Géopolitique

Chine-Etats-Unis : duel plutôt que duo

Le demi-échec de la Conférence de Copenhague a été un formidable révélateur des ambiguïtés contemporaines. Côté pile, la reconnaissance que nous sommes tous embarqués sur un même bateau, que ce bateau s’appelle « la Terre » et que les responsables politiques sont obligés d’avoir un objectif commun. Côté face, le marchandage entre pays et groupes de pays sur la répartition des efforts à accomplir. Or, qui dit marchandage dit rapport de force. Et qui applique aujourd’hui des rapports de force crée des sources de conflits pour demain. En toile de fond, le changement de perspectives qu’implique la

2009 = 1913 … à un détail près !

En 1913, l’Allemagne, avec son industrie et ses universités, était le numéro un en Europe. La France était numéro deux tandis que Londres restait le phare du commerce mondial et que la Russie se modernisait à grands pas. La guerre de 14/18 a écrasé l’Allemagne, saigné la France et amené la Révolution en Russie. Hitler et Staline sont ses rejetons.   Après un siècle d’horreur, l’Histoire se réécrit en copier-coller. Berlin, qui vient de célébrer la chute du Mur, est, à nouveau, le centre de l’Europe. Petit détail : l’Europe a commis tellement de crimes et fait tellement de bêtises qu’elle n’est

Les deux errements de Poutine

Quand Gorbatchev a pris les commandes de l’Union Soviétique, le pays était au bord de la ruine. Loin de redresser cette « entreprise en difficulté », le nouveau patron l’a menée à la faillite. Arrive alors Eltsine qui achève la démolition en se séparant des filiales : adieu l’Empire, retour à la case Russie. Poutine, héritier du désastre, doit tenter un nouveau départ . La révolte tchétchène est un handicap. La hausse des prix du pétrole et du gaz est un atout. Il n’a que partiellement surmonté le handicap ; et il a partiellement dilapidé l’atout.   Ø   La rébellion tchétchène a été matée mais

La Turquie : puissance économique en Asie Centrale

L’Empire Ottoman n’est plus mais la Turquie est de retour sur la scène mondiale. La déliquescence de l’Egypte lui ouvre un boulevard vers le monde arabe. L’effondrement de l’Union soviétique lui rouvre le chemin des républiques d’Asie Centrale qui, pour la plupart, sont turcophones. L’Asie Centrale est devenue la nouvelle frontière des entreprises turques . Leurs produits manufacturés sont adaptés à ces marchés avec un bon rapport qualité/prix. A titre d’illustration, on estime que 30% des produits importés au Kirghizstan sont d’origine turque.   Bien que les premiers partenaires commerciaux

Obama et le Central Command

A qui obéit le « Central command » ? En principe, au Président des Etats-Unis et, en principe, toute une hiérarchie doit être respectée. Le chef du Central Command, le Général David Petraeus est subordonné au président du « Joint Chiefs of Staff », l’Amiral Michael G. Mullen, qui, lui-même, est subordonné au Secrétaire à la Défense, Robert M. Gates. En pratique, cependant, le Central Command est devenu une puissance quasi autonome que Barack Obama a du mal à contrôler.   La zone géographique couverte par le Central Command englobe les principaux points chauds (Irak, Iran, Afghanistan) ainsi

Quand les évènements bousculent les habitudes

Rares sont les pays où la politique intérieure ne régit pas la politique étrangère … jusqu’au moment où des évènements graves bousculent les habitudes. Alors, des régimes, prétendument solides, peuvent s’écrouler et un ordre, que l’on croyait immuable, peut s’effondrer. Au Moyen Orient, la situation est si explosive que le réveil risque d’être brutal.

De l’importance du Japon (bis)

Dans une précédente alerte, Marc Ullmann a souligné l’importance du tournant politique que vient de prendre le Japon et l’intérêt qu’aurait l’Europe d’y prêter attention. L’ambiance qui règne actuellement à Tokyo ne peut qu’avaliser ce jugement. Le Premier ministre parle constamment de «  Fraternité ». Cela plait aux jeunes. Les premières mesures adoptées par le gouvernement (par exemple, le coup d’arrêt donné à la privatisation de la Poste) leur plaisent aussi. Tout se passe comme si le changement de majorité parlementaire n’était que le reflet d’une révolution voulue par des jeunes qui

Visites inopinées

"Quand on tire la queue d'un chat, on finit par voir la tête". Il paraît que c'est un proverbe persan. Si c'est vrai, cela tombe bien car les négociations, pour l'instant, se focalisent sur la queue du chat. Je suis sûr, pourtant, que la tête surgira. En clair, l'Occident s'est auto piégé en faisant de l'arrêt de l'enrichissement un préalable. Les Iraniens refusent en arguant que le TNP leur en donne le droit. On pourra amuser la galerie quelques temps avec cette joute mais l'essentiel est de disposer de moyens de contrôles suffisants pour s'assurer que les stades ultimes ne sont pas franchis

De l’importance du Japon

Dans son premier numéro, daté de février 2002, Vigilances s’est donné pour règle de ne traiter l’actualité courante que dans la mesure où ses rédacteurs pourraient répondre à trois questions : pourquoi est-ce important ? En quoi cela nous concerne ? Qu’est-ce qu’on y peut ? Cette exigence était dictée par le fait que beaucoup d’évènements sont assez visuels pour produire de belles images à la télévision sans être nécessairement porteurs d’avenir et, qu’inversement, il peut être tentant de traiter de façon anecdotique des signes annonciateurs. Sept ans plus tard, notre ambition demeure bien que

God save Obama

Toutes les nations du monde entreraient dans un brouillard épais si, en 2012, un candidat d’extrême droite, chauvin, protectionniste voire belliqueux devenait président des Etats-Unis. Le danger est réel. Il ne faut pas le sous-estimer. Les peuples, quels qu’ils soient, n’aiment pas se sentir en descente . Ne parlons pas de déclin, le mot est trop lourd de références historiques. Disons seulement que le poids relatif des Etats-Unis n’est plus ce qu’il était, qu’il continuera forcément de baisser et que le passage à un monde multipolaire s’annonce délicat.   Le géant est empêtré. S’il se passe