
Au Royaume-Uni, comme ailleurs, la classe moyenne est bousculée par la mondialisation. Comme ailleurs la crise de 2008 a été dévastatrice, comme ailleurs la bureaucratie bruxelloise exaspère et, comme ailleurs, des forces politiques agitent les tensions liées à l’immigration et au marché unique. Cela suffit-il à provoquer un référendum à haut risque sur l’adhésion à l’UE ? Aucun dirigeant français n’aurait imaginé poser au peuple une question aussi directe ; le premier ministre Cameron, si. Il n’agit pas à la légère, il s’appuie sur les fondamentaux de la politique britannique.La Grande-Bretagne ignore la grégarité continentale. Elle est en dehors de l’intégration et l’a toujours été. Le choix historique d’un marché ultra normalisé pour consolider la jonction naturelle des économies lui est étranger, comme l’est celui d’échanger une part de souveraineté contre de la sécurité. Le grand savoir-faire du Royaume est de capter la richesse grâce à des services à valeur-ajoutée partout où l’économie croît et se sophistique. Jusqu’au début du 20e siècle, rien ne se vendait dans le monde sans qu’un vapeur battant l’union jack ne l’emporte et qu’un courtier de Londres permette l’échange, monétisant et escomptant la créance de l’acheteur de thé argentin pour le producteur de Canton pour prendre l’exemple fameux de Bertrand de Jouvenel. Plus récemment, forte du son savoir-faire ancestral de collecter des capitaux partout dans le monde et de les gérer, la place de Londres s’est placée au cœur des flux crées par la mondialisation et la facilité monétaire. La quintessence de la politique britannique ce n’est pas l’intégration, c’est l’optimisation. La logique régulatrice et régionale de l’UE ne sera jamais son premier choix. Vue de Londres, l’Europe est un marché améliorable comme n’importe quel autre, de l’intérieur comme de l’extérieur.
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