Citoyenneté

De Bruxelles à Rangoun

Le Canada n’a pas éclaté. Le Québec n’a pas fait sécession. De référendum en référendum, anglophones et francophones finissent par se réconcilier . Sans doute en ira-t-il de même en Belgique bien que les francophones répugnent à apprendre le néerlandais.   Le maintien d’une identité nationale commune à des ethnies, des langues ou des religions diverses ne va pas de soi. C’est un test vital pour la démocratie . On s’en apercevra bientôt en Ukraine car l’Ukraine comme la Belgique est coupée en deux avec une capitale, Kiev, qui, comme Bruxelles, fait le lien entre deux communautés.  Qui dit

De la démocratie

Malgré leurs errements, les États Unis restent une vraie démocratie. Outre l'incroyable mouvement de balancier qui s'opère en ce moment sur la question des libertés publiques, la totale indifférence que manifeste le pouvoir judiciaire aux pressions du microcosme est une grande leçon alors que la justice française frémit encore d'avoir osé poser des questions à Jacques Chirac. Je ne souhaite pas particulièrement que l'ancien président aille en prison (je ne le souhaite à personne) mais l'impunité française est parfois difficile à accepter. L'arrogante prestation d'Alain Juppé à Bordeaux suite à

Parlez-moi d’amour !

Comme la plupart des citoyens dans la plupart des démocraties, les Français ont envie « d’autre chose ». Avec Sarkozy, ils ont choisi de rompre avec l’immobilisme. C’est un premier pas, un passage obligé. S’il est bien franchi, on ne pourra que s’en réjouir. Restera à définir « l’autre chose ». Le Parti Socialiste en est aujourd’hui incapable mais ses échecs l’obligent à une remise en cause et la quête française d’un « socialisme nouveau » méritera d’être observée. La première manche va se jouer, dans les mois qui viennent, entre les tenants de la « social démocratie » (qui savent ce qu’ils

De bouche allemande à oreilles chinoises

Le succès mondial du film « La vie des autres » montre que, même si la conception des droits de l’Homme peut varier d’une culture à l’autre, le besoin de liberté n’en est pas moins universel. C’est une leçon politique plus précieuse que bien des ouvrages savants. Pour ceux qui n’auraient pas vu le film, rappelons que l’histoire se déroule en Allemagne de l’Est où la police politique, la Stasi, était toute puissante. Comme par hasard, « La vie des autres » n’a pas (encore ?) trouvé de distributeur en Chine mais les DVD piratés se propagent et suscitent des discussions passionnées sur nombre de

Lettre ouverte à Madame la Ministre de l’Intérieur

Dans une autre vie, plus précisément en l’année 1962, je fus le commissaire de police d’Oullins, dans la banlieue de Lyon, ville considérée comme difficile à l’époque et qui l’est peut-être toujours aujourd’hui. Or, à l’occasion de la dernière campagne présidentielle ont ressurgi ces notions de prévention et de police de proximité que nos politiques ressortent pour cacher leur impuissance à rétablir la République dans les quelques quartiers qu’ils ont laissé se transformer en ghettos religieux ou communautaires. Pire, un rapport décrivant une situation d’antagonisme violent entre la police et

Banlieues : crise de la cité

La banlieue est, historiquement en France, l’endroit où l’on était mis au ban, à une lieue de la ville. Or, ce qui fait l’esprit de la ville, selon Jacques Donzelot, spécialiste reconnu de la ville contemporaine, c’est le lien entre l’ouvert et le fermé. Ce qui le ruine, c’est le déséquilibre entre les flux et les lieux : quand les flux s’imposent au détriment des lieux comme avec la périurbanisation ; quand les lieux s’imposent au détriment des flux comme avec la relégation. Qu’en est-il de nos banlieues ? Aujourd’hui, hélas, la réalité rejoint le sens étymologique du terme, dans notre pays

L’avenir d’une élection

L’avenir d’une élection est toujours prévisible… à posteriori. Le choc de 2002, comme la participation record au premier tour de 2007 peuvent s’expliquer par le fait que les Français sont de plus en plus motivés à se prononcer sur la gestion politique… de leurs vies et enjeux quotidiens. Ce phénomène qu’on pourrait taxer un peu rapidement de montée de l’individualisme est en train de définir la clé de la nouvelle citoyenneté. Une étude sur l’évolution des mentalités des Français datant de 2005 montrait que ceux-ci appréhendent de la même manière ce qu’ils vivent dans leur quartier, dans leur

Europe : violence juvénile

Les Berlinois ont découvert que la délinquance juvénile en réunion a augmenté dans la capitale allemande de plus de 5% en 2006. Plus grave, le recours à des armes a fait un bond de 31%. De leur côté, les Britanniques savent qu'une bonne partie des terroristes impliqués dans les attentats de Londres sont de jeunes citoyens anglais nés en Grande Bretagne mais issus de l'immigration. Et la récente explosion de violence à la gare du nord à Paris rappelle aux Français les émeutes de 2005. Les politiques de l'immigration en Allemagne, en Angleterre et en France sont inspirées par des paradigmes

Où sont les visionnaires-négociateurs ?

Nous faisons tous comme si l’échéance présidentielle était capitale pour notre avenir et en même temps nous sommes certains que la politique a de moins en moins de prise sur nos destinées personnelles. Comment expliquer ce paradoxe si l’on veut dépasser les explications faciles de la schizophrénie française ou de l’intoxication médiatique ? Il me semble que ce qui nous pousse à tant investir dans l’élection présidentielle, c’est notre espoir (jusqu’ici toujours déçu) qu’un(e) président(e) peut inverser le cours des choses et rendre sa force à la politique. Nous avons encore en mémoire les mots

Vers quel genre de démocratie allons-nous ?

Nous ne sommes déjà plus dans une démocratie d’opinion. Jusqu’aux années 70 en France, une large majorité des gens avaient des opinions politiques relativement tranchées et fixes. Ils avaient tendance à se rattacher ou à s’opposer à des catégories, des collectivités, des camps. Ils avaient été républicains, orléanistes ou légitimistes. Ils se sentaient appartenir à la classe ouvrière, à la bourgeoisie, ils se sentaient communistes, bon Français, catholiques ou antisémites… Ils étaient de droite ou de gauche ou d’extrême gauche. Il en va tout autrement aujourd’hui. Les Français interviewés par