Cohésion sociale

Et si l’on écoutait un peu plus « la France des terrasses et des barbecues » !

C’était comme une évidence : Thierry Keller, co-fondateur d’Usbek et Rika, le « média du futur », qui (c’est ainsi qu’il le décrit) « tient la chronique des bouleversements de notre temps, avec une méthode prospective et un état d’esprit : vigilance et optimisme » ne pouvait pas ne pas être un jour l’invité des Vigilants, dont « l’optimisme » est l’une des valeurs dominantes clairement affichée. La sortie de son dernier livre « Entre déclin et grandeur. Regard des Français sur leur pays » co-écrit avec Arnaud Zegierman (fondateur de l’institut Viavoice) nous a fourni l’occasion d’échanger avec

Un Monde Habitable ?

Après Glasgow, les experts ont indiqué que sur la lancée actuelle la température de notre planète augmenterait en moyenne de 2,7 degrés d’ici 2100 et que l’habitabilité du monde n’est plus garantie. Certes, les experts peuvent se tromper mais constatons que depuis les années 60 leurs prévisions ont été exactes. Certes, une découverte majeure dans la prochaine décennies (énergie par fusion de l’hydrogène ?) accélérant la décarbonation n’est pas impossible mais elle est peu probable. Pour les Politiques, le comportement rationnel serait de prendre les experts au sérieux mais il n‘est pas assuré

Foule, idées communes et autorité

Jacques Blamont souhaitait intituler l’un de ses derniers livres, consacré à l’intelligence collective à l’heure des réseaux sociaux, Je suis la foule. L’éditeur préféra un plus sage Réseaux ! La qualité de l’ouvrage [1] était intacte mais il me semble que Blamont capturait dans ces quatre mots la force d’une révolution qui, de technologique, est devenue anthropologique et politique. Cette foule-internet a autant de puissance et de force transformatrice que la foule-démocratie portée par l’égalité jadis observée par Tocqueville. Une différence est que l’information y circule immédiatement ; c

Les 100 ans d’Edgard Morin : pensée complexe ou pensée collective ?

Parmi le florilège des productions saluant les cent ans du sociologue Edgard Morin, saluons le remarquable documentaire diffusé sur la chaine Arte, Edgar Morin, Journal d’une vie. Il décrit notamment l’intuition d’Edgar Morin, résumée par la formule de la pensée complexe, qu’on ne comprend la complexité du monde qu’en combinant les approches et en mélangeant les expériences, les expertises, les disciplines scientifiques. Il montre un patriarche très tonique, qui se laisse pourtant aller à un instant d'amertume : il a été fêté par les politiques, mais ni compris, ni utilisé. L’auteur, Jean

Islam et valeurs républicaines : comment apaiser les tensions ?

« L'Islam est en crise ». C'est ainsi que Ghaleb Bencheikh introduit le débat organisé par le Club des Vigilants le 21 avril 2021. Président de la Fondation de l'Islam de France, président de la branche française de la Conférence Mondiale des Religions pour la paix, Ghaleb Bencheikh nous parle en toute franchise et fait preuve d'une grande érudition non seulement à propos de l'histoire de sa religion, mais également de celle des autres religions monothéistes. Il nous rappelle l'apogée civilisationnelle de l'Islam jusqu'au XVe siècle suivie d'une profonde léthargie et d'un réveil douloureux au

Crise de la jeunesse, quelques sujets qui fâchent.

La jeunesse paie un lourd tribut à la pandémie qui, là comme ailleurs, révèle des problèmes qui la précédaient. La classe politique s’en empare pour une inévitable polarisation. Concours de déploration face aux témoignages de détresse et dyptique partisan se mettent en place avec précision : prêt remboursable à taux zéro (un endettement immoral pour les uns), contre RSA à 18 ans (une culture d’assistanat pour les autres), on est en terrain connu. L’idéologie est le carburant du capital politique, elle résout rarement les difficultés. Alors descendons d’un cran pour voir quelques sujets, très

Sommes-nous aveuglés par les Lumières... et la laïcité ?

« Nous ne comprenons pas ce qui nous arrive ». Ainsi débute la tribune de Jacob Rogozinski publiée dans le Monde du 12 novembre, avec laquelle il ouvre ce webinaire consacré à la laïcité. Il évoque ainsi les déferlements de colère, voire de haine dans le monde arabe après l'intervention d'Emmanuel Macron défendant les caricatures. Il rappelle d'emblée qu'il est lui-même descendant d'immigrés juif polonais, marié à une catholique et que ses enfants fréquentent l'école laïque. Ce professeur de philosophie, qui a beaucoup travaillé sur l'incitation à la haine et a récemment publié « Djihadisme

Pour agir… soyons abstraits

La crise de la pandémie s’entremêle avec d’autres. Les bases tremblent. Le sentiment de subir nous submerge, l’analyse se brouille, l’action, toujours méritoire, patine. Il y a des tendances lourdes, il faut changer la donne. Première tendance : le renversement de la perspective de Tocqueville, c’est-à-dire l’évolution tendancielle vers la démocratie et la fine lame égalisatrice du système électoral, « un Homme, une voix ». La démocratie occidentale est en compétition avec les oligarchies et les démocraties autoritaires qui réussissent dans la mondialisation, il fallait s’y attendre. La

Peut-on réellement « conforter les principes républicains » par la loi ?

Dès 2003, Bernard Stasi, président d'une commission chargée par Jacques Chirac de réfléchir et faire des propositions sur l'application du principe de laïcité dans la République, énonçait ce constat : « Les fondements du pacte social sont sapés par un repli communautaire plus subi que voulu au sein de quartiers relégués, par la menace qui pèse sur les libertés individuelles et par le développement de discriminations fondées sur le sexe ou les origines ». Cette commission avait alors proposé la rédaction d'une loi loi sur la laïcité, qui précisait l'interdiction, à l'école, des signes religieux

Le "coup de gueule" du philosophe André Comte-Sponville sur l'après-confinement

André Comte-Sponville est un philosophe rationaliste, disciple de Spinoza, auteur prolifique notamment sur l'éthique et la morale. Lors d'une interview sur France Inter, il s'est récemment étonné de l'affolement collectif qui a saisi nos concitoyens à propos de la pandémie actuelle, rappelant que « la mort fait partie de la vie », appelant à « ne pas faire de la santé la valeur suprême de nos existences ». Selon lui on assiste à un renversement complet des valeurs de nos civilisations « où l'on considérait, à l'inverse, que la santé n'était qu'un moyen, alors certes particulièrement précieux