Démocratie

« Ordre et progrès » contre démocratie libérale ?

Et maintenant le Brésil ! Le Monde peut titrer d’un magnifique oxymore sans choquer : « Election présidentielle au Brésil, la démocratie menacée » : oui, c’est le désir des peuples, sanctifié par l’élection, qui met à bas le libéralisme politique. Ebahis, nous découvrons que la version libérale de la démocratie n’est pas le graal de tout le monde ou qu’il ne l’est plus. La fin de l’histoire n’a pas eu lieu, la prophétie de Fukuyama a vécu ce que vivent les prophéties l’espace, non pas d’un matin, mais d’une génération. Au-delà du Brésil la défiance des non-Occidentaux —les trois quarts de l

C’est grave ce qu’a dit Gérard Collomb ? Et bien…oui.

« Si on veut garder le droit de manifester (...) il faut que les participants puissent s’opposer aux casseurs et ne pas, par leur passivité, être d'un certain point de vue complices de ce qui se passe », a dit le ministre de l’Intérieur sur BFM, le 26 mai. Au Club des vigilants, nous n’avons pas l’habitude de monter en épingle les petites phrases et maladresses qui ne font que trop l’écume de l’actualité. Celle-ci ne mérite pas la démission d’un ministre. Mais si elle se répétait et n’était pas recadrée, venant du gardien de « la violence légitime », elle poserait un grave problème. Et, à ce

Et la démocratie en Italie, tout le monde s’en fout ?

Où vont la démocratie, les libertés et l’Etat de droit en Italie ? Cette question capitale semble secondaire dans les réactions et commentaires suscités par les cataclysmes politiques qui s’enchaînent depuis les élections législatives du 4 mars qui ont mis en tête les deux principaux partis anti-système : la Ligue et le Mouvement 5 étoiles. L’économisme est à son comble. Certes le contrat de coalition qu’ont tenté les deux partis anti-système, simple addition des promesses démagogiques de l’un et de l’autre, était irréaliste et avait tout pour déclencher une crise financière en Italie et en

Notre-Dame de la gouvernance

Dans le long feuilleton Notre-Dame-des-Landes, l’accueil réservé à la décision gouvernementale d’abandonner le projet n’est pas le moindre des enseignements : aux trois-quarts les Français l’ont plébiscitée ! Quelques points séparent les sondés de « droite » ou de « gauche » mais les clivages traditionnels (autorité/laxisme, économie/écologie) n’ont pas fonctionné comme lors du référendum local (55/45). Personne n’imagine pour autant que les Français ont adhéré en masse aux méthodes radicales du zadisme. Plus profondément, la décision a conforté deux tendances de fond que les politiques

Premiers enseignements des troubles en Iran

Les six jours de manifestations et d’émeutes sporadiques qui viennent de se dérouler en Iran démontrent la persistance dans la population d’une souffrance diffuse et profonde, alimentée par le chômage, la pauvreté, l’absence de perspectives économiques et politiques, alors que prospère d’autre part une richesse insolente, soutenue par l’État, alimentée par la corruption. « Occupez-vous de nous », crient les manifestants « plutôt que de vous occuper de la Syrie, du Yémen, du Liban, des Palestiniens ». Il s’agit donc d’un appel au secours, mêlé à la colère qui ose s’exprimer contre le

Pour la ré-invention d'un nouvel humanisme politique

Par goût et par expérience, Jean-Paul Delevoye est un observateur privilégié des évolutions de fond qui traversent le fonctionnement de notre société. En 2010, frappé par l’expérience qu’il vivait de médiateur de la République, il était venu au Club des vigilants nous parler de « La République en danger ». Il a depuis été président du Conseil économique, social et environnemental et occupe aujourd’hui la fonction de haut commissaire à la réforme des retraites (après avoir présidé cette année la commission nationale d’investiture aux législatives d’En Marche !). Son intervention et les échanges

Rwanda : ouvrons les archives !

Depuis quelques semaines, les accusations sur le rôle de la France pendant le génocide des Tutsis et des Hutus modérés se précisent*. La France aurait, en juin 1994, livré des armes aux forces gouvernementales rwandaises, responsables et actrices du génocide, alors en déroute face au FPR de Paul Kagamé et qui s’apprêtaient à passer au Zaïre. Outre qu’à cette date le génocide était consommé et que personne ne pouvait l’ignorer — encore moins les autorités françaises remarquablement informées par la DGSE et des organisations humanitaires —, le commerce des armes avec l’ensemble des belligérants

Le troisième saccage

Ce sera donc le troisième saccage. Dans un cycle d’une quinzaine d’années, le pouvoir fédéral américain se sera rendu responsable de trois séries d’événements cataclysmiques : la guerre en Irak, la dérégulation spéculative de l’industrie financière à l’origine de la crise de 2007, aujourd’hui la déstabilisation des instruments diplomatiques et juridiques de la lutte contre le réchauffement climatique. Les conséquences de cette dernière ne sont pas encore mesurés mais ils sont à peu près certains : l’impossibilité de contenir la hausse du climat à 2° et le cortège de dévastations qui s’ensuivra

Esprit de compromis contre esprit de radicalité

Lors du débat du second tour, celui qui était encore candidat a opposé l’esprit de conquête à l’esprit de défaite, cinglant résumé des forces en présence. La joute électorale passée, une autre dichotomie s’annonce tout aussi importante : esprit de compromis contre esprit de radicalité. Au premier tour, deux partis qui ont pour fonds culturel la radicalité ont totalisé 40% des voix. Ils partagent une culture du tout ou rien où le gagnant-gagnant est synonyme de soumission, mot-valise tant entendu pendant la campagne. Tendance nationale-mortifère ou libertaire-insoumise, ces radicaux désignent

Le président de la République a trop de pouvoirs en France

Ouf. Emmanuel Macron a été convenablement élu président de la République. Et nous faisons tous les vœux possibles pour qu’il réussisse. Mais imaginons notre consternation si le monarque républicain désigné le 7 mai par les électeurs avait été Marine Le Pen et qu’elle ait obtenu une majorité à l’Assemblée Nationale les 11 et 18 juin. Nous verrions toutes les dispositions conçues pour et par le Général de Gaulle pour éviter « l’impuissance » des gouvernements à permettre à un dirigeant dangereux pour la démocratie de s’emparer de toutes les manettes. Et pendant cinq ans nous nous interrogerions