
7 janvier. Anniversaire oh combien solennisé des meurtres des journalistes de Charlie Hebdo et de ceux qui ont suivi. Souvenons-nous de ce qui se disait des défis ainsi lancés à la société française par les terroristes. Premier défi. Ne pas tomber dans le piège de l’islamophobie. Même si le fond des cœurs n’est pas très net, même si quelques actes isolés sont à déplorer, la société française a, en gros, évité ce piège. Deuxième défi. Ne pas tomber dans la surenchère militariste et sécuritaire. Ne pas mettre en cause nos libertés ; ne pas laisser entamer les fondements de notre société. Tout le monde pensait aux Etats-Unis d’après le 11 septembre 2001. Pendant plusieurs mois la France a résisté, même si la loi renseignement constituait une première alerte. Mais depuis les nouveaux attentats du 13 novembre nous assistons à un ahurissant déferlement sécuritaire. Ce ne sont pas les mesures considérées une par une qui posent problème. Et je ne veux pas rajouter ici à l’absurde débat sur la privation de nationalité de terroristes binationaux, en général morts. Ce qui compte c’est le ton général, l’ambiance créée. La sécurité devient plus importante que les libertés. L’essentiel est que la police agisse sans entrave. Le changement de ton est d’autant plus grave qu’il vient du chef de l’Etat lui-même. L’opinion publique y serait massivement favorable, nous assure-t-on. La responsabilité d’un homme d’Etat et encore plus d’un chef d’Etat est justement de savoir aller contre l’opinion ou tout au moins en tempérer les penchants et l’encourager à lutter contre ses peurs. Quel est aujourd’hui le sens de ces « même pas peur » placardés Place de la République ? À quand la restauration de la ligne Maginot ? Une partie non négligeable de l’action de François Hollande était beaucoup plus défendable qu’on ne le dit jusqu’à ce fatal 13 novembre. Pensons à l’accord de la COP21 avec toutes ses limites. Avoir fait sombrer la France dans une dérive sécuritaire comme n’aurait pas osé en rêver le Front National restera une tâche indélébile sur ce septennat.
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