
Si l’on comprend bien, la meilleure manière de lutter contre le terrorisme est de s’attaquer au burkini, et plus largement à la présence plus ou moins « discrète » de l’islam en France. En écrivant ceci je cherche à résumer l’impression d’un citoyen qui s’est informé un peu moins complètement que d’habitude pendant l’été en écoutant la rumeur de l’info en continu, des petites phrases et des gros titres, lus en France ou à l’étranger.
Je veux bien admettre qu’un islam provocateur, cherchant à marquer son territoire sur la plage ou ailleurs, crée sans doute un terreau favorable à certaines conversions à l’islam radical et à certains passages à l’acte. Je suis convaincu qu’il faut étudier très attentivement la genèse du terrorisme.
Mais enfin, très concrètement, le terrorisme est là. Déjà là. Autrement dit, si nous parlions plus de ce qui s’est passé cet été sur la Promenade des Anglais, juste derrière la plage, et dans une église normande, et de ce qui se passera encore n’importe où en France, plutôt que de cet accoutrement balnéo-intégriste ?
Pour ce qui concerne la lutte concrète contre le terrorisme c’est l’absence radicale de la moindre idée neuve du coté de l’ordre qui frappe. L’imagination est du coté des terroristes. Chaque fois ils conçoivent une nouvelle manière de passer à l’acte. Chaque fois la réaction de l’Etat au sens large, opposition et gouvernement confondu, est « un peu plus du même » : un peu plus d’état d’urgence, un peu plus de policiers professionnels ou réservistes, un peu plus de logique de fichage, d’assignation à résidence, de privation de nationalité, etc. Résultat ? À peu près zéro.
Les réactions des syndicats de policiers et autres officiels après l’attaque au camion sur la Promenade des Anglais étaient particulièrement caractéristiques. On entendait quelque chose comme : « on a fait notre devoir ; on a fait comme d’habitude ; il a pas fait comme d’habitude ; c’est pas notre faute ». C’était insupportable et c’est ce qui a fait que « l’union nationale » a été balayée par l’opposition qui s’est sentie tenue de critiquer. Le débat sur le burkini et l’islam de France n’est-il pas une manière de compenser le vide angoissant du débat sur la manière de lutter contre le terrorisme ?
On peut se bercer de l’illusion que, dans le secret des têtes pensantes, s’élaborent les nouvelles stratégies qui seraient nécessaires et qu’on ne peut nous révéler. J’ai bien peur que ce ne soit qu’un rêve.
Difficile de se plaindre du manque d’innovation sans essayer de proposer au moins une piste. Le renseignement est par évidence la clé du succès. Difficile d’infiltrer ou de retourner les terroristes et candidats terroristes et les proches qui leur permettent d’être « comme des poissons dans l’eau ». Peut-on acheter ces proches ?
Début juillet, dans Central Park, à New York, une bombe artisanale a blessé un jeune touriste. On en a peu parlé parce qu’elle n’était sans doute pas « terroriste ». Néanmoins, dans les jours qui ont suivi, des affiches promettaient une récompense de 10000 dollars à qui apporterait à la police une information permettant de remonter au poseur de bombe.
Choquant ? Contraire à la tradition française ? Passons sur le fait qu’une administration au moins rémunère depuis longtemps les dénonciateurs en France (la douane). Et demandons-nous si la logique actuelle du contrôle de masse (état d’urgence, fichage préventif, assignation à résidence, etc.) ne nous conduit pas tout droit vers des « solutions » beaucoup plus choquantes.
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Derrière le burkini ... il y
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