que nous en ayons mieux conscience, individuellement et

Bonnes et mauvaises inégalités

Le récent livre de Thomas Piketty, Capital et Idéologie, a relancé le débat sur les moyens de réduire les inégalités. Les positions sont politiquement très clivées : la réduction des inégalités est valorisée à gauche, critiquée à droite et chacun invoque ses arguments économiques ou moraux. Gauche et droite invoquent d’ailleurs chacune la justice à l’appui de leur thèse : la juste égalité entre les citoyens, contre la juste valorisation de chaque réussite individuelle. Pour nous aider à nous mettre d’accord, je suggère d’utiliser un critère que j’appelle la jouabilité d’une institution : si l

Quantitative easing : encore un pas !

Du Japon aux Etats-Unis en passant par l’Europe, les banques centrales ont annoncé qu’elles sursoyaient au « retour à la normale » de leur politique monétaire afin de parer à l’actuel ralentissement économique. Taux bas voire négatifs, rachat de dettes ou injection de liquidités : les mesures non conventionnelles et le Quantitative Easing (QE) sont au cœur de la politique monétaire depuis la crise de 2008 soit une décennie. On peut dès lors se demander où est la normale et s’il s’agit d’une parenthèse ou d’une transition ? Première leçon, il y a suffisamment de réservoirs sûrs pour stocker l

Too big to do business

Dans un article récent de Variances.eu j’ai décrit comment l’équilibre entre le pouvoir des plus grandes entreprises et celui de la collectivité s’était rompu au cours des 40 dernières années. Des entreprises mastodontes infiniment puissantes et efficaces échappent au contrôle collectif. Comme leur poids s’accroit sans cesse et que leur impunité mine les pouvoirs démocratiques, ce déséquilibre va s’accroître. De plus en plus, la maîtrise de grandes menaces de notre époque va dépendre de choix faits sans contrôle au sein de ces entreprises : réchauffement climatique, disparition de la vie

Vers la fin de l'hégémonie du dollar ?

Trump a provoqué un séisme mondial en quittant l'accord sur le nucléaire iranien. D'abord en ranimant une course aux armements nucléaires au Moyen-Orient. Mais surtout en ruinant soixante quatorze ans de confiance mondiale dans la monnaie dollar. En 1944, à Bretton Woods, les Américains, grands vainqueurs annoncés de la seconde guerre mondiale, font accepter par le monde entier la suprématie monétaire du dollar. Les grands échanges mondiaux, dont le pétrole, seront libellés en dollars. Le prix du pétrole est fixé en dollars. Le système bancaire mondial est dominé par les USA. En complément aux

Facebook : va-t-on séparer Docteur Jekyll de Mr Hyde ?

Facebook est-il responsable de ce qui se publie sur son réseau ? C’ est la question à 50 milliards de dollars (le montant de ses recettes publicitaires). Non, répond Facebook depuis toujours : je ne suis pas l’éditeur, chacun est libre de publier, et un contrôle entraverait la liberté d’expression et le Premier amendement. Une position reprise et gravée dans la législation américaine. Certes, cette position semble en train d’évoluer : Marc Zuckerberg vient d’admettre une certaine responsabilité de son réseau devant les élus américains et il a décrit les outils d’intelligence artificielle (et

PACTE : Inventons la Société à Pacte Salarial

A l’occasion du projet gouvernemental PACTE, un débat s’est ouvert autour du statut de l’entreprise. Il nous permet d’inventer la société par action du 21 e siècle : la Société à Pacte Salarial dont chaque salarié est actionnaire. Le déséquilibre anachronique de la société par action La société par actions s’est structurée au début du 19 e siècle dans un monde différent du nôtre: le salarié sortait à peine du servage et son patron du droit seigneurial. Elle repose sur une inégalité de principe entre les apporteurs du capital, actionnaires et maitres à bord, et les salariés, apporteurs de leurs