Culture

Les moutons de la pensée

« Du grec, ô ciel, du grec ! Il sait du grec, ma sœur » s’exclame Philaminte dans les Femmes savantes en évoquant admirativement un pédant que vient de lui présenter un cuistre, Trissotin. Aujourd’hui, la (ou le) Philaminte moderne s’exclamerait : « du woke, ô ciel, il sait du woke ». Le woke est plus facile à apprendre que le grec. De plus, il vous dispense de lire Aristote ou Platon pour briller en société, car le seul fait de le maîtriser vous mue en philosophe apprécié des médias, qui constituent les nouveaux salons. C’est ce qu’explique brillamment Jean Szlamowicz, linguiste et producteur

Europe : « Et si on recommençait par la culture ? »

A cinquante deux ans, l’auteur d’un plaidoyer vibrant pour la souveraineté européenne (Seuil) Jean-Noël Tronc, est un homme d’expérience et de convictions. Expérience militante dans les cercles rocardiens et socialistes, expérience politique comme attaché parlementaire et pilote auprès de Lionel Jospin de la politique publique de l’Internet en France pendant cinq ans , pratique des négociations internationales et européennes, expérience de l’entreprise privée et publique. Cette expérience irrigue l’essai de l’actuel directeur de la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique-SACEM

L'Homme, un animal comme les autres ?

Au cours d’une Matinale de haut niveau le philosophe Etienne Bimbenet a partagé avec nous son étonnement et ses analyses face au succès des thèses animalistes. Que nous arrive-t-il ? Pourquoi nous complaisons-nous autant devant cet effacement de la frontière entre l’homme et l’animal ? Sommes-nous vraiment séparés d’eux par « une différence de degré et non de nature » comme le disait Darwin ? Faut-il se rendre à l’évidence d’une seule « petite » différence biologique et admettre que « l’homme est un animal particulier, au même titre que les autres » ? Comment dépasser « l’autocontradicion

Commémorer à l’heure des réseaux sociaux

Dix des douze membres du Haut Comité aux Commémorations Nationales ont présenté leur démission à la ministre de la Culture pour protester contre le retrait de Charles Maurras du Livre des commémorations de l’année 2018 (la naissance du théoricien du nationalisme intégral en 1868). Ils affirment ne pas pouvoir travailler avec la menace permanente de la censure ou de l’autocensure. Commémoration ou célébration, la clarification faite en 2011 pour le cinquantenaire de la mort de Louis-Ferdinand Céline n’aura pas duré longtemps. A l’heure des réseaux sociaux c’était prévisible ! La décision de

Le Coran à la télé : une bonne nouvelle

Mardi, mercredi, jeudi, du 8 au 10 décembre Arte va parler du Coran, pendant près de sept heures. C’est une bonne nouvelle car elle signifie que, malgré les attentats passés et les menaces d’attentat à venir, cette diffusion est maintenue. C’est aussi une bonne nouvelle car pendant ces sept heures on va parler non pas du livre qui se récite et ne se questionne pas, mais du livre qui a une histoire, qui est inscrit dans une culture et une civilisation. « C’est une œuvre de salubrité publique », a même dit, au cours d’une des avant-premières, Mohammad Ali Amir-Moezzi, qui occupe la chaire d

Un livre pour se souvenir de Marc

Bientôt un an que Marc Ullmann, fondateur du Club des Vigilants, a disparu. Avant même de décider que le Club essaierait de lui survivre, le Conseil d’administration avait opté pour la publication d’un livre souvenir. Un vrai livre de Marc. En effet nous avions la chance de disposer d’un inédit, une esquisse de livre très cohérente qui fait le cœur de cet ouvrage. Ce livre existe désormais. Ceux d’entre vous qui ont pu assister à l’Assemblée Générale du 7 avril ont déjà leur exemplaire. Chaque membre à jour de sa cotisation qui ne l’a pas encore peut nous le demander en s’adressant à webmaster

Je suis un prof

Le refus d’honorer les victimes de Charlie Hebdo n’est pas marginal. Les analyses paraissent, la presse relate les incidents dans les écoles. Au-delà des provocations, de l’immaturité, une tendance apparaît, c’est une incompréhension de la loi. La loi positive (pourquoi Dieudonné et pas Charlie Hebdo ?) et, exceptionnelle mais plus grave, de ce que la science politique appelle la loi naturelle, c’est-à-dire des principes qui s’imposent à tous et partout et notamment un : on ne tue pas. Pas étonnant, dans ces conditions que l’incompréhension de la laïcité soit profonde. La situation est grave

L’élégance

Voilà bien un concept qui, sorti de son contexte de la mode et du luxe, peut paraître pour le moins désuet. S’il l’on prend l’exemple de la mode, il ne s’agit pas en effet de porter de beaux vêtements mais aussi de les porter naturellement avec légèreté et aisance. Le résultat en est fluidité et prestance. Dans notre verbiage actuel, et même si je ne sais pas trop si cela correspond bien, on dirait dans ce cas d’une personne qu’elle a la « classe » ou qu’elle fait « classe » même si souvent cela a un côté plutôt « flashy ». L’élégance ne se rapporte pas uniquement qu’à l’habillement. L

Dira-t-on du 11 janvier 2015 que c’est une journée qui a fait la France ?

La France est un pays révolutionnaire, c’est son mode de fonctionnement. Les grands conflits se débloquent dans un élan qui, un jour, catalyse les énergies entravées, les reformate et provoque un saut, pas seulement un sursaut. La prise de la Bastille, les barricades de 1830, celles de 1848 sont stylisées dans les gravures de nos livres d’histoire, elles sont la pointe événementielle d’un mouvement de fond qui a imposé l’égalité civile, refondé la hiérarchie sociale en distribuant les richesses de l’ordre conservateur du clergé puis déclassé un pouvoir inadapté à l’âge technique. L’histoire ne

Charlie : il nous manque des sémiologues pour comprendre

Les assassinats de Charlie et de l'hyper de Vincennes, faisant suite à d’autres, perpétrés par de jeunes français, ne peuvent pas s’expliquer, je pense, par des considérations uniquement sociologiques. C’est, beaucoup plus fondamentalement, le problème de nos cultures qui est posé. Ce qui dépasse largement le cadre français. C’est notre monde de consommation d’instantanéité et d’images qui est en cause. Dans ce monde qui ne sait plus symboliser, dans ce monde où manque le temps du recul et de la réflexion, où tout se vit au premier degré, les gens les plus fragiles, notamment des jeunes