
Dimanche matin je suis allé au marché, comme si de rien n’était. L’après-midi, soleil aidant, les enfants riaient sous mes fenêtres et le manège tournait, comme si de rien n’était. Les parents étaient installés à la terrasse des cafés. C’est bien. Après les attentats de vendredi il faut que la vie continue, comme si de rien n’était. Les Français de 2015 semblent bien décidés à se comporter comme les britanniques de 1940 sous les bombardements hitlériens du Blitz. Même si chacun d’entre nous est devenu une cible. Pourtant, il manque quelque chose. En janvier il y eut les « je suis Charlie », puis les grandes manifestations unitaires qui permettaient de marquer le coup, de se déclarer solidaire. On comprend bien pourquoi le gouvernement veut éviter les rassemblements cette fois-ci. Du coup 129 personnes sont mortes ; 99 sont très gravement blessées. D’autres sont blessées, choquées. Leurs proches sont dans la peine. Et le manège tourne, comme si de rien n’était. Comment marquer notre solidarité au quotidien, dans la rue. Pas seulement dans l’espace virtuel ? Le bleu, blanc, rouge et la Marseillaise sont parfaits à l’étranger pour exprimer une solidarité globale avec la France. Je ne me sens pas à l’aise avec le bleu blanc rouge au quotidien. Les bougies à la fenêtre ? Pourquoi pas. Le brassard noir ? C’est d’une autre époque. Notre ami Bernard Bougel nous indique la piste en signant ses messages « fraternellement » depuis vendredi. Je pense au petit ruban rouge qui exprime la solidarité avec les malades du SIDA. Quel signe pourrait le mieux marquer l’adhésion à ce troisième mot de la devise nationale, ce mot si souvent oublié : «fraternité» ?
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