Voilà bien un concept qui, sorti de son contexte de la mode et du luxe, peut paraître pour le moins désuet. S’il l’on prend l’exemple de la mode, il ne s’agit pas en effet de porter de beaux vêtements mais aussi de les porter naturellement avec légèreté et aisance. Le résultat en est fluidité et prestance.
Dans notre verbiage actuel, et même si je ne sais pas trop si cela correspond bien, on dirait dans ce cas d’une personne qu’elle a la « classe » ou qu’elle fait « classe » même si souvent cela a un côté plutôt « flashy ».
L’élégance ne se rapporte pas uniquement qu’à l’habillement. L’élégance peut aussi caractériser de nombreux domaines comme l’Art, les Sciences ou le Comportement d’une personne ou d’un groupe de personnes, car elle tient à l’esthétique des choses, à une idée qu’on se fait du beau et de la perfection. Elle est un état volontaire. L’élégance n’est donc pas uniquement défini par le quoi mais aussi par le comment, il s’agit à la fois d’appréhender le fond et la forme.
Alors, dans notre monde médiatisé de provocations et de surenchères, un monde dominé par l’outrance et la démesure, je me demandais si, pour assainir la situation générale, il ne fallait faire revivre ce concept démodé d’Elégance. Un monde où le Beau primerait sur le Vulgaire, le Respect sur l’Invective et où toute chose et chacun essayerait de se présenter sur son meilleur aspect, sans en faire trop, afin que le paraître corresponde enfin à l’Etre intérieur, un monde d’Utopie où l’habit ferait le moine.
Et puis voilà que l’actualité nous brûle les pieds avec une suite d’évènements difficilement imaginables, difficilement acceptables.
Voilà que le peuple français réagit, tout d’abord sur le net, qui diffuse l’information et les réactions plus vite que l’éclair, puis dans l’ensemble du pays.
Voilà que dans un consensus silencieux la nation toute entière se lève et se soulève indignée, pour une marche digne et respectueuse, bercée d’applaudissements et de Marseillaise susurrées, avec à la main des impressions en blanc sur noir du désormais célèbre «Je suis Charlie».
Voilà que les Français réunis marchent, pas en foule délirante et hurlante, ceux qui sont sortis ce dimanche-là ne sont pas les hurleurs habituels, mais en masse ordonnée, sereine et pleinement décidée.
Voilà qu’ils marchent, seuls ou en famille, dans la capitale, dans les villes et dans l’ensemble des villages de France, pour porter haut ce message au Monde et à l’ensemble de nos dirigeants « ce n’est plus acceptable, nous sommes là, nous ne nous tairons plus » et relever la tête.
Nul heurt, nul problème malgré la multitude, alors si je cherchais encore un exemple d’Elégance, je l’avais devant moi et autour de moi, ce dimanche 11 janvier 2015, le jour où la France a compté plus de Vigilants que le Club des vigilants n’en comptera jamais.
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