Russie

Ukraine, les fils rouges de la diplomatie française et le risque du compromis

En deux temps, la proposition d’une Communauté politique européenne dans laquelle on logerait l’Ukraine pendant les « décennies » nécessaires à son entrée dans l’UE et l’affirmation qu’il ne faudrait pas « humilier la Russie » lors du règlement du conflit, le président Macron semble avoir retrouvé les fondamentaux de la diplomatie française. La première ligne de force est un soupçon durable quant à la légitimité et aux aspirations d’une Ukraine souveraine et indépendante. Depuis le refus d’en faire un nouvel Etat-nation issu de l’éclatement des empires lors du règlement de la Première Guerre

Ukraine, réflexions et questions à chaud - VI

1. La guerre. La bataille décisive ne sera donc pas à Kyïv mais dans le Donbass. L’usure des forces se fait sentir des deux côtés mais des sources concordantes indiquent que l’armée russe souffre de sérieux problèmes de moral. On sait que le moral pèse lourd quand deux volontés s’affrontent, affrontement qui constitue le cœur ultime de la guerre selon Clausewitz. Les massacres de civils et autres crimes de guerre que les forces russes déchaînent crescendo sont un choix tactique dont la responsabilité incombe au plus haut niveau. Ils ne peuvent être qu’aggravés par l’errance morale de la troupe

Ukraine, réflexions et questions à chaud - V

La première manche s’achève. Les rapports de force apparaissent plus clairement, les erreurs et les insuffisances aussi. Les forces russes se repositionnent pour se saisir du sud et de l’est de l’Ukraine. Elles détruisent tout ce qui est à leur portée. Leurs crimes de guerre révèlent la double nature du régime : une perversité qui fait s’acharner sur ce qu’on ne peut posséder et une rationalité cynique qui utilise la terreur comme instrument de soumission, sans jamais l’admettre. Le pouvoir russe niera les crimes de Boutcha comme il finasse depuis des décennies avec ceux de Katyn. Les Etats

Ukraine, réflexions et questions à chaud IV

1. La guerre. Les soldats russes commencent à enterrer leurs positions. Les renseignements concordent pour dire qu’ils sont de moins en moins à la manœuvre. Les officiels disent, c’est nouveau, vouloir « se concentrer sur l’Est ». Les Ukrainiens les tiennent en respect mais ils n’inverseront pas la situation . En termes militaires le conflit évolue vers une impasse, un mauvais scénario. L’Ukraine refusera de perdre les territoires occupés, la Russie refusera de reculer, la question des réparations hantera toutes les discussions. On risque un pourrissement « façon Donbass ». L’armée russe fait

Ukraine, réflexions et questions à chaud. III

1. La guerre. Raymond Aron rappelait qu’il faut toujours observer comment les Hommes font la guerre, cela en dit long sur ce qu’ils sont et là où ils en sont. Les observateurs compétents sont formels : depuis le début de l’invasion, l’armée russe n’a pas tiré une seule munition guidée. Pour beaucoup, les projectiles sont de l’époque soviétique. La technique de bombardement est sommaire et dévastatrice pour les civils. De l’autre côté, les agences de renseignement américaines mettent à disposition des forces ukrainiennes, plusieurs fois par heure, leur énorme capacité d’observation et de

Ukraine, réflexions et questions à chaud. II

1. La guerre, la guerre toujours recommencée ! Ce n’est évident pas l’original du vers de Paul Valery [1]. Entendre sa belle musique allitérée ainsi détournée dit à la fois l’évidence de la guerre maintenant qu’elle est là et sa laideur. La guerre corrompt tout, elle recouvre le monde d’effroi là où la poésie nous rappelle qu’il faut tenter de vivre. 2. Encore une fois, reprendre Clausewitz. Toute guerre est d’abord une épreuve de volonté. Les formes de la guerre sont multiples et ses apparences trompeuses. Revenir à son essence comme le fait le stratège prussien permet de cerner la dynamique

Sanctions contre Vladimir Poutine : le regard de Réconcilions-nous!

Dans son numéro sur le conflit en Ukraine publié il y a deux mois, R! (dont le Club des vigilants est "partenaire de la première heure) regrettait que les Européens soient aussi faciles à diviser entre eux par les grandes puissances. Il semble qu'aujourd'hui l’agression de Vladimir Poutine ait réconcilié France et Europe... Mais R! note que face à " l'avalanche bienvenue de mesures immédiates, la question se pose d’une stratégie de sanctions dans la durée". Quelles solutions imaginer du point de vue de l'intérêt collectif ? R! propose un objectif fédérateur pour l’Europe qui mettrait à mal la

Ukraine, réflexions et questions à chaud.

1. Tout, dans une approche rationnelle, conduisait à ne pas faire la guerre. Poutine avait brillamment exécuté sa manœuvre pour entrer en négociation en position de force : supériorité militaire, alliés occidentaux loin d’être alignés, arme ultime de l’énergie... Une négociation de bonne volonté aurait apporté des gains à la Russie, c’était loin d’être négligeable. C’est l’émotion qui a gagné. L’obsession d’un dirigeant ressassée pendant des années, aggravée par son isolement (récemment sanitaire) et qui finit par exploser. Puis vient l’hubris : Poutine et ses acolytes menaçant la terre

Témoignages pour l’histoire et histoire immédiate.

Nicolas Dufourcq publie un passionnant livre de témoignages sur la réunification allemande et la fin de la guerre froide [1]. Les événements des années 1989-90 furent exceptionnels à plus d’un titre. Dans de complexes rapports de causalité ils furent entremêlés à des dynamiques de long terme qui pour certaines se continuent aujourd’hui. La disparition de l’URSS, l’accélération de la dynamique européenne ou l’actuelle remise en cause des équilibres de sécurité européens en font partie. Les témoignages, complétés par l’éclairage de l’historien Dominique Bozo et de riches annexes documentaires

Poutine va-t-il enfin régler le problème syrien ?

Les gesticulations des Etats occidentaux sur la question syrienne n'ont pas empêché Poutine d'aider décisivement l'armée de Bachar à reprendre Alep. Bachar exulte en public. Mais aussitôt Poutine a déclaré que "maintenant il fallait mettre en oeuvre la solution politique". Poutine a prouvé lors de l'affaire des armes chimiques utilisées par Bachar qu'il savait lui imposer ses vues. Le stock d'armes chimiques syrien a été détruit... En tout cas, Bachar l'a publiquement ordonné. A Alep, Poutine a obtenu l'exfiltration des civils et des combattants qui voulaient quitter les lieux. L'armée