Chine

De Tchernobyl au Sichuan

En 1986, la catastrophe de Tchernobyl a souligné l’incompétence des autorités soviétiques et contribué à la chute du régime. Cette année, le tremblement de terre du Sichuan semble montrer, à l’inverse, que les autorités chinoises savent faire preuve de réactivité. Au lieu de désinformer l’opinion, elles ont encouragé les médias à couvrir l’évènement sans rien cacher de sa gravité. Un élan populaire en a résulté. Les bonnes volontés et les dons se sont multipliés. La cohésion nationale loin de se disloquer s’est renforcée. Il est prévu que, chauvinisme aidant, elle se renforce encore à l

Carrefour, un bouc émissaire temporaire

Au-delà des manifestations contre Carrefour, les conséquences sociales d’un ralentissement de l’expansion économique inquiète les autorités chinoises qui considèrent que le pays doit créer dix millions d’emplois nouveaux par an pour répondre à l’augmentation constante de la population urbaine. Or, pendant les cinq dernières années, chaque point de croissance du PIB a entraîné une création de l’ordre de 850 000 emplois nouveaux. Dès lors, une croissance inférieure à 11% pèse sur le chômage et une croissance de 8% est qualifiée de récession.  Alors qu’un ralentissement sensible était attendu

Le fardeau de l’homme Han

Les Européens ont la mémoire courte. Ils reprochent aux Chinois de faire actuellement au Tibet ce qu’eux-mêmes ont fait pendant des siècles sur tous les continents. Peut-être les Chinois feront-ils preuve de repentance dans une centaine d’années. En attendant, ils emploient les mêmes arguments que les Européens employaient naguère pour justifier le colonialisme. A les croire, ils apportent la modernité, le bien-être, des hôpitaux et des écoles dans un Tibet féodal où les paysans étaient des serfs à la disposition des moines. C’est en quelque sorte une mission civilisatrice. Le fardeau de l

Vers un rapprochement sino-russe

Deng Xiaoping détestait et même méprisait Mikhaïl Gorbatchev. Il était convaincu que la « Glasnost » (plus de libertés politiques) allait gâcher la « Perestroïka » (plus de libertés économiques) et que le tout aboutirait à une débandade du parti communiste. Lui-même avait fait donner la troupe contre les manifestants de Tian’anmen et pensait que le capitalisme pouvait parfaitement s’accommoder d’un régime autoritaire. De toute façon, la démocratie, selon lui, devait commencer par être "consultative". Hu Jintao, son lointain successeur, reste fidèle à la ligne tout en cherchant à l’adapter. Son

Casse tête chinois

Malgré la capacité des autorités chinoises à manier les masses, le rythme de la croissance économique commence à poser problème. Les dilemmes s’accumulent comme, par exemple, celui de l’exode rural. S’il est favorisé, il y aura un goulot d’étranglement dans les capacités de construction urbaine ; s’il est freiné, le coût de la main d’œuvre industrielle se mettra à grimper.

De bouche allemande à oreilles chinoises

Le succès mondial du film « La vie des autres » montre que, même si la conception des droits de l’Homme peut varier d’une culture à l’autre, le besoin de liberté n’en est pas moins universel. C’est une leçon politique plus précieuse que bien des ouvrages savants. Pour ceux qui n’auraient pas vu le film, rappelons que l’histoire se déroule en Allemagne de l’Est où la police politique, la Stasi, était toute puissante. Comme par hasard, « La vie des autres » n’a pas (encore ?) trouvé de distributeur en Chine mais les DVD piratés se propagent et suscitent des discussions passionnées sur nombre de

De Trotski à Guizot

Avant d’être assassiné dans son exil mexicain, Trotski a consacré son intelligence à déceler les failles du système stalinien. Il a notamment souligné que les hiérarques du régime jouissaient d’avantages matériels considérables qu’ils ne pouvaient légalement transmettre à leurs enfants. Il en déduisait que, faute d’un idéal vraiment communiste qui réduirait les privilèges, le rétablissement de la propriété privée finirait par s’imposer. La chute de l’URSS s’est produite avant que sa prédiction put s’y réaliser. Le PC chinois, lui, est allé au bout de la logique. La propriété a désormais droit

Chine : le vert et le noir

Prise de conscience ou hypocrisie ? Voilà, dit un correspondant chinois, une façon bien occidentale de s’interroger. Au pays du yin et du yang, la vie se charge d’harmoniser les contraires, le mouvement se prouve en marchant. Mieux vaudrait pourtant savoir vers quoi marche la Chine, vers quoi elle entraîne le monde. Yin, le programme économique défini par le Premier ministre Wen Jiabao qui souligne la nécessité du développement durable et les dangers d’une croissance effrénée. Yang, le rythme continu de cette même croissance. Yin, la ville nouvelle qui, aux environs de Pékin, sera montrée aux

Chinois gourmands mais pas pressés

Deux chiffres méritent d’être rapprochés. En 2006, l’ensemble des fusions et acquisitions en Europe a mobilisé environ 1.500 milliards de dollars. A la même époque, les réserves de change accumulées par la Banque Nationale de Chine ont franchi le seuil des 1.000 milliards de dollars. Si elle l’avait voulu, la Banque de Chine aurait donc pu acheter les 2/3 de toutes les entreprises qui ont été vendues en Europe. On calcule de la même façon, que le montant des réserves chinoises correspond à peu près à la capitalisation boursière des trois principales firmes américaines : Exxon Mobil, General

L’Histoire passe, la Géographie reste

Stratèges et économistes d’aujourd’hui découvrent que l’Allemagne est au centre de l’Europe. Quelle découverte ! Elle l’était déjà en 1913. Des ambitions démesurées, deux guerres mondiales et des millions de morts n’ont pas, fondamentalement, changé la géographie. L’Allemagne retrouve ses marques. Comme avant 1914, elle construit des pipelines en Russie et investit en Tchéquie. La Deutsche Bahn fait rayonner ses trains à l’Ouest comme à l’Est. L’Union Européenne ressemble à un « zollverein » élargi. De même pour la Chine. On redécouvre aujourd’hui que « l’Empire du Milieu » est au centre le l