
Depuis son investiture, Donald Trump ne cesse de multiplier les décisions radicales dans de nombreux domaines. Si l’annonce de certains décrets a été très largement médiatisée, notamment dans le secteur de l’économie (ex : augmentation des droits de douane), de l’environnement (ex : augmentation de la production de pétrole et de gaz) ou encore de la politique (ex : état d’urgence à la frontière mexicaine), d’autres mesures sont en revanche passées inaperçues, mais elles s’avèrent tout aussi préoccupantes. C’est le cas des menaces qui pèsent sur le milieu de la recherche scientifique, auquel s’attaque l’administration de Trump, avec un certain acharnement qui pourrait engendrer des conséquences dramatiques.
Outre la réduction des budgets alloués à la recherche et le nombre important de licenciements touchant prioritairement les jeunes chercheurs, la suppression de pages web sur des sites d’agences fédérales (8000 selon le New York Times) laisse entrevoir une tendance manifeste à la purge. Cette suppression serait le résultat d’une véritable censure, fondée sur des termes aujourd’hui interdits dans la recherche : les mots « équité », « inégalité », « diversité » sont ainsi dans la ligne de mire de l’administration Trump, cherchant à « fabriquer de l’ignorance » en occultant certains sujets de société, notamment les questions renvoyant au climat, aux minorités, au rapport homme/femme.
Les réactions à ces mesures sont contradictoires : d’une part, on assiste à un effet de sidération et à une tendance à l’autocensure des différents acteurs du milieu scientifique ; mais d’autre part, certains chercheurs semblent avoir anticipé l’attaque ciblée, en organisant une sauvegarde extérieure aux modalités habituelles, inaugurant ainsi une résistance souterraine.
Le 7 mars prochain sera organisée aux Etats-Unis une journée de mobilisation "Stand up for science", qui devrait être également suivie dans le monde entier. En effet, cette purge motivée officiellement par des raisons économiques (il serait naïf de croire que la motivation se limite à ces conditions matérielles), risque d'avoir des conséquences au-delà des frontières américaines. Dans la mesure où les Etats-Unis dominent la recherche scientifique à l'échelle mondiale, les bouleversements engendrés par la politique de Trump vont avoir des répercussions sur les partenariats engagés avec d'autres laboratoire du monde entier, et sur les programmes internationaux financés jusque-là par les américains.
"Le monde est dangereux à vivre, non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire". Ces propos d'Einstein trouvent un écho tout particulier dans cette période troublée. L'enjeu est là, pour le monde à venir.
Pour plus de renseignements :
France Culture : Données scientifiques effacées : résister à la censure de Trump (avec le sociologue Michel Dubois)
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-transition-de-la-se...

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