
Si l’essentiel du discours est rédigé par des « experts », le mur des ressentiments restera intact ; la brèche ne peut venir que si le souffle est personnel et la parole authentique. Il faut espérer qu’Obama parlera peu de politique et beaucoup de lui-même, de sa vie, des souffrances qu’il a endurées à cause de la brisure du monde, des incompréhensions raciales et des antagonismes religieux.
L’élément clef est qu’Obama n’est pas seulement président des Etats-Unis, il est une universelle légende qui, pour les Musulmans, constitue une énigme : Comment un « Hussein » a-t-il pu devenir puissant parmi les puissants ? Est-il une menace pour l’Islam ou incarne-t-il un espoir ?
La question n’est pas anodine mais vitale. Au-delà des gouvernements, elle concerne les peuples avec leurs masses de déshérités et leurs élites frustrées. Elle se pose à un moment qui, lui-même, est crucial : le terrorisme est sur le point de devenir un moment de l’Islam. Ses héros, ses martyrs peuvent enflammer l’imaginaire et balayer les réticences de millions d’hésitants raisonnables.
Souvenons-nous. Au moment des Croisades, tous les Chrétiens n’étaient sûrement pas des fanatiques. La guerre « Sainte » les a pourtant enthousiasmés. En 1095, le pape Urbain II, a promis aux « hérauts du Christ » qui s’engageraient « dans la bataille contre les païens », la rémission des péchés. En bout de course, dans Jérusalem « délivrée », les « Sarrasins » ont été exterminés. Guillaume de Tyr, chroniqueur de la première Croisade, rapporte que « Nul n’a jamais ouï, nul n’a jamais vu pareil carnage de la gent païenne : des bûchers étaient disposés comme des bornes et nul, si ce n’est Dieu, ne connaissait leur nombre ».
Des Don Quichotte du « Djihad » rêvent de revanche mondialisée. Les Sancho Pança du bonheur ont besoin qu’un citoyen du monde légitimise leur rêve de paix. Si Obama y parvient, « l’intendance suivra ».
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